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Installation

Un forum pour s'informer avant de s'installer

150 élèves en formations agricoles dans la Drôme sont venus se renseigner lors du forum installation. La relève est en préparation.
Un forum pour s'informer avant de s'installer

Le 7 mars, l'amphithéâtre du lycée Le Valentin à Bourg-lès-Valence était bien rempli. Pas moins de 150 élèves et apprentis des MFR de Divajeu et d'Anneyron, CFPPA de Die et du Valentin et lycées du Val de Drôme et du Valentin ont participé au forum installation. En formation BPREA*, Bac techno ou BTS, ils ont pu s'informer sur les démarches d'installation en agriculture. La journée, organisée par les Jeunes Agriculteurs de la Drôme en partenariat avec le Point accueil installation situé à la chambre d'agriculture, a mêlé exposé, témoignages et stands.

Une DJA revalorisée

Le Point accueil installation (PAI), « c'est la porte d'entrée du parcours d'installation, a expliqué son conseiller, Christophe Delay. Pour les porteurs de projet, ce lieu permet de s'informer, d'être conseillé et orienté gratuitement. » L'accent a été mis sur les aides possibles au moment de s'installer, notamment la dotation jeune agriculteur (DJA) dont la nouvelle grille devrait être effective d'ici l'été. De plus, et c'est une nouveauté, un complément de DJA sera versé en fonction des investissements prévus dans le projet (voir tableau).
Pour bénéficier de ces dispositifs, des conditions sont à respecter comme l'âge (de 18 à 39 ans) et la capacité professionnelle (formation minimum de niveau IV, c'est-à-dire Bac pro ou équivalent tel le BPREA). Cette capacité est évaluée dans le cadre d'un plan de professionnalisation personnalisé (PPP). Ainsi, le porteur de projet peut être amené à compléter ses connaissances et compétences par des stages, des formations courtes... S'ajoute l'obligation de participer au stage collectif « 21 heures ». « Avec le candidat à l'installation, il s'agit de faire un point global de sa situation, d'inventorier les démarches et points de vigilance, de l'inciter à prendre de la distance », a indiqué le conseiller.

 

Une feuille de route sur quatre ans

Une fois cette étape validée, est élaboré un plan d'entreprise (PE). Réalisé avec un conseiller de la chambre d'agriculture, il s'agit d'une étude destinée à démontrer la viabilité du projet d'installation. L'appréciation se fait sur la base d'un revenu minimum à atteindre au bout de quatre ans d'installation. Son montant correspond à un Smic, soit environ 13 800 euros en 2017 pour une installation à titre principal (la moitié pour une installation à titre secondaire). A noter, la DJA ne sera pas octroyée si le revenu prévisionnel dépasse trois fois cette somme.
Le versement d'un soutien financier à l'installation s'accompagne d'engagements. Ainsi, le porteur de projet devra s'installer dans les vingt-quatre mois suivant la validation de son plan et au plus tard neuf mois après la décision d'octroi des aides. « Il faut rester agriculteur pendant quatre ans, tenir une comptabilité de gestion et mettre en œuvre le projet défini dans le PE, a ajouté Christophe Delay. Il faut aussi que l'exploitation soit aux normes et en conformité avec les équipements. »

Un parcours sur huit mois

Chaque année dans la Drôme, une soixantaine de jeunes franchissent avec succès toutes les étapes de ce parcours à l'installation. Outre la DJA, ils bénéficient d'autres aides : 2 500 euros maximum pour la réalisation du plan d'entreprise, 1 500 pour le suivi post-installation. Ces accompagnements sont ainsi subventionnés à 80 % des dépenses hors taxe. L'évaluation des compétences est quant à elle prise en charge intégralement.
De prime abord, les démarches à engager peuvent sembler fastidieuses et longues. « Entre le premier rendez-vous au Point accueil installation et la décision de versement des aides par la commission départementale d'orientation agricole (CDOA), il faut compter au moins huit mois », a souligné Christophe Delay. Un temps pour bien mûrir son projet et bénéficier d'un accompagnement.

Christophe Ledoux

* BPREA : brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole.

Dotation jeune agriculteur (DJA) /

Une nouvelle grille en projet

Zone de plaine : 12 000 euros minimum ;
Zone défavorisée : 16 000 euros minimum ;
Zone de montagne : 24 000 euros minimum.
Ces montants sont en cours de validation. De plus, s'applique une modulation selon divers critères : installation hors cadre familial (+ 15 %) ; création d'emploi (salarié ou non) ou de valeur ajoutée (+ 20 %) ; mise en œuvre de système d'agroécologie comme la labellisation bio, la certification « haute valeur environnementale », l'autonomie fourragère... (+ 20 %) ; installation dite « difficile » (+ 10 %).

 

Nouveauté /

Un complément de DJA


Un complément de DJA sera versé en fonction des investissements prévus dans le projet, sur quatre ans, reprise comprise. Les montants indiqués ci-dessous sont en cours de validation.
Montant des investissements                   Zone de plaine                           Zones défavorisée et de montagne
De 100 000 à 150 000 €                               5 000 €                                        8 000 €
De 150 000 à 200 000 €                               7 500 €                                      11 500 €
De 200 000 à 250 000 €                             10 000 €                                      15 000 €
De 250 000 à 300 000 €                             12 500 €                                      18 500 €
Supérieurs à 300 000 €                              15 000 €                                      22 000 €

 

En savoir plus /

L'installation progressive

A côté des installations aidées à titre principal et secondaire, existe la possibilité de l'installation progressive. Ce dispositif, assujetti aux mêmes règles qu'une installation classique, permet au porteur de projet de conserver une activité extérieure plus rémunératrice que l'activité d'exploitant agricole pendant les trois premières années d'installation. Le jeune installé bénéficie de l'intégralité de la DJA avec un versement plus étalé. L'exploitation doit cependant atteindre des objectifs de revenu minimum agricole par rapport aux autres revenus : la moitié en deuxième année et la totalité en quatrième année (soit environ 13 800 euros en 2017). Ainsi, la majorité du revenu de l'exploitant doit provenir de l'exploitation au bout de quatre ans.

 

Témoignages / Plusieurs jeunes exploitants sont venus raconter leur installation et répondre aux questions des participants au forum installation.

Le vécu de jeunes exploitants

Lors du forum installation, face aux élèves, Dimitri Agrain (Saint-Vincent-de-la-Commanderie), Jean-Baptiste Combet (Alixan) et Thierry Magnon (Saoû) ont chacun expliqué leur parcours et le fonctionnement de leur exploitation.
© journal L'Agriculture Drômoise
Après un exposé sur le parcours à l'installation (lire ci-....), les élèves et apprentis ont pu rencontrer plusieurs jeunes agriculteurs. Ceux-ci ont expliqué le fonctionnement de leur exploitation. Trois groupes avaient été constitués : élevage, arboriculture et viticulture, grandes cultures et maraîchage. Dans ce dernier groupe, Dimitri Agrain, agriculteur à Saint-Vincent-de-la-Commanderie, s'est exprimé le premier. « Trouver du foncier a été le plus difficile », a-t-il expliqué. Installé en grandes cultures, hors cadre familial et sans DJA, il a débuté son activité tout en conservant un emploi salarié. Malgré la création d'une activité d'achat-revente de fourrage, son exploitation de 20 hectares n'atteint pas encore la viabilité économique.
Des années difficiles
Hors cadre familial installé avec la DJA en 2004 à Alixan, Jean-Baptiste Combet a raconté l'évolution de son exploitation de grandes cultures, qui compte aujourd'hui 140 hectares (dont 15 en propriété). Il a fait part des difficultés liées à la chute des cours des céréales. « Avant 2012, je sortais un salaire, a-t-il confié. Depuis, c'est 300 euros par mois. » Des contrats pour produire du tournesol semence et du soja pour l'alimentation humaine lui apportent cependant une garantie de prix. Interrogé sur les marges de progression possibles, « j'essaie de développer les cultures de semences, a-t-il répondu. Mais ce n'est pas évident car mon parcellaire ne me permet pas toujours de répondre aux contraintes d'isolement et de rotations. »
Les élèves ont pu dialoguer avec des agriculteurs récemment installés.

© journal L'Agriculture Drômoise
« Ca ne va pas tout seul »
Thierry Magnon, lui, a repris la ferme familiale en 2009, à Saoû. « Je me suis installé sans la DJA car je voulais savoir si mon projet était viable », a-t-il indiqué. Faisant principalement du maraîchage sous tunnels (1 900 m2) et en plein champ (2,5 ha), il a développé la vente directe à la ferme, sur des marchés (quatre par semaine) et des foires (dans la Loire et la Savoie). « Ca marche bien, a-t-il dit aux jeunes. Mais ça ne va pas tout seul. D'avril à septembre, je travaille de 4 heures du matin à 21 heures. » Ayant dû faire face à la concurrence d'un producteur bio, il prévoit d'engager la conversion de son activité maraîchage en septembre.
C. L.

Pour compléter l'information des élèves et futurs candidats à l'installation, plusieurs organisations agricoles (chambre d'agriculture, MSA, CERFrance, Safer, Service de remplacement, Cuma...) étaient réunies lors du forum.

Pour compléter l'information des élèves et futurs candidats à l'installation, plusieurs organisations agricoles (chambre d'agriculture, MSA, CERFrance, Safer, Service de remplacement, Cuma...) étaient réunies lors du forum.Pour compléter l'information des élèves et futurs candidats à l'installation, plusieurs organisations agricoles (chambre d'agriculture, MSA, CERFrance, Safer, Service de remplacement, Cuma...) étaient réunies lors du forum.© journal L'Agriculture Drômoise