Un nouveau binôme à la tête de la coopérative Dauphinoise

Jean-Yves Colomb à la présidence, Georges Boixo à la direction générale, le nouvel exécutif de la Dauphinoise s'inscrit dans la logique des très gros chantiers engagés par leurs prédécesseurs. Il a fallu à peine plus de deux mois pour que l'entreprise de 1 300 salariés reprenne ses marques après un changement complet de gouvernance.
« Depuis l'annonce du départ de Roland Primat, le 19 novembre dernier, ce fut une période d'interrogation pour toute l'équipe, voire une perte de repères pour certains. Nous avons eu deux mois pour préparer les choses », explique Jean-Yves Colomb. Deux mois pendant lesquels deux candidatures se sont dégagées. « Une élection, c'est davantage une question de sensibilité. Il n'y a pas de fracture ou de visions qui s'opposent. Il n'y a absolument pas de problème de fond », insiste le nouveau président. « Deux mois pour se réorganiser, avec un nouveau président, une nouvelle équipe, c'est une performance et non pas une difficulté », ajoute le nouveau directeur, Georges Boixo. Il « salue l'intelligence collective des administrateurs ». Et ajoute : « Après vingt ans de présidence, le fait que deux personnalités s'affichent, c'est plutôt sain ».
« J'ai réfléchi à ce que je voulais faire avant de prendre ma décision. Je n'en ai jamais fait une ambition personnelle, reprend Jean-Yves Colomb. C'est une fonction qui demande de l'engagement. Il faut lui donner du sens. »
Le nouveau bureau est composé à moitié d'anciens et de nouveaux venus. « Ils représentent la diversité des productions et des territoires. Ce sont des personnes qui ont souhaité s'engager et prendre leurs responsabilités », indique encore le président.
La valeur ajoutée en Rhône-Alpes
Alors que le groupe Dauphinoise s'est engagé dans de lourds investissements et des discussions de rapprochements avec d'autres coopératives, les deux hommes se sont fixé des priorités. « Il y a vingt personnes au conseil d'administration qui devront apprendre à travailler ensemble. Nous devons renouer des liens. Nous voulons rester focalisés autour du projet d'entreprise et le partager », avance Jean-Yves Colomb avant d'ajouter : « Ce démarrage demande beaucoup d'implication. Nous répondons aux demandes extérieures de partenaires qui veulent rencontrer notre binôme ».
Dans un contexte « dur pour toutes les filières », le nouveau président réaffirme que la coopérative « doit apporter le plus de solutions possibles au regard des attentes des agriculteurs. En tant que coopérative, nous ne pouvons pas subir ce contexte. Nous devons être force de proposition ». Georges Boixo confirme : « Nous nous inscrivons dans la continuité de ce qui a été fait. Une des solutions à la crise agricole passe par les partenariats. Ils ont déjà démarré. A nous de les mettre en œuvre. C'est l'objectif de notre projet commun. »
Les deux hommes rappellent que la coopérative recherche la valeur ajoutée en Rhône-Alpes, qu'il n'y a pas d'antagonisme entre les filières et que les cinq métiers du groupe font l'objet de la même attention. « Chaque métier évolue dans sa propre économie de marché. Bien sûr, il peut être question de solidarité entre filières, mais il faut que chacun colle à son marché. Sinon on risque de désorganiser les marchés et de perdre en compétitivité », affirme Georges Boixo. Le directeur annonce également son souci d'aller à la rencontre des équipes en interne et d'être plus présent sur le terrain « pour redonner la confiance par la proximité et le dialogue ».
Isabelle Doucet
Portraits express
Jean-Yves Colomb, 48 ans, est exploitant à Bouvesse-Quirieu où il cultive plus d’une centaine d’hectares principalement en production de semences. Il est associé à Martial Perraudin et trésorier de la Cuma de Faverges. Autant dire qu’il a le sens du collectif. « Je ne connais pas la solitude professionnelle. J’ai grandi grâce à mon associé et à la Cuma », affirme-t-il.Georges Boixo, 53 ans, marié et père de deux enfants, est un Catalan arrivé en Dauphiné après une longue expérience dans la coopération agricole dans le Sud-Ouest. Il a rejoint la coopérative dauphinoise il y a quatre ans où il exerçait précédemment les fonctions de secrétaire général et de directeur du pôle œufs. Sa nomination en interne lui permet « d’être immédiatement dans l’action dans passer par une phase d’observation. Les chantiers engagés ne peuvent pas se permettre une vacance de pouvoir », déclare-t-il. « C’est une nomination qui n’a pas fait de doute chez les administrateurs », confirme Jean-Yves Colomb.