Un labo d'analyse de terre portatif

«L'intérêt de cet outil est manifeste. Nous sommes acquis, conquis et preneurs. » En visite au Salon de l'agriculture, le ministre camerounais ne cache pas son enthousiasme : il vient d'assister à une analyse de sol, réalisée en temps réel par le laboratoire portatif mis au point par le service de Recherche & Développement d'Arvalis-Institut du végétal. « Cet outil permet d'analyser des échantillons de sol au champ et d'obtenir les résultats immédiatement, explique Brigitte Mahaut, ingénieur et responsable du projet. Cela représente un gain de temps considérable pour l'agriculteur, qui n'a plus besoin d'effectuer des prélèvements et de les envoyer dans un laboratoire. Il obtient en quelques secondes des résultats et des informations précises, grâce auxquels il peut adapter la fertilisation de sa parcelle. »
Rayon infrarouge
Fonctionnant sur batterie, ce tout nouvel outil d'aide à la décision est constitué d'un calculateur, d'une sonde et d'un ordinateur portable (ou une tablette). Son utilisation est simple : il suffit de faire une carotte de sol avec une tarière, de poser la sonde sur l'échantillon et de déclencher le rayon infrarouge qui va permettre de déterminer la composition chimique de la terre. Le capteur de la sonde récupère les informations et les transmet au calculateur qui les compare à une gigantesque base de données, constituée de plusieurs centaines d'échantillons de sols prélevés un peu partout en France, spécifiquement dans des régions de grandes cultures. « Nous avons référencé plus de mille échantillons en trois ans, en différentes saisons, selon différentes caractéristiques de sols, indique Brigitte Mahaut. Nos ordinateurs ont ensuite mouliné toutes ces données pour mettre au point un modèle mathématique permettant de calculer une dizaine de paramètres nécessaires pour déterminer la fertilisation d'une parcelle. » La machine mesure instantanément aussi bien la teneur en phosphore, qu'en potassium, en azote ou en carbone.
Dix paramètres mesurés
À raison de quatre carottes par mètre carré, la machine permet de réaliser une cartographie précise de la fertilité au sein de la parcelle, indication précieuse pour déterminer les quantités d'engrais à apporter d'un point à un autre. Et donc ne pas utiliser plus d'intrants que nécessaire. Pour l'instant, les analyses délivrées ne sont pas couplées à de la préconisation. Mais ça ne saurait tarder, à en croire Brigitte Mahaut.
La commercialisation de ce laboratoire nomade est prévue d'ici le mois de juin. En raison de son coût élevé (64 000 euros), il devrait plutôt être acquis par des structures collectives, de type coopératif. Cela étant, Arvalis réfléchit à une version miniaturisée, donc plus light et moins onéreuse. « Le problème est de déterminer le niveau d'information que l'on veut obtenir », précise l'ingénieure d'Arvalis. Réponse aux prochaines Culturales.
Marianne Boilève