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Financement participatif

Un appel entendu pour agrandir le cheptel

Voilà trois ans, l'EARL Les Cabrettes, implantée à La Motte-de-Galaure, a opté pour l'élevage de brebis allaitantes et la vente directe. Pour agrandir leur cheptel, les exploitants ont fait appel au grand public dans le cadre d'une campagne de financement participatif. Et ça a marché.

Un appel entendu  pour agrandir le cheptel

C'était en 2005. Rémy Estavil rejoignait alors l'exploitation familiale, implantée à La Motte-de-Galaure. « L'agriculture est un métier qui me plaît. Mes parents ne m'ont pas forcé, ils ne m'ont pas découragé non plus », indique-t-il volontiers. Afin de diversifier les revenus, il décide de mettre en place un élevage de chèvres laitières. Sauf que voilà, la rentabilité n'est au fil des années plus au rendez-vous. En 2013, l'exploitant se tourne alors vers l'élevage de brebis allaitantes - des romanes - et la valorisation. Un nouveau départ réussi : le produit plaît et la demande est au rendez-vous.

Le plaisir de la vente directe

L'exploitant propose ainsi des caissettes d'agneaux à la ferme, des tranches en barquettes, des gigots voire même des carcasses selon la demande. Un choix qui ne doit rien au hasard. « La crise laitière avait plombé notre trésorerie et nous avions envie de travailler. Cet élevage est par ailleurs assez proche des chèvres et du savoir-faire que l'on possédait auparavant. Il n'y avait pas, ou peu, d'investissements pour mettre les brebis dans les bâtiments. Enfin, personne ne produisait d'agneaux dans le coin », explique-t-il pour justifier ce nouveau départ.
Le tout, en vente directe. Un aspect que l'exploitant affectionne particulièrement. Rémy Estavil est par exemple présent le premier dimanche de chaque mois sur le marché de La Motte-de-Galaure. Il participe également à ceux organisés par le réseau Bienvenue à la ferme ou ceux de la communauté de communes Porte de DrômArdèche. Il adhère aussi au Panier fermier, au Creux de la Thine (Albon).

Les demandes affluent

« Nos clients sont surtout locaux et ça marche très bien. La vente directe, c'est exitant, motivant et super-intéressant », précise Rémy Estavil. À vrai dire, les demandes affluent. « Deux magasins de producteurs, l'un en Isère, l'autre dans le Rhône, m'ont encore récemment contacté. J'ai du refuser, je n'ai pas de quoi leurs fournir », souligne-t-il encore. Il n'a pour autant pas les moyens d'investir, malgré ses autres casquettes de bûcheron et d'élagueur qu'il endosse avec son frère. Son épouse, Rachel, a quant à elle gardé un emploi à l'extérieur, afin de pouvoir subvenir aux besoins de la famille.
« J'ai actuellement 80 mères dans le bâtiment mais la capacité est de 200, explique Rémy Estavil. L'idée est d'acheter 40 agnelles - de race blanche du massif central - afin de pouvoir satisfaire la demande. Je pourrai alors garder mes femelles romanes pour augmenter le troupeau. »

Afin d'acheter 40 agnelles BMC, et ainsi satisfaire la demande, l'exploitation a sollicité l'aide du grand public via une opération de financement participatif.

Une campagne de financement participatif

Pour pouvoir agrandir le cheptel, il vient de lancer une campagne de financement participatif. Un choix là encore mûrement réfléchi. L'exploitant a longuement discuté avec d'autres éleveurs. Des amis avaient également envie de l'aider. Et d'un autre côté, des banques de plus en plus frileuses... Objectif visé : 5 000 euros. Trois jours après son lancement, 37 % de la somme escomptée avait déjà été collectée (1 865 euros grâce à 31 contributeurs). « On se rend compte que les gens ont envie de nous aider. Cela fait plaisir de voir que ces derniers s'intéressent à notre travail. Nous avons un produit de qualité et des gens qui adhèrent au projet. La population est sensible à notre façon de travailler, on se dit qu'on est sur la bonne voie. L'agriculture, c'est tellement compliqué en ce moment », lâche notamment Rachel Estavil.
Cette campagne est également l'occasion pour Rémy Estavil d'expliquer son éthique de production. Par exemple, toute l'alimentation des animaux est produite sur la ferme. Bien que l'exploitation soit en conventionnel, il utilise des produits homéopathiques, notamment pour la mise bas. Des produits à base d'huiles essentielles le sont aussi pour soigner le troupeau. Depuis cet automne, Rémy Estavil plante également des arbres dans ses prairies. Il s'agit dans un premier temps de fournir de l'ombre aux animaux et d'augmenter également la production d'herbe sous les arbres. Des arbres fourragers permettent aussi de nourrir les bêtes.
La collecte est à présent terminée. Au total, 7 042 euros ont été récoltés grâce à 119 contributeurs. L'objectif étant dépassé, le surplus servira à acquérir une banque réfrigérée pour les marchés. « Celle-ci est pour le moment prêtée », confie Rémy Estavil. 
A. T.

 

REPÈRES
Rémy Estavil : CV express

2000 : Baccalauréat STAE (sciences et technologies de l'agronomie et de l'environnement), à Nandax (Loire).
2002 : BTS Agronomie productions végétale, au Legta de La Côte-Saint-André (Isère).
2002-2011 : salarié à Agrodia, à Pont-de-l'Isère. Il terminera responsable de dépôt.
2005 : installation sur la ferme familiale et création de l'atelier chèvres laitières.
2013 : création de l'atelier brebis allaitantes.
2017 : lancement d'une campagne de financement participatif pour agrandir le troupeau.