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Rencontre

Un forum pour s'informer sur l'installation

Des élèves en formation ont pu se renseigner sur le parcours installation et les aides possibles lors du forum organisé par Jeunes Agriculteurs de la Drôme.
Un forum pour s'informer sur l'installation

A l'initiative des Jeunes Agriculteurs, un forum installation s'est tenu le 7 février au lycée agricole du Valentin à Bourg-lès-Valence. Au programme de la matinée : présentation du parcours et des aides à l'installation, opportunités de production en plantes à parfum, aromatiques et médicinales et témoignages d'agriculteurs récemment installés. L'après-midi, les participants ont pu compléter leur information sur les stands d'organisations professionnelles accompagnant les candidats à l'installation.

Le PAI, porte d'entrée du parcours

« Le parcours à l'installation est obligatoire pour obtenir l'aide nationale à l'installation et réalisable seulement après passage au Point accueil installation (PAI), » a rappelé François Arnaud-Miramont lors de ce forum. Il est conseiller au sein de ce PAI, qui est géré par la chambre d'agriculture et dont le rôle est d'informer sur les démarches à accomplir pour s'installer, les organismes à contacter, les aides pour tout projet d'installation. En 2018, le PAI a rencontré 290 personnes.

François Arnaud-Miramont, conseiller à la chambre d'agriculture, a présenté le parcours et les aides à l'installation.

Des obligations

Des conditions sont à remplir pour être éligible à l'aide nationale à l'installation, la dotation jeune agriculteur (DJA) : avoir entre 18 et 39 ans (à la date de dépôt de la demande), détenir la capacité professionnelle (diplôme agricole de niveau IV minimum), suivre le parcours à l'installation. Ce parcours comporte notamment un plan de professionnalisation personnalisé (PPP), destiné entre autres à compléter ses connaissances et compétences si besoin (avec des stages, formations courtes)... Et un stage collectif dit « 21 heures » est obligatoire.

Des changements

Concernant le PPP, plusieurs modifications ont été introduites cette année. Une participation aux frais de 140 euros est demandée (montant auparavant pris en charge par Vivea*). Et Vivea ne finance plus que des formations intégrées dans le PPP pour porteurs de projet agricole. De plus, la durée maximale pour se former est de trois ans. Et, autre nouveauté, un deuxième PPP n'est réalisable qu'à titre exceptionnel. Le parcours repose aussi sur une étude de faisabilité globale (dont un plan d'entreprise, un PE), qui doit démontrer la viabilité du projet d'installation (revenu disponible sur l'exploitation supérieur à un Smic net en année 4).

DJA et engagements

La DJA est versée en deux fois (80 % à l'installation et 20 % la cinquième année). Elle est de minimum 12 000 euros en zone de plaine, 16 000 en zone défavorisée et 24 000 en zone de montagne. S'ajoute une majoration en fonction de différents critères : installation hors cadre familial (+ 15 %), création d'emploi (salarié ou non) ou de valeur ajoutée (+ 20 %), agroécologie (+ 20 %), installation difficile (+ 10 %), en fonction des montants des investissements (d'au moins 100 000 euros) prévus dans les quatre ans.
Côté engagements, le bénéficiaire de la DJA doit s'installer dans les 24 mois après la validation du PPP et dans les neuf mois suivant la décision d'octroi des aides. Il doit rester agriculteur et tenir une comptabilité de gestion pendant quatre ans, mettre en œuvre son projet conformément au PE. Des avenants doivent être faits en cas de modifications...

Autres soutiens

Pour les installés avec DJA, d'autres aides peuvent venir en complément : abattement fiscal sur le revenu agricole pendant cinq ans, dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti, réduction des droits de mutation lors de l'achat de foncier ou de bâti. La Région apporte une aide à la trésorerie de démarrage des exploitations : 1 000 euros pour une installation dans le cadre familial et 5 000 en dehors de ce cadre.
D'autres soutiens ne sont pas liés à une demande de DJA. C'est le cas des aides accordées par la Région pour une étude de faisabilité globale avant installation et un suivi post-installation (réalisés par un prestataire agréé). Pour ceux demandant les aides bâtiments du PCAE(2) : le taux de subvention est majoré et l'obtention de points supplémentaires élève la note de sélection du projet, donc lui donne plus de chance de se voir attribuer une aide. En plus, tous les nouveaux installés à titre principal avant l'âge de 40 ans bénéficient d'abattements sur les cotisations sociales.
François Arnaud-Miramont a signalé d'autres soutiens comme les prêts d'honneur, le financement participatif. Mais aussi l'existence du « stage test », destiné à faciliter la reprise d'une exploitation ou une association sur une exploitation pour installation hors cadre familial. Un stage d'une durée de trois à douze mois, avec un statut de stagiaire de la formation professionnelle, une possibilité de suivi par la chambre d'agriculture et de financement par la Région ou Pôle emploi.
Le PAI est basé à la chambre d'agriculture à Bourg-lès-Valence (téléphone : 04 75 82 40 00 ; courriel : [email protected]). Des sessions collectives d'information y ont lieu, de même qu'à Cléon-d'Andran, Die et Nyons. Elles abordent le parcours installation avec ou sans DJA sur les aspects réglementaires, juridiques, fiscaux, sociaux et les possibilités d'accompagnement.

Annie Laurie

* Vivea : fonds de formation des exploitants agricoles.

 

Les Ppam, une filière en plein essor

Aurore Magnon et Cédric Yvin, conseillers à la chambre d'agriculture de la Drôme.
Au forum installation, deux conseillers de la chambre d'agriculture de la Drôme, Cédric Yvin et Aurore Magnon, ont présenté une filière actuellement porteuse : les plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam). « Cette filière est en plein essor », a souligné le premier. Elle se développe dans la Drôme et ailleurs : 53 200 hectares en France en 2016, soit 40 % de plus qu'en 2010 ; 120 espèces cultivées, 180 plantes sauvages de cueillette et plus de 1 500 produits proposés avec les différentes parties utilisées.
La filière est très structurée : organismes techniques, de développement, de formation, économiques, interprofession, syndicats... Près de 20 % de production était bio en 2016, contre moins de 5 % en 2001. C'est même 26 % en lavande et 24 en lavandin. Ces cultures nécessitent du matériel spécifique, pour le binage, le broyage (des couverts végétaux entre les rangs), la récolte, la distillation...
Les débouchés sont eux aussi très variés (en circuits courts et longs). Côté revenu, Cédric Yvin a pris l'exemple du lavandin conventionnel pour l'huile essentielle : une marge nette de 1 600 euros à l'hectare en moyenne sur dix ans, une fois le temps de travail du producteur rémunéré. Quant à la production de plants sains certifiés, elle, « est une une filière jeune, structurée, en pleine expansion, avec un potentiel d'avenir intéressant », a indiqué Aurore Magnon.
A. L.

 

Echanges / A ce forum, des jeunes agriculteurs récemment installés ont expliqué leurs premiers pas dans le métier et donné des conseils.
Le forum, c'est aussi du vécu
Au forum de l'installation, pendant les témoignages : Benjamin Fanget, Léa Lauzier, Emilie Froget, Justin Roussin (jeune viticulteur à Tulette) et Julien Follut.
Au forum installation, des jeunes agriculteurs ont témoigné de leur expérience. Emilie Froget et Benjamin Fanget, installés en EARL (lui, à temps partiel) à Saint Avit depuis juin 2017, pratiquent le maraîchage en vente directe. Sans la DJA en raison des contraintes d'un revenu à atteindre en année 4 et des avenants, ont-ils dit. « Je suis satisfait d'être agriculteur car c'est une passion, a confié le jeune homme. Je voulais d'abord être ouvrier. Mais ça s'est fait très vite, un voisin voulait qu'on reprenne son exploitation. Je savais que le métier était difficile et je pense qu'il va devenir compliqué. Si on n'avait pas été deux, je pense que j'aurais arrêté. Il faut beaucoup de courage et être passionné. » Emilie a conseillé de bien réfléchir et préparer son projet.
Léa Lauzier, elle, s'est installée en 2016 (après un licenciement à l'amiable), en individuel à Châteauneuf-du-Rhône (régime du micro-bénéfice agricole et cotisant solidaire). Elle n'a pas non plus demandé la DJA car, « étant en zone de plaine, je me suis dit que les bénéfices ne valaient pas plus que les contraintes ». Elle a acheté 1 000 m2 de terre à son père et possède 500 m2 de serres pour produire des plants de Ppam (thym, lavandin). « Pour moi, a-t-elle signalé, l'agriculture est une passion. Je connaissais les enjeux et suis satisfaite de mon choix. » Ses conseils : bien mûrir son projet, avoir une grande capacité d'anticipation, essayer de se dégager du temps, aller voir ce qui se fait ailleurs...
Julien Follut a repris l'exploitation d'un oncle en 2018 à Saint-Thomas-en-Royans, en zone défavorisée (noix, grandes cultures). « Je suis heureux d'être agriculteur, j'adore ce métier. Mais je n'aurais pas pu m'installer sans la DJA (45 000 euros) », a-t-il confié. Les noix AOP constituant 80 % de son activité, il a décidé de se lancer dans l'élevage de volailles (deux bâtiments) au cas où la filière nucicole deviendrait moins porteuse. Il veut aussi créer une entreprise de prestation de services. Ses conseils : oser, prendre des risques mais en calculant.
Dimitri Agrain (grandes cultures), Henry Vignon (grandes cultures, volailles) et Yann Permingeat(grandes cultures, semences, volailles)ont également témoigné de leurs débuts dans l'agriculture.
A ce forum installation, ont aussi témoigné Justin Roussin, Dimitri Agrain, Henry Vignon et Yann Permingeat.
A. L.