Un choix complet de produits frais et locaux en libre-service 24h/24
Accéder 24h/24 et 7j/7 à des produits frais de producteurs ou d’artisans locaux, c’est ce que propose depuis le 30 avril le magasin « Rendez-vous gourmands » à Granges-les-Beaumont.

« J’ai commencé la vente directe il y a 25 ans en bord de route avec une table de camping et un parasol rouge », se souvient Bernard Vossier, exploitant agricole, à la tête d’une EARL de 52 ha* à Granges-les-Beaumont. Le parasol s’est depuis mué en un stand de vente en bois et, tout récemment, en un espace hébergeant 450 casiers automatiques qui permettent d’accéder 24h/24 et 7j/7 à des produits frais et locaux. Bernard Vossier s’est associé à son fils et son neveu pour lancer la société « Rendez-vous gourmands » qui gère cet espace de vente d’un nouveau genre.
Des sorbets pour valoriser les écarts de tri
« Le GIE de Tain qui commercialisait l’essentiel de nos fruits a fermé après la saison 2017, raconte l’exploitant. Lorsque nous avons commencé à calibrer nous-mêmes pour vendre aux grossistes locaux, mon fils Geoffroy, pâtissier de formation, s’est lancé dans la fabrication de sorbets pour valoriser les écarts de tri ». Le jeune homme crée alors sa propre société et s’équipe d’un distributeur automatique pour vendre ses sorbets en pots individuels et conditionnements de 500 ou 750 ml. En 2020, il installe cette machine près du stand et des casiers de ses parents. « Avec mon épouse [salariée de l’exploitation, ndlr], nous avions commencé à investir dès 2019 dans des armoires avec casiers pour compléter les ventes du stand », précise Bernard Vossier. Le concept fonctionne. La crise Covid a en effet ramené les consommateurs vers les produits locaux et Geoffroy profite de cet élan. Ce qui n’est pas le cas de son cousin, Stephen Nobili, artisan pizzaiolo et gérant d’un restaurant sur Grenoble, qui subit, lui, la crise de plein fouet.
Le succès de la vente des fruits, légumes et sorbets en distributeurs donne l’envie à Bernard, Geoffroy et Stephen de voir plus grand, avec un magasin et une offre complète de produits. En dix-huit mois, ils vont autoconstruire et équiper le bâtiment de 270 m², propriété de l’EARL, juste en face du stand de Bernard et Pascale Vossier. L’emplacement est idéal, en bordure de la départementale 532 qui relie Tain à Romans et comptabilise 12 à 14 000 passages par jour avec des pics en période estivale. Ils vont aussi surmonter le parcours administratif complexe afin que cet espace automatisé de vente ouvert 24h/24 obtienne son classement ERP (établissement recevant du public) auprès de la commission de sécurité. L’investissement pour l’autoconstruction et les équipements (casiers, dispositifs de sécurité, etc.) est estimé à 500 000 euros.
Une vingtaine de producteurs et d’artisans
En plus des 450 casiers et du distributeur pour les glaces et sorbets, le magasin est équipé d’un distributeur de pizzas [cuisinées sur place par Stephen, ndlr], d’une armoire à boissons. Un boulanger et une fleuriste ont également installé leur propre distributeur automatique dont ils assurent l’approvisionnement. Le reste est géré par les associés et deux salariées, présentes en journée pour approvisionner les casiers. L’intégralité des paiements s’effectue par carte bancaire sur des bornes automatiques. Geoffroy et Stephen ont sélectionné une quinzaine de producteurs et cinq artisans qui complètent la gamme. À n’importe quelle heure du jour et de la nuit, il est possible de trouver également miel, ravioles, compote, vinaigre, pâtes, chocolat, soupes, viande et charcuterie, poulets fermiers, fromages, œufs, truites…
« Nous disposons de deux chambres froides. Les producteurs et artisans assurent la livraison de leurs produits et fixent leurs prix. Nous prenons une commission commerciale pour les frais de fonctionnement », explique Bernard Vossier.
La vente directe reste la motivation principale du projet. Le système de casiers offre cependant de la souplesse selon Bernard Vossier, qui estime que « certains producteurs n’en peuvent plus de passer un ou deux jours par semaine, en plus de leur exploitation, sur les marchés ou dans un magasin ». De mai à fin août, avec son épouse, ils maintiendront tout de même ouvert leur stand de fruits et légumes, « parce que, précise Pascale Vossier, certains clients préfèrent le contact direct et que nous proposons ainsi un travail à des jeunes de la région ».
Sophie Sabot
* Dont 15 ha en vignes, 22 ha de noix, 1,5 ha de légumes (tomates, courgettes, aubergines, poivrons, salades...) et fraises, 10 ha d’abricots, le reste en kiwis, cerises, pêches, pommes...
