Un chasseur au service des chasseurs

« Redonner la nature vivante de l'animal, son corps, ses expressions », c'est ainsi que Dominique Prost qualifie son métier de taxidermiste. Un métier d'art qui, explique-t-il, « nécessite d'observer longuement les animaux dans leur habitat naturel et de posséder une très grande mémoire visuelle ». Pour lui, c'est aussi et avant tout une passion depuis qu'à l'âge de dix ans il a vu des trophées naturalisés dans une armurerie. « J'ai toujours voulu conserver les animaux intacts, dans leur nature,précise-t-il. A onze ans, j'ai bricolé un oiseau ».
Garder l'identité de l'animal
Le 1er septembre 1977, il choisit d'exercer pleinement cette activité hors norme, laissant ainsi son autre emploi de patronnier chez Charles Jourdan. En 2004, avec son épouse, il ouvre un gîte rural. Œuvrant dans le syndicat professionnel des naturalistes durant dix ans, il contribuera à faire reconnaître la taxidermie comme un métier à part entière, doté d'une formation de CAP et d'un brevet de maîtrise.
Chasseur, Dominique Prost aime se fondre dans la nature. Naturaliste, il aime observer et faire observer les animaux dans leur milieu. Tout cela est précieux pour exercer la taxidermie. Depuis dix ans, il est installé au moulin de Meymans, à Beauregard-Baret. C'est ici, durant la saison de la chasse, que viennent de cent kilomètres à la ronde les chasseurs en quête de trophées. « Je suis spécialisé dans les trophées grand gibier (sanglier, cerf, chevreuil, chamois, mouflon) depuis 1977. Je travaille aussi les oiseaux », précise-t-il, lui le passionné d'ornithologie. Lorsqu'un client arrive, une discussion s'engage. Elle porte sur l'histoire de l'animal (où et comment a-t-il été chassé?), sur le choix des attitudes à lui donner (sens de la tête, à l'écoute, aux aguets?). « Je n'accepte que les demandes qui correspondent à l'identité de l'animal », souligne Dominique Prost. Après la signature du bon de commande, son travail débute, étape par étape (voir encadré). Quelques mois plus tard, le client reviendra chercher son trophée, gage d'une certaine immortalité donnée à l'animal chassé.
Christophe Ledoux
La taxidermieCinq étapes essentielles
La taxidermie consiste à faire un corps artificiel habillé avec l'enveloppe de l'animal. Pour cela, cinq grandes étapes sont nécessaires :
- le dépeçage de la tête pour un trophée, voire de tout l'animal, dont les restes sont déposés dans un centre d'équarrissage.;
- le tannage de la peau dans des bains antiseptiques à base de produits naturels (sel de mer et alun de potasse);
- la reconstitution du corps artificiel avec un mannequin en mousse polyuréthane de base;
- le montage de la peau sur le mannequin.
- le maquillage de l'animal (à l'aide de pigments) est la dernière étape.
Les outils utilisés sont, entre autres, le bistouri, différents ciseaux (pince, courbes et plats, etc), le scalpel, l'alène (outil de cordonnerie), différentes aiguilles (courbes, triangulaires, etc).
Combien coûte un trophée ?
Chaque animal étant différent, Dominique Prost propose des tarifs forfaitaires. Pour un trophée, il faut compter pour un sanglier environ 450 à 500 euros, pour un chevreuil ou un chamois environ 260 à 290 euros.
C.L. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------