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De l’élevage à l’artisanat

Un nouveau départ qui fait des bulles !

Dans son laboratoire à Vienne (Isère), Laetitia Crevier s’est lancée dans la fabrication de savons au lait d’ânesse. Un projet de reconversion professionnelle réussi est né de son attachement pour les ânes qu’elle élève à Ampuis (Rhône).
Un nouveau départ qui fait des bulles !

«L'âne est intelligent, noble, affectueux et il a beaucoup d'humour. Considéré à sa juste valeur et respecté, il est un compagnon indéfectible ». On peut lire ces quelques mots sur le site internet de Laetitia Crevier qui a baptisé son élevage L'asinerie des hauteurs. Originaire d'Ampuis, c'est précisément sur les hauteurs de cette commune qu'elle a trouvé à louer 5 hectares de terrains pour élever une dizaine d'ânes. Mais son projet de reconversion professionnelle ne se limite pas à l'élevage puisqu'elle fabrique des savons au lait d'ânesse. Avec une formation initiale en biochimie, Laetitia Crevier travaillait auparavant dans l'industrie pharmaceutique. Cette expérience l'a vraiment aidée à mettre au point la fabrication artisanale de savons dans son laboratoire installé à Vienne (Isère) où elle réside. En complément, elle a suivi une formation d'artisan savonnier à l'université européenne des senteurs et saveurs (UESS) à Forcalquier en Haute-Provence. Elle s'est également formée au lycée agricole de la Côte-Saint-André (Isère) pour obtenir le BPREA(1) spécialité équine.

Deux races à promouvoir

Laetitia Crevier a effectué deux stages en Ardèche dans un élevage d'ânes de provence et de race sarde. C'est justement là-bas qu'elle a découvert cette race de petit âne gris très attachant, d'où son envie d'en élever. L'âne sarde, de conformation solide et originaire de Sardaigne, était connu pour avoir été le meunier des anciens moulins à blé traditionnels.
Aujourd'hui soutenu par des éleveurs passionnés, il intrigue toujours petits et grands en restant un animal de compagnie par excellence. Sa petite taille ne lui enlève rien quant à sa détermination et sa capacité d'adaptation pour travailler ou randonner.
Laetitia Crevier a choisi comme deuxième race l'âne bourbonnais « pour le promouvoir, le faire connaître en dehors de son berceau d'origine et ainsi participer au maintien de la race », dit-elle. Actuellement, elle possède cinq ânesses qu'elle met à la reproduction un an sur deux. La traite est faite à la main au pré une fois par jour. « Je commence la traite à partir du quatrième mois de l'ânon, lorsqu'il a acquis la quasi-totalité de son immunité passive et qu'il devient plus indépendant. Les jours de traite, les ânons sont séparés des mères pendant 2 à 3 heures, pour les retrouver immédiatement après. Pendant ce temps, l'ânon reste à portée de vue de sa mère ». Après le sevrage, les ânons sont vendus à des particuliers comme animaux de compagnie.

L’âne bourbonnais, race reconnue officiellement en 2002, est aujourd’hui le moins représenté en France.

Produire en petite quantité

« Ma volonté est de produire en petite quantité afin de pouvoir porter l'attention nécessaire à chacun de mes ânes et assurer la qualité tout au long de mon procédé de fabrication », explique-t-elle. « Mes volumes de production de savons sont donc limités à la quantité de lait que je récolte quotidiennement (environ 200 ml par ânesse) : soit environ 15 à 20 savons par lot ». Pour la fabrication de savons au lait cru, Laetitia Crevier utilise la technique de saponification à froid. Ce procédé artisanal et respectueux de l'environnement résulte de la réaction entre un corps gras (huiles et beurres végétaux) et un agent alcalin (soude) pour donner du savon et de la glycérine. Cette technique permet, entre autres, de préserver la qualité des ingrédients et l'intégralité de la glycérine, agent hydratant du savon par excellence. Au bout de deux mois de séchage, les savons sont commercialisés auprès d'une clientèle assez haut de gamme via Internet(2) et les réseaux sociaux (colis expédiés y compris à l'étranger jusqu'en Australie), dans certaines boutiques de grandes villes ainsi que lors de Salons de bien-être et décoration. Le lait d'ânesse est bénéfique sur le plan médical, nutritionnel et dermatologique. Sa particularité réside principalement en sa teneur en acides gras essentiels anti-inflammatoires (oméga 3 et oméga 6), en enzymes antiseptiques (lysozyme et lactoperoxydase), en vitamines anti- oxydantes (rétinol et alpha-tocophérols) et en matières minérales.
L'ensemble des actifs contenus dans le lait d'ânesse conviennent plus particulièrement aux peaux sensibles à problèmes.  

La technique de saponification à froid permet de préserver la qualité des ingrédients et l’intégralité de la glycérine, agent hydratant 
du savon.

Colette Boucher
(1) Brevet professionnel responsable d'exploitation agricole.
(2) www.volumefrance.com

 

A savoir /Aujourd’hui en France, on recense sept races asines reconnues par le ministère de l’Agriculture. Tour d’horizon de leurs spécificités mises en avant par la fédération nationale France ânes et mulets.

Les sept races d’ânes reconnues

- Âne grand noir du berry
L’âne grand noir du berry accompagne souvent les randonneurs. Il est attelé pour les promenades ou la compétition. Sa docilité et son calme font qu’il est utilisé en équithérapie. Certains agriculteurs le choisissent pour sa force, sa sobriété et sa rusticité. Une attention particulière est portée aux croisements afin d’éviter la consanguinité. Il s’exporte de plus en plus vers la Belgique, l’Allemagne, la Hollande et même l’Irlande.
- Âne bourbonnais
L’âne bourbonnais, originaire du nord du Massif central, a été utilisé pendant longtemps pour les travaux agricoles et comme moyen
de transport. La couleur de sa robe se décline dans les tons brun et chocolat, avec la croix
de Saint-André visible sur le dos. Cette race asine, reconnue officiellement en 2002,
est désormais la moins représentée en France.
- Âne du cotentin
L’âne du cotentin, race reconnue officiellement depuis vingt ans, a son effectif le plus important dans la Manche. Sa docilité et sa morphologie le rendent tout à fait adapté aux activités de randonnée et d’attelage. Il est également apprécié comme animal de compagnie utilisé en asinothérapie.
- Âne normand
L’âne normand, originaire de Normandie et des Pays de la Loire, est le plus petit de la famille des sept races françaises. Son caractère et sa petite taille en font un agréable compagnon de la randonnée familiale. Petits mais râblais et forts à la tâche, les ânes sont appréciées pour de multiples travaux agricoles, du maraîchage au débardage.
- Âne du poitou
Originaire de la région des Deux-Sèvres, l’âne du poitou est sélectionné depuis toujours dans l’objectif de produire des mules de grande taille et tire toute sa valeur de son rôle de reproducteur. De plus en plus de passionnés l’utilisent pour les travaux agricoles, la selle,
le bât ou encore l’attelage de loisirs. Le baudet du poitou est considéré comme un bon porteur, pouvant développer beaucoup de force.
- Âne de provence
L’âne de provence est rustique, solide, calme et très patient, donc assez facile à éduquer. Les élevages sont concentrés essentiellement dans le berceau de la race (Paca, Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon). Cet âne rustique est promis à un bel avenir pour randonner, débroussailler toutes sortes de terrains ou travailler, notamment en maraîchage.
Depuis les années 1990, une association, en collaboration avec les Haras Nationaux, tente de sauver la race de son extinction. Aujourd’hui, grâce à des passionnés, les effectifs sont montés à environ 1 000 têtes.
- Âne des pyrénées
On distingue deux types d’ânes des pyrénées, race reconnue en 1997 : le gascon spécialiste du portage et le catalan plutôt orienté vers l’attelage de loisirs ou de travail, et la production mulassière. Suite au déclin de la race à partir des années 1950, une association a été créée pour la sauvegarde et le développement de la race.