Un dispositif pour vider les bigs bags plus vite et en toute sécurité

Il aime à dire qu'il vient de mettre « un coup de pied dans la fourmilière ». « Le sac big bag est un standard mondial depuis les années 1970. La problématique de la sécurité aurait pu être réglée plus tôt », indique Manuel de Calmès. À 22 ans, ce jeune homme vient de lancer la commercialisation du « Cronobag », un dispositif de vidange automatique et sécurisée des sacs bigs bags pour le monde agricole. Une innovation qui remporte aujourd'hui un franc succès. Fin septembre, la solution était distinguée lors des Trophées de l'entreprise, dans la catégorie « innovation technologique », organisés par la communauté d'agglomération Valence Romans Sud Rhône-Alpes. Dernièrement, c'est lors du sommet de l'élevage, qui se déroulait à Clermont-Ferrand, que le « Cronobag » a remporté un sommet d'or, pour son confort d'utilisation, sa sécurité et la rapidité d'exécution.
La sécurité avant tout
Concrètement, cet outil - fabriqué en acier inoxydable 316 l et acier XC 60 - se fixe sur les grilles de trémies des semoirs pneumatiques et des épandeurs à engrais, avec peu ou pas de modification nécessaire. Une fois installé, l'opérateur positionne le big bag au-dessus du Cronobag avec son outil de levage. La pointe de l'outil amorce la déchirure du sac. D'ordinaire, les lames dentées sont ceinturées par une tôle cintrée, empêchant ainsi tout contact avec l'utilisateur. Mais dès qu'une force de 100 kilogrammes est exercée, la sécurité s'efface et dégage les lames, permettant la vidange. Il faut alors relever le sac. La vitesse de la vidange dépend de la vitesse de levage du sac, mais un gain de temps est constaté. « Le temps de vidange est habituellement estimé à sept ou huit minutes. Avec ce dispositif, nous sommes à une minute », souligne Manuel de Calmès. L'outil ne pèse par ailleurs que douze kilogrammes, facilitant ainsi son nettoyage ou encore ses déplacements. Son prix unitaire est de 2 500 euros HT.
Six ans de développement
Ce produit a nécessité six ans de développement et près de 40 000 euros d'investissements en ingénierie. « Je me suis fait peur à plusieurs reprises. J'ai notamment failli être écrasé par un sac big bag au moment de décharger son contenu en Irlande alors que j'avais 17 ans », raconte le jeune homme. L'idée était là : ne plus avoir à stationner sous la charge ou encore être en contact avec les matériaux vidangés. « Dans le milieu de l'agriculture, la sécurité n'est pas forcément un problème en plus mais peut être considérée comme une perte de temps. La sécurité est quelque chose qu'on enlève pour ne pas être embêté. La culture du risque est importante. Tout le monde étant chef d'entreprise, on connaît les risques et les machines. Il fallait traiter le problème à la source », poursuit le jeune homme.
De belles perspectives
Ce produit a été développé en parallèle de ses études (bac professionnel dans le domaine de l'élevage en 2012, première année de BTSA « génie des équipements agricoles ») et de ses expériences professionnelles en mécanique. Mais c'est en février dernier qu'il a décidé de créer sa société, aujourd'hui implantée à Saint-Paul-lès-Romans. Pour l'heure, la jeune pousse surfe sur ses récentes distinctions et les commandes qui en découlent. Lors des prochaines semaines, Manuel de Calmès devra d'ailleurs assembler une quinzaine de nouvelles machines. Les pièces, quant à elles, sont principalement fabriquées en France mais aussi en Europe. Il procédera également aux livraisons et aux installations. Et ce, dans tout l'Hexagone.
Un budget, de 15 000 euros environ, a par ailleurs été alloué afin de promouvoir la société et le Cronobag. Il faut dire que le marché du sac big bag est important. Il représente un tiers en Allemagne, 50 % en France et 100 % du marché au Royaume-Uni. Mais d'autres produits pourraient prochainement voir le jour, les fermes environnantes étant pour le jeune homme une formidable source d'inspiration et des terrains de tests. « Notre force, c'est la proximité. Tout le monde y gagne », précise-t-il. Le Cronobag est amené à évoluer et pourrait aussi concerner les semences, le BTP (bâtiment et des travaux publics) ainsi que l'industrie.
L'entrepreneur cherche également à louer de nouveaux locaux, pour y installer notamment son bureau d'études, et envisage également de recruter plusieurs profils polyvalents d'ici les prochaines semaines, dont un commercial.
Aurélien Tournier