Un agriculteur dans l'arbre de Noël

Jean-Denis Liottard est devenu agriculteur en 1987, en reprenant la ferme familiale à Saint-Jean-en-Royans. Dès la première année, il cultive des sapins de Noël (entre autres). Il faut dire qu'il est technicien forestier de formation et a travaillé dix ans durant à l'office national de la forêt (ONF), à Lente, avant de s'installer dans l'agriculture. Au début, « il a fallu se faire connaître », se souvient-il. Mais le temps lui a donné raison : cette activité arboricole a su trouver sa place.
Près de 50 % du chiffre d'affaires
« Je suis un petit pépiniériste, confie Jean-Denis Liottard. C'est une activité qui complète les autres. » Il n'empêche, il en tire près de la moitié de son chiffre d'affaires à présent. 2017 est toutefois sa dernière campagne car, âgé de 62 ans, il va prendre sa retraite le 31 décembre. Mais les sapins Liottard ne vont pas disparaître pour autant. Ses deux fils vont continuer à en produire, en complément de leur métier.
En production de sapins de Noël, le pic d'activité se situe entre la mi-novembre et la mi-décembre. C'est l'effervescence à l'approche des fêtes de fin d'année. Cependant cultiver des sapins est « un travail de toute l'année », fait remarquer Jean-Denis Liottard. Il installe les jeunes plants dans sa pépinière en avril, à une densité de 10 000 à l'hectare. En 2018, celle-ci sera abaissée à 7 500, en raison de la mécanisation de certaines interventions (réalisées avec un mini-tracteur). Depuis toujours, il s'approvisionne en jeunes plants dans le Morvan (première région en pépinière d'arbres de Noël). Ces dernières campagnes, il en a planté 3 000 annuellement. La retraite approchant, il a un peu levé le pied. Mais « le maximum que j'ai planté, c'est plus de 4 500 », précise-t-il avant d'ajouter : « Ce sont des "deux plus un". » Explication : chez son fournisseur, les jeunes sapins sont repiqués deux ans après leur semis et y restent encore une campagne. Ils ont donc trois ans et mesurent 30 à 40 centimètres de haut lorsqu'ils arrivent dans la pépinière de Jean-Denis Liottard.
Un travail sur l'année
Après la plantation, différentes tâches se succèdent : binages (mécaniques et manuels), taille, correction de forme, arrosage... Depuis quelques années, « du fait de sécheresses et fortes chaleurs, l'irrigation est indispensable, constate l'agriculteur. J'ai une autorisation pour puiser de l'eau dans la rivière et arrose au canon ou avec des cannes. En 2003, j'ai subi de grosses pertes. Cette année, même en arrosant, j'en ai eu un peu (20 % dans les sapins Nordmann). S'ajoutent des dégâts de chevreuils, qui sont friands des jeunes bourgeons de sapins. Mais aussi des dégâts de cerfs, qui frottent leurs bois contre les troncs et, ainsi, les écorcent. Ils les rendent invendables et peuvent même provoquer leur mort ».
En été, Jean-Denis Liottard fait un inventaire des quantités disponibles par catégories de taille car les clients passent commande entre fin août et mi-septembre. Novembre est l'époque de la mise en pots d'épicéas (exclusivement) et, vers le 20, commence la coupe de grands arbres. Décembre est un mois d'activité intense avec les coupes, ventes et livraisons de sapins. Les arbres sont coupés au fur et à mesure, « c'est un gage de bonne tenue. »
2 300 arbres vendus en 2016
Jean-Denis Liottard a pour clients des coopératives agricoles, communes, associations de parents d'élèves, ainsi que des particuliers venant chercher leurs arbres de Noël directement à la ferme. En 2016, il en a vendu pas moins de 2 300 (moitié sapins Nordmann, moitié épicéas), huit sur dix en arbres coupés. Les tailles vont de 80 centimètres de haut à sept mètres. Les plus demandés sont ceux mesurant environ 1,50 mètre. La tendance actuelle observée par Jean-Denis Liottard « est à l'achat de sapins plus haut qu'avant ».
Annie Laurie
L'exploitation de Jean-Denis Liottard

- Autres productions : céréales (commercialisées via une coopérative), noix (vente à un grossiste), asperges (vente directe sur place).
- 17 hectares de prés loués pour la pâture.
- Une cinquantaine d'hectares de forêt (épicéas, frênes, merisiers, charmes...) que Jean-Denis Liottard aménage (plan simple de gestion). Il en tire quelques subsides en vendant du bois de chauffage et des piquets.
En savoir plus
Nordmann et épicéas :

Jean-Denis Liottard n'est pas confronté à des attaques de ravageurs. Il ne traite pas ses arbres mais leur apporte des fertilisants biologiques, des algues.Conseils pour l'achat d'arbres de Noël :
