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Enseignement agricole

Un lycée agricole qui vit avec son temps

Gilles Pelurson, le directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Rhône-Alpes, a profité du début d’année scolaire pour visiter le lycée agricole de La-Côte-Saint-André en Isère et rencontrer des élèves de terminale S et de BTS productions animales.
Un lycée agricole qui vit avec son temps

Cela ne fait que quelques jours qu'ils ont effectué leur rentrée, mais déjà les élèves du lycée agricole de La Côte-Saint-André ont la pression. Réussir leur année et faire aussi bien que leurs prédécesseurs : avec 100 % de réussite au baccalauréat S et 80 % pour le brevet de technicien supérieur agricole productions animales (BTS PA). Leurs profils et leurs projets pour l'avenir diffèrent. La poursuite vers des études longues pour les premiers. L'envie d'intégrer le monde du travail le plus rapidement possible concrétisée par l'intégration d'une formation en alternance pour les seconds. Et c'est bien clair, les 14 élèves en deuxième année de BTS PA ne sont pas là par défaut. Lassés des bancs de l'école, ils veulent toucher le cœur du métier de plus près. Qu'ils soient enfants d'agriculteurs ou qu'ils ne soient pas de ce milieu, tous veulent apprendre la technique et la mettre aussitôt en pratique. Ainsi témoigne Coralie : « Je veux apprendre des choses concrètes. Le fait d'être en alternance permet de mettre en lien ce que nous apprenons à l'école avec ce que nous faisons dans les exploitations ». Cette volonté des étudiants est d'ailleurs encouragée par l'équipe pédagogique du lycée. Même si cela leur demande une forte adaptation, les enseignants sont partie prenante pour intégrer la diversité des exploitations dans leurs enseignements. Comme l'explique Martine Croisier, professeur de zootechnie dans l'établissement depuis 1991 : « Notre enseignement pédagogique s'appuie sur deux démarches complémentaires. Soit, ce sont les élèves qui rapportent les données de leur lieu d'apprentissage et nous utilisons ce vécu et cette expérience pour enseigner la pratique. Soit nous dispensons le cours et nous demandons aux élèves d'étudier les applications réalisées chez leur maître d'apprentissage ». Et de détailler : « En économie, ils étudient en cours l'approche globale de l'exploitation (ses objectifs, ses finalités, son système) et ensuite ils l'appliquent avec leurs tuteurs. En revanche, dans le domaine de l'identification des animaux, ils reviennent avec les pratiques des agriculteurs et, en cours, nous en réalisons une synthèse. Nous faisons tout pour éviter que les élèves aient l'impression de vivre dans deux mondes différents ».

L'agriculture de demain

Cette nécessité d'accompagner les jeunes vers l'apprentissage de leur métier, Gilles Pelurson, le directeur de la Draaf (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt) de Rhône-Alpes, l'a mise en avant le 4 septembre, lors de sa visite du lycée qui avait pour objectif de réaffirmer les ambitions de l'enseignement agricole. Comme l'obligation également de les préparer à s'adapter. Des défis relevés par l'établissement de La Côte-Saint-André, qui de la naissance du projet apicole à celui de la mise en place de l'agroécologie dans ses enseignements et dans la gestion de son exploitation, témoigne de sa capacité à vivre avec son temps. Et à s'intégrer dans son territoire. Pour l'instant, la situation de crise de l'agriculture n'a pas freiné les ardeurs de ces jeunes, toujours motivés par l'installation. Mais leurs ainés s'interrogent. Comme Didier Villard, vice-président du conseil d'administration du lycée : « Aujourd'hui, nous n'avons pas de solution, de modèles pour ces jeunes. Nous sommes à un virage. Tout est à inventer. Sur le secteur, nous nous sommes lancés dans les grandes filières mais, actuellement, nous nous demandons si elles sont toujours aussi pertinentes ou si nous ne devrions pas les faire évoluer. Des pistes sont à explorer. Nous nous devons d'amener un état d'esprit d'ouverture et de réfléchir à ce que sera l'agriculture de demain ». 

Isabelle Brenguier

 

 

Focus sur un nouveau BTSA dans un lycée flambant neuf

Dans le sud de la Drôme, à Saint-Paul-Trois-Châteaux, l’ancien lycée agricole privé Triscastin-Baronnies a fait peau neuve pour la rentrée 2015. Après de longues années de préparation, de montage de projet et 14 mois de travaux, les 380 élèves ont effectué leur rentrée dans un établissement tout neuf. Le changement de locaux s’est accompagné d’un changement de nom et d’identité visuelle. « C’est un établissement exceptionnel qui dispose de 3 300 m2 répartis en 22 salles de cours, des laboratoires, un centre de documentation et d’orientation (CDI), un self, une salle informatique et toutes les annexes nécessaires », explique Eric Reynier, le directeur de l’établissement dénommé aujourd’hui Lycée Drôme provençale. « Cela nous change de nos anciens locaux, dont la partie la plus vieille datait de 1682...  Nous avons accordé une part très importante aux nouvelles technologies avec un équipement en pointe sur le numérique. » Le montant de l’investissement s’élève à 5,6 millions d’euros, financé à 80 % par l’association gestionnaire de l’établissement et à 20 % par la Région Rhône-Alpes.
Au sein de cet établissement flambant neuf, un nouveau diplôme est proposé aux élèves : un BTSA productions animales, support équin. Au sein du lycée Drôme provençale, plusieurs diplômes préparent déjà des élèves à travailler au contact des chevaux : un Capa soigneur d’équidés et un bac pro conduite et gestion des entreprises hippiques (CGEH). « Ce BTSA est un diplôme à vocation nationale, donc le support principal de l’enseignement est le porc, explique Eric Reynier. Nous y avons ajouté une déclinaison régionale avec l’élevage caprin axé sur l’élevage de chèvres pour la transformation en fromage et vente en circuit court. Et comme nous avons un savoir-faire, une expérience importante avec les équins, et que le cheval fait partie de l’ADN du lycée depuis le collège, nous avons choisi d’y ajouter un volet équin sur 20 % de l’enseignement. »
Seule formation en productions animales à temps plein en équin, le BTSA correspondait à un besoin. « Nos élèves viennent de relativement loin, plus de 80 % sont internes, poursuit Eric Reynier. Cette création de nouveau diplôme intéresse des élèves qui ont un projet spécifique lié aux équins. » 
C. P.