Un dimanche à l’hippodrome

Les rayons de soleil qui ont percé le couvercle céleste grisonnant sont venus récompenser les fidèles des courses. À l'heure du déjeuner dominical, ils ont investi l'hippodrome de Vaulx-en-Velin, complexe moderne et agréable. Rénové en 2009, le Carré de Soie est l'un des deux champs de courses de l'agglomération lyonnaise avec celui de Parilly, tous deux gérés par la société des courses lyonnaises, association composée de passionnés de chevaux (propriétaires, éleveurs, cavaliers ou simples turfistes).
Ce n'était pas l'affluence des grands jours, ce dimanche. Plusieurs centaines de passionnés se sont déplacées sur le site facilement accessible en métro et englobé dans une vaste zone commerciale et de loisirs. « Sur les deux sites, nous retrouvons les habitués des courses auxquels s'ajoute un public urbain ici au Carré de Soie et des amoureux de la nature au parc de Parilly », analyse Jean-Claude Ravier, ancien cavalier amateur et président de l'association.
Attirer un nouveau public
Les rencontres les plus « courues » de la saison attirent au mieux 5 000 à 6 000 spectateurs, loin des 50 000 personnes qui s'étaient pressées à l'inauguration de l'hippodrome de Parilly au printemps 1965. Le monde hippique est en quête d'une seconde jeunesse. Pourtant, le public est ici extrêmement mixte, hommes et femmes de tous âges, seul ou en famille. Un aspect essentiel aux yeux des organisateurs qui cherchent à élargir leur base de recrutement. « Certains ont encore l'image des arrière-salles de café enfumées. L'hippodrome, ce n'est pas que le jeu, les paris, c'est aussi le contact avec l'animal et l'ambiance. Nous développons des services pour attirer un nouveau public familial : des brunchs, des visites guidées ou encore la possibilité de s'installer dans la voiture suiveuse. Nous allons renforcer notre présence sur les réseaux sociaux », confie le président.
Les trotteurs régionaux en évidence
Huit courses étaient au programme de cette rencontre PMH(*), exclusivement du trot, monté ou attelé. Si Lyon, carrefour facilement accessible, attire des participants des quatre coins du pays, la majorité des entraîneurs et drivers étaient dimanche des régionaux. « Nous sommes une des places fortes de l'élevage de trotteurs », remarque Jean-Claude Ravier, notamment le Forez. La plupart des drivers se sont formés sur le tas, sur leur propre piste d'entraînement. » Et ici au Carré de soie, ils trouvent un terrain de jeu idéal. La qualité de la piste est réputée être l'une des meilleures du pays. L'humidité des derniers jours n'y change rien « C'est une piste en pouzzolane, de la poussière volcanique qui draine très bien », notent les spécialistes.
Quelques faux départs viendront traduire la nervosité des montures et faire naître une légère impatience dans le public, vite gommée par l'émotion de la course. Globalement, les favoris ne se sont pas laissés surprendre. Chaque finish a donné lieu à son lot de réactions, cris de victoire ou jurons pour les joueurs malchanceux. Dans les coulisses, les juges ont scruté d'éventuelles irrégularités et les chevaux ont dû se soumettre à un contrôle antidopage. « Nous sommes l'un des sports les plus contrôlés », assure Jean-Claude Ravier. C'est aussi comme cela que le monde des courses valorisera son image.
D. B.
(*) PMH : Pari mutuel hippodrome. Contrairement au PMU, les paris sont autorisés uniquement sur l'hippodrome où se déroule la course.
PMU : la filière cheval financée par les parieurs
C'est en 1930 que les différentes sociétés de courses créent le PMU, afin d’enregistrer les paris sur les courses dans des lieux en dehors des hippodromes. Le PMU, comme son nom l’indique, est basé sur le pari mutuel. Cela signifie que les parieurs jouent les uns contre les autres et les sommes jouées sont partagées entre les gagnants. En pari mutuel, l'opérateur des paris n'a pas d'intérêt financier aux résultats des courses. Il est totalement neutre. Les enjeux sont répartis entre les gagnants selon des règles définies à l'avance qui assurent une égalité entre les parieurs.
600 000 gagnants par jour
L’offre de paris sur les courses du PMU s’est diversifiée tout au long de son histoire. Il s’agissait à l’origine de parier sur le vainqueur, voire sur le duo de tête. Progressivement, le tiercé fait son apparition, puis viennent les notions d’ordre et de désordre. Finalement, le PMU propose aujourd’hui un panel de paris hippiques adapté à tous types de parieurs. Il commercialise des paris sur les courses hippiques, en points de vente, sur internet, sur les hippodromes, par téléphone ou via la télévision interactive. En 2015, son activité a représenté 9,8 milliards d’enjeux en baisse de 1,8 %. Au cours de l’année, le PMU a distribué près de 7,4 milliards d’euros aux parieurs sous forme de gains, soit un taux de retour de 75 % et près de 600 000 gagnants chaque jour.
Pour accompagner la mutation du monde des paris, le PMU devient un groupement d’intérêt économique (GIE) en 1985, rassemblant actuellement 57 sociétés de courses, dont les deux sociétés mères : France Galop pour les courses de plat et d’obstacle et la Société d’encouragement à l’élevage du cheval français pour les courses au trot.