Un nouveau souffle pour la ferme familiale
Depuis 2020, Alexandre Barthélémy s’est installé avec sa mère Catherine avec qui il a créé le Gaec du Sablon à Saint-Paul-lès-Romans.

Valoriser ses nouveaux installés, les Jeunes agriculteurs de la Drôme y tiennent puisque « ce qui compte le plus, ce sont les adhérents », rappelle Vladimir Gauthier, président des JA 26 lors de l’introduction de cette nouvelle inauguration portée par le syndicat jeudi 21 novembre. Pourtant, l’installation d’Alexandre Barthélémy sur le canton de Romans ne remonte pas d’hier. Mais elle a son importance puisqu’il fait partie des quinze adhérents sur ce secteur « qui redémarre », précise Vladimir Gauthier. En 2020, Alexandre Barthélémy, alors âgé de 21 ans, s’est associé à sa mère Catherine qui gère depuis 2003 une ferme en production de grandes cultures et de noyers. Ensemble, ils ont formé le Gaec du Sablon. En parallèle, Alexandre Barthélémy épaule aussi son père, Raphaël, sur son exploitation d’élevage bovin, reprise à son beau-père en 1997.
Un chemin tout tracé
Diplômé d’un baccalauréat professionnel Conduite et gestion de l'entreprise agricole au lycée de La Côte-Saint-André en Isère, le jeune agriculteur a suivi une formation en alternance sur la ferme familiale. « Si possible, allez faire votre alternance sur une autre exploitation pour découvrir autre chose avant de s’installer », conseille Alexandre Barthélémy aux étudiants de la MFR d’Anneyron venus assister à son inauguration. Après ses études, l’agriculteur a travaillé trois ans en tant que salarié sur la ferme familiale avant de s’installer et de former le Gaec en 2020. Il a bénéficié d’une dotation d’installation de 24 000 € qui lui a permis de se verser ses premiers salaires. Le jeune installé a aussi emprunté 200 000 € pour investir dans du nouveau matériel.
Une trentaine de personnes ont assisté à l’inauguration, dont des élèves de la MFR d’Anneyron. ©ME-AD26
Concrètement, lui et son père gèrent la grosse partie de la production et sa mère la partie administrative des fermes tout en les épaulant sur certains travaux. Pour s’installer, Alexandre Barthélémy a dû chercher de nouvelles terres à louer pour créer une activité supplémentaire. « J’ai eu la chance de les trouver grâce à des agriculteurs qui partaient à la retraite », précise ce dernier en réponse à une question d’un jeune de la MFR. Ainsi, il loue ces parcelles à Saint-Paul-lès-Romans et à la Baume-d’Hostun. Sur le Gaec, il gère 55 ha de grandes cultures (maïs, soja, blé et sorgho) vendues en grande partie à la coopérative Drômoise de céréales (CDC). L’exploitant produit aussi en moyenne 160 tonnes de noix, grâce à ses 65 hectares de vergers, vendues aux entreprises PépiNoix et Rivières. Cette production bénéficie de la certification GlobalG.A.P, des normes reconnues mondialement, afin d'être vendue plus facilement. Il cultive aussi des luzernes et des prairies sur vingt hectares.
Tourné vers l’avenir
Les aléas climatiques entâchent le tableau pour le jeune agriculteur. En 2024, au lieu des 160 tonnes de noix récoltées en moyenne, sa production a dégringolé à 107 tonnes. « Chaque année, nous avons ce problème de grêle, rapporte-t-il. Les orages nous posent aussi pas mal de difficultés. Les arbres tombent. Cette année, nous avons perdu une bonne partie de la récolte ». En parallèle, Alexandre Barthélémy épaule son père qui gère vingt vaches de race Charolaise. Depuis son installation, son père a réduit le troupeau de moitié car « ça ne rapportait plus assez par rapport au travail que cela demandait, précise l’agriculteur. Mais nous gardons des bêtes car l’élevage est une passion ». Sur l’exploitation, il reconnaît que la proximité avec Romans lui permet d’être plus proche de ses fournisseurs et partenaires. Toutefois, il déplore les incivilités avec des déchets qui se retrouvent dans ses champs. Autre point fort : l’irrigation sur 125 hectares, de l’eau pompée dans l’Isère, répartie sur la quasi-totalité de ses parcelles.
Alexandre Barthélémy épaule aussi son père, Raphaël, sur son exploitation d’élevage bovin. @ME-AD26
Le Saint-Paulois nuance l’avantage de posséder des terres « éclatées » sur une dizaine de communes. « Parfois, certaines échappent à la grêle mais cela nous fait beaucoup de déplacements », rapporte-t-il. Concernant ses projets, à court terme, l’agriculteur souhaite faire construire deux bâtiments en 2025 : un pour le stockage du matériel et le second pour la reconstruction d’une partie de la grange qui accueille les vaches. Sur les toits, des panneaux photovoltaïques, gérés par l’entreprise Smart Énergies via un bail de 30 ans, seront installés, tout comme sur l'un des bâtiments déjà équipé. Il souhaite aussi investir l’année prochaine dans un trieur optique des noix pour éviter ce « travail rébarbatif et très long », précise Raphaël, le père de l’exploitant. Enfin, la grande question qui taraude le jeune installé : la retraite à venir de ses parents. « Si je me retrouve seul, je ne pourrai pas en faire autant », s’inquiète l’agriculteur qui réfléchit déjà à l’avenir de la ferme.
Des essais de couverts végétaux
Marie-Pascale Couronne, conseillère agronome à la chambre d'agriculture 26, et Alexandre Barthélémy montrent les couverts végétaux qui resteront en terre jusqu’en février prochain. ©ME-AD26
En s’installant, Alexandre Barthélémy a ramené avec lui l’idée de planter des couverts végétaux. « Mon père et mon grand-père n’en faisaient pas forcément, explique-t-il. Les sols s’appauvrissaient à force de produire et de ne rien leur donner ». Ainsi, il a pu compter sur l’expertise de la chambre d’agriculture dans le cadre du programme Eau et agriculture (2024-2027)*. Sur place, Marie-Pascale Couronne, conseillère agronome, a expliqué l’intérêt des couverts végétaux : pièges à nitrates, engrais verts, apports en matière organique… Ainsi, les participants ont pu observer les essais menés sur une parcelle d’Alexandre Barthélémy avec trois variétés mélangées : prosol azote, prosol cruci et gesse. « C’est une réussite », a estimé Marie-Pascale Couronne après avoir observé la terre sous les couverts. Pour le jeune agriculteur, ces essais le guideront dans le choix qu’il fera pour l’implantation de ses futurs couverts.
* Programme territorial déployé par Valence Romans Agglo avec le soutien de l’Agence de l’eau qui vise à « garantir la préservation des ressources tout en offrant de nouvelles opportunités aux agriculteurs de notre territoire ».
Morgane Eymin