Un grand jour pour la Drômoise de céréales

Le 8 décembre, la coopérative Drômoise de céréales, la CDC a vécu un moment particulièrement fort, comme l'a dit son président, Christan Veyrier. Ce matin-là à Charpey, elle était réunie en assemblées générales ordinaire et extraordinaire pour entériner ou non le projet de fusion avec la coopérative Terres dioises. Et elle l'a fait. Mais avant, le directeur, Christophe Pelletier, a livré les résultats du dernier exercice écoulé (clos le 30 juin).
En 2015-2016, la collecte de céréales de la CDC (111 000 tonnes) a progressé de 12 %, surtout grâce aux orges (+ 22 %). En colza (4 900 t), elle a été amputée de 20 % du fait d'un manque d'eau. Les cultures de printemps, elles, ont enregistré une baisse de surfaces (- 5 %) liée à la « concurrence » de la production de semences et souffert de l'été caniculaire et sec. La collecte a reculé de 20 % en maïs (125 700 t), 38 % en sorgho (8 400 t) et 16 % en tournesol (6 500 t). Seul le soja (2 800 t) a tiré son épingle du jeu : surface doublée, rendements rattrapés en fin de cycle, collecte en hausse de 125 %. En bio, l'augmentation des surfaces (+ 7 %) a fait progresser la collecte (12 100 t). Néanmoins, totalisant près de 274 000 tonnes, la collecte globale s'est rétractée de près de 9 %.
Un choix stratégique
La coopérative a commercialisé près de 248 000 tonnes en 2015-2016, dont 12 000 de production biologique ou en conversion. Ce volume est en retrait de près de 20 %. Il est la conséquence de la baisse de collecte après la récolte record de 2014 mais pas seulement. Il résulte aussi d'un choix stratégique de la CDC engagé dès la sortie de l'hiver, celui d'augmenter son stock de report, du fait de débouchés limités et prix faibles (production mondiale excédentaire). Cela, dans l'idée de profiter de la remontée des cours en fin de campagne.
Apporter une juste rémunération
Au fil des ans, les débouchés locaux (alimentation animale, meunerie...) s'étriquent. La CDC a été amenée à développer ses ventes à l'export. Pour la récolte 2015, la part d'export s'est toutefois réduite. Point positif, l'Ucab maintient un bon régime de fabrication et permet d'écouler un quart de la collecte. En blé, les ventes auprès de la meunerie du Sud-Est reculent (fermeture de moulins, concurrence interrégionale). Sur le marché intérieur du maïs, grâce à l'absence de mycotoxines, des créneaux perdus en 2014 ont été retrouvés. Sur les débouchés méditerranéens, la concurrence ukraine, roumaine et bulgare a été rude. Concernant le bio, « son avenir est assuré à condition que le coût de la transformation soit très proche de celui du conventionnel pour apporter une juste rémunération aux producteurs », a observé Christophe Pelletier.
Un résultat excédentaire
Impacté par le recul de collecte et la stratégie de report de stock, le chiffre d'affaires 2015-2016 de la CDC (près de 56 millions d'euros) a accusé une baisse de près de 12 % qui, corrigée de la variation des stocks, peut être ramenée à - 7,5 %. Les investissements, eux, ont principalement concerné le silo portuaire du Pouzin (nouveau séchoir et 14 000 t de capacité de stockage en plus) et le silo de Mureils (construction d'une cellule supplémentaire de 5 500 t, rénovation de la manutention). Des investissements assez importants et une politique d'amortissement très rapide, sont « la marque de fabrique de notre entreprise », a noté Christophe Pelletier. « Il nous importe d'amortir rapidement pour que le poids ne pèse pas trop sur les agriculteurs dans le futur », a ajouté le président. Finalement, la CDC a clos son exercice 2015-2016 avec un excédent de presque 942 000 euros (1,1 million la campagne précédente). « Notre volonté est de faire vivre au maximum les exploitations de nos adhérents », a encore confié Christian Veyrier.
Annie Laurie
A la CDC en 2016
- Colza : surface en baisse de 7 à 8 % sur 2015, rendements exceptionnels (moyenne de 35 à 40 quintaux à l'hectare).- Pois protéagineux : surface en hausse suite aux modifications de la Pac (culture comptant pour les SIE* et prime recouplée). Rendements exceptionnels (40 q de moyenne).
- Céréales à paille : surface en progression de 10 % en blé tendre, 25 % en blé dur et 5 % en orge (en raison de conditions de semis favorables et rendements 2015 décevants en maïs). Rendement moyen de 65 à 70 q en blé tendre et blé dur, 60 à 65 en orge.
- Tournesol : 11 % de surface en moins. Très bons rendements (35 à 40 q en irrigué, moyenne proche de 25 en sec).
- Soja : surface encore en hausse. Rendements plutôt bons en conventionnel (37 q en moyenne en productions sous contrat), plus décevants en bio (30 à 35 en irrigué, soit 15 à 20 % de moins qu'en 2015).
- Sorgho : surface en baisse de 20 %. Rendements très bons (autour de 70 q en sec et 90 en irrigué).
- Maïs : 13 % de surface en moins. Rendements très hétérogènes, en moyenne supérieurs de 5 % à ceux de 2015.
- En bio : 1 475 ha de blé tendre (rendement moyen de 24 q), 347 d'orge (22 q), 625 de maïs (63 q), 295 de tournesol (20 q) et 730 de soja (25,5 q).* SIE : surfaces d'intérêt écologique.
Fusion / Le projet d'absorption de Terres dioises par la Drômoise de céréales vient d'être approuvé, ce début décembre.La CDC et Terres dioises mariées

La motivation de cette décision est d'ordre économique. Les deux coopératives développaient des activités identiques, leurs zones d'influence se recoupaient partiellement et se complétaient. A présent, elles mettent tout en commun. Terres dioises dépose dans la corbeille de la mariée près de 270 000 euros de capital social. De ce fait, celui de la CDC passe à près de 2, 9 millions d'euros (un peu plus de 2,6 millions auparavant).Une motivation économique
L'idée de cette évolution est, à court terme, d'optimiser les moyens existants. A moyen et long terme, elle vise à « apporter une capacité d'action renforcée et surtout une stratégie économique performante au bénéfice des adhérents ». Le président de la CDC, Christian Veyrier, a assuré : « Notre mission, c'est de contribuer à améliorer durablement le revenu de tous nos adhérents ». Il a aussi salué l'investissement du président de Terres dioises, Didier Oddon, dans le projet de fusion. « Je vous remercie de votre confiance, a répondu celui-ci. Le dossier a rondement été mené. » Et de souhaiter que cette opération soit constructive, apporte du dynamisme dans le Diois. Pour Jean-Michel Cotte, élu du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes, « c'est un pas en avant qui va dans le bon sens ».A.L.Voir aussi notre article sur le projet de fusion des deux coopératives.