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Fromages

Trois bleus de caractère s’unissent pour parler d’eux

Mutualiser les moyens pour mieux se faire connaître, tel est l’objectif de l’union entre les trois AOP fourme de Montbrison, bleu de Gex haut-Jura et bleu du Vercors-Sassenage. Explications sur ce mariage entre trois fromages.

Trois bleus de caractère s’unissent pour parler d’eux

Les trois AOP bleu du Vercors-Sassenage, fourme de Montbrison et bleu de Gex Haut-Jura ont de toute évidence plusieurs points communs. Tout d'abord leur localisation en Auvergne-Rhône-Alpes sur des sites naturels exceptionnels à plus de 700 mètres d'altitude. Ensuite, leur statut d'AOP attestant d'une fabrication qui répond à un cahier des charges très strict : aire géographique délimitée, alimentation des vaches, savoir-faire traditionnel, production artisanale et contrôles qualité. Un statut qui les place dans le cercle fermé des 45 fromages classés AOP en France. Enfin, troisième point commun : une douceur et une vraie personnalité dans le goût, en nuances subtiles de bleu.
Avec de petits moyens financiers, ces trois AOP viennent de concrétiser leur idée de se rassembler autour d'une cause forte : « défendre le goût authentique du terroir et des fromages fabriqués artisanalement par des producteurs aussi indépendants qu'intransigeants sur la qualité ». Ainsi, pour marquer leur territoire, les trois AOP ont mis en œuvre, ensemble, une stratégie de communication intégrant différents supports à destination des crémiers-fromagers dans un premier temps, et du grand public dans un second temps. L'objectif est de mieux faire connaître et apprécier leur personnalité en se rapprochant notamment des crémiers-fromagers, dernier maillon de la chaîne avant le consommateur. Des actions qui ont été diffusées dès la fin de l'année 2018.

Mieux les connaître

Le bleu de Gex Haut-Jura, appelé également bleu de Septmoncel, est produit sur les plateaux du Parc naturel régional du Haut-Jura (50 producteurs de lait, 4 fromageries, 498 tonnes). Il naît et s'affine (21 jours minimum) entre l'Ain et le Jura à plus de 800 m d'altitude, à la limite de la frontière suisse. Historiquement, il est le premier fromage au lait cru de vache à avoir obtenu la protection juridique au tribunal de Nantua en 1935. Son origine remonte au XIIIe siècle et sa recette est issue des techniques de fabrication fromagères des moines de l'Abbaye de Saint-Claude, le principe du « persillage » ayant été importé par les migrants dauphinois. Le bleu de Gex haut-Jura, lui, se caractérise par une fine croûte blanche à jaune renfermant une pâte souple de couleur ivoire, délicatement marbrée de veines vert-bleu pâle. Il est réputé pour son goût doux et crémeux très riche, évoquant le lait des pâturages. Les connaisseurs retrouvent des notes légèrement vanillées, épicées, mêlées de champignons et d'une pointe d'amertume.
Quant au bleu du Vercors-Sassenage, il est produit au cœur du Parc naturel régional du Vercors, à plus de 800 mètres d'altitude, sur une zone de moyenne montagne réputée pour la richesse de sa flore aux valeurs nutritives reconnues. En 1945, après la guerre, seule une laiterie à Villard-de-Lans continuait à fabriquer le fromage. À partir de 1993, les producteurs de lait se sont fédérés pour demander la reconnaissance en AOC. Dans le même temps, neuf agriculteurs décidèrent de redonner ses lettres de noblesse au bleu du Vercors-Sassenage en relançant sa fabrication à la ferme... avec succès ! Le bleu du Vercors-Sassenage est reconnaissable par sa croûte avec une fleur fine blanche à gris-bleu pouvant être marquée d'un marbrage orangé, une pâte ivoire parsemée de petites taches de bleu gris clair, un goût crémeux et beurré agrémenté d'une touche subtile de noisette et de sous-bois. 382 tonnes de bleu du Vercors-Sassenage sont produites chaque année par une fromagerie avec 60 producteurs de lait, et 9 producteurs fermiers.
Quant à la fourme de Montbrison, elle a vu le jour dans les monts du Forez, à plus de 700 mètres d'altitude entre la Loire et le Puy-de-Dôme. Elle tire ses origines de très loin puisque la légende dit que Jules César lui-même en aurait mangé. Elle était traditionnellement élaborée par les femmes et les enfants - les hommes étant occupés aux champs - à plus de 1 200 mètres dans les jasseries, ces constructions locales typiques qui servaient d'étable, d'atelier de fabrication et d'habitation. La fourme de Montbrison tire son goût spécifique de la flore des prairies du Haut-Forez et des plateaux des Hautes Chaumes qui donne au lait ce parfum unique. Elle se caractérise par une croûte orangée due à l'égouttage sur des chéneaux en bois d'épicéa. Le salage est réalisé dans la masse, ce qui est inhabituel pour une pâte persillée. On retient également ses saveurs fines et parfumées et un goût de laitage fruité avec une légère note de noisette. Chaque année, 565 tonnes de fourme sont produites par quatre fromageries, représentant 70 producteurs de lait. 
L. G.F.
Ces trois AOP sont à retrouver sur www.bleusdecaractere.fr