Depuis 1968, la société belge Trotec recycle des coproduits alimentaires d'origine végétale en matières premières, pour l'industrie des aliments composés pour animaux. En 1980, l'entreprise arriva en France. Après Rennes (en Ille-et-Vilaine), Mâcon (Saône-et-Loire) et Pithiviers (Loiret), c'est à Albon, au nord du département de la Drôme, que Trotec a décidé de construire sa deuxième unité de production française. En plein cœur de la Vallée du Rhône et à proximité de l'autoroute A7. Un choix stratégique visant à se développer davantage dans l'Hexagone. « Trotec souhaite en effet être proche de ses fournisseurs et des producteurs de produits alimentaires. La distance est un facteur important pour réduire les émissions de CO2 », indique notamment Krist Forrez, l'un des responsables de l'entreprise dans un communiqué. Trotec est en tout cas aujourd'hui le leader européen sur ce marché.

Économie et développement durable

Lors de la production, les fabricants de l'industrie agroalimentaire se retrouvent inévitablement avec des coproduits : des biscuits mal emballés, d'autres à la forme imparfaite, etc. Des « déchets », non-commercialisables et initialement destinés à être détruits, que valorise par la suite Trotec en leur donnant une seconde vie. Ceux-ci seront en effet transformés en ingrédients entrant dans la composition d'aliments pour animaux et vendus à des acteurs de l'alimentation animale. Le tout, grâce à des équipements techniques de pointe développés au sein même de l'entreprise. Parmi eux, un processus de séchage qui garantit un produit fini stable tant sur les plans microbiologique, physique et chimique. Tout au long du processus, l'entreprise veille à la traçabilité totale de ses produits.
A terme, près de 77 000 tonnes de coproduits d'origine végétale issus de l'industrie agroalimentaire - et tout en privilégiant les circuits courts - approvisionneront cette unité de transformation. Et 55 000 tonnes de produits finis y seront élaborés. Par ailleurs, les emballages des produits recyclés se voient eux aussi offrir une deuxième vie. A titre d'exemple, l'aluminium des œufs de Pâques peut être recyclé en composant de profilés d'aluminium destinés au secteur de la construction.

L'appui des pouvoirs publics

Cette implantation a été encouragée par les pouvoirs publics. La société Trotec s'est ainsi vue dotée d'aides conséquentes de l'État (à hauteur de 210 000 euros), de la Région Rhône-Alpes (130 000 euros) ainsi que du Département de la Drôme (dans le cadre de son dispositif de soutien aux industries agroalimentaires, à hauteur de 100 000 euros). La communauté de communes Porte de DrômArdèche, qui gère le parc d'activités Nord-Drôme Ardèche (Panda), a quant à elle accompagné Trotec tout au long de ses démarches administratives et joué un rôle de facilitateur entre toutes les parties. Ses services ont également procédé aux aménagements de la zone, correspondants aux besoins et souhaits de la société. Ce soutien n'est pas anodin. Cette nouvelle implantation devrait en effet créer entre 30 et 35 nouveaux emplois. Les recrutements ont d'ailleurs débuté. L'entreprise cherche actuellement des mécaniciens ainsi que des techniciens et électriciens. Le montant de l'investissement s'élève, quant à lui, à 20 millions d'euros. Les bâtiments seront livrés à la fin de l'année. Sigrid Pauwelyn, PDG de l'entreprise, espère pouvoir démarrer la production mi-février 2016

Une entreprise récompensée

En Belgique, cette nouvelle unité de production a par ailleurs été distinguée par Business France. Cette structure, née de la fusion en janvier dernier de l'agence française pour le développement international des entreprises Ubifrance et de l'Agence française pour les investissements internationaux (Afii), a en effet remis, avec l'ambassade de France en Belgique, le prix du meilleur investissement belge en France. La cérémonie s'est déroulée le 16 septembre dernier à l'Académie royale de Belgique à Bruxelles et onze entreprises avaient été nominées. Ce prix vise à récompenser les entreprises belges ayant fait confiance à la France en y ayant investi de façon conséquente en 2014. Il faut dire que les échanges économiques entre les deux pays restent dynamiques, l'Hexagone étant en effet le premier pays d'accueil des investissements créateurs d'emplois réalisés à l'étranger par la Belgique. C'est dans ce contexte que la société Trotec s'est vue décerner le prix spécial du jury, visant à saluer spécifiquement sa nouvelle implantation en région Rhône-Alpes. 

Aurélien Tournier