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Arboriculture régionale

Un plan fruits « percutant »

La signature, cette fin mai, du plan régional de la filière fruits a été précédée et suivie par la visite d’exploitations et autres structures, qui ont commencé dans la Drôme.

Un plan fruits « percutant »

Le 29 mai, c'était le jour de la signature officielle du plan Ambition pour la filière (Paf) fruits de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Un soutien de 8,56 millions d'euros sur trois ans (2017-2020) ouvrant un co-financement européen (Feader1), soit 15 millions d'euros en tout. Renforcer la compétitivité des exploitations et entreprises, protéger les productions et marchés face aux aléas, promouvoir et communiquer sont les axes d'intervention de ce plan. En raison d'une lourde chute à vélo la semaine précédente, Jean-Pierre Taite, vice-président du conseil régional délégué à l'agriculture, n'avait pu se déplacer. C'est donc Claude Aurias, conseiller régional délégué à l'économie de proximité, qui officiait à sa place. « Il était indispensable de signer aujourd'hui ce plan. Derrière, il y a des dossiers qui sont déposés. Avec le Feader, il y a eu des retards d'instruction. Ce sont autant de producteurs qui attendent », a-t-il dit en préambule. Lequel n'a également pas manqué de revenir sur certains points du plan régional, dont le choix de protéger les vergers. « Une bouffée d'oxygène pour nos familles », a-t-il mentionné. Une disposition qui permet également de maintenir les outils économiques de l'aval, sécurisant ainsi les volumes.

La journée sur le plan régional fruits a débuté à la station de conditionnement de l’EARL de Marty, à La Roche-de-Glun.
« Ce plan a été co-construit avec la Région, qui a su entendre nos besoins », a souligné Gilbert Chavas, le président du comité stratégique fruits (CSF) Auvergne-Rhône-Alpes2, lors du premier rendez-vous de la journée : l'EARL de Marty à La Roche-de-Glun, créée par Philippe et Claudine Chirouze et que va prochainement intégrer Marion, leur fille. Cette exploitation cultive 38 hectares, un tiers en abricotiers, autant en pêchers et en vignes.

Des besoins entendus

« Nos soucis, a expliqué Philippe Chirouze, sont financiers, sanitaires, climatiques. C'est aussi de faire monter en compétences des employés et les fidéliser. » Contre la grêle, quatre hectares d'abricotiers de l'EARL ont été couverts de filets. Un investissement conséquent (20 000 euros par hectare), soutenu par la Région via son plan fruits. L'exploitation a aussi été aidée (à hauteur de 40 %) pour l'achat d'une calibreuse avec tri optique (120 000 euros). Elle s'est également dotée d'un bâtiment de stockage (80 000 euros), pour lequel elle a également déposé une demande d'aide et attend la réponse.
Un autre témoignage est venu illustrer cette première visite. Celui d'un jeune de la même commune, Romain Marion, qui projette de s'installer avec deux autres agriculteurs, Christian et Emmanuel Darnaud. L'exploitation compte 16 hectares d'abricotiers, 4 de vignes et 5 de noyers. L'objectif est de lisser le tonnage dans le temps en réduisant la part d'abricots Bergeron et plantant d'autres variétés pour récolter jusqu'au 15 août. Mais aussi d'équiper 2 hectares d'abricotiers de filets paragrêle. Ils envisagent en outre d'ajouter une autre espèce fruitière pour diversifier et pérenniser l'exploitation en réduisant les risques. Ainsi, les salariés pourraient y travailler plus longtemps, un moyen de les fidéliser. « Le plan fruits de la Région est important, a noté Romain Marion. Il permet de redonner une dynamique à l'exploitation. Il faut qu'il dure dans le temps. »

Un Paf ambitieux

« La rénovation des vergers est l'un des enjeux de notre bassin de production », a rappelé Régis Aubenas, président de Fruits Plus, association regroupant des arboriculteurs drômois, ardéchois et isérois. Face à la concurrence espagnole, italienne..., « si nous voulons continuer à exister, a-t-il repris, il est fondamental d'avoir des vergers modernes, bien renouvelés, en bon état sanitaire, bien maîtrisés, donnant des fruits correspondant aux attentes des consommateurs. Le deuxième enjeu est la protection des vergers. Et le troisième la modernisation des outils de mise en marché, la performance des stations de conditionnement pour répondre aux exigences très élevées des clients. Le plan fruits a de l'ambition. Il est percutant. » Et le conseiller régional Claude Aurias (délégué à l'économie de proximité), ancien arboriculteur drômois, a appuyé : « Il répond bien aux besoins de la profession ».
Annie Laurie
1 Feader : fonds européen agricole pour le développement rural.
2 Le comité stratégique fruits Auvergne-Rhône-Alpes regroupe les acteurs de la filière fruits et les représente auprès des institutions.

 

Focus

La Région Auvergne-Rhône-Alpes va consacrer 8,56 millions d’euros à la filière fruitière, hors châtaigne, sur la période juin 2017-juin 2020. Avec les cofinancements européens, 15 millions d’euros pourront ainsi être mobilisés. Le plan régional comporte trois axes majeurs. Il s’agit en premier lieu de renforcer la compétitivité des exploitations et des entreprises (rénovation des vergers, autres investissements dans les exploitations, aides directes aux entreprises dans leurs pratiques et stratégies). Le plan vise aussi à protéger les productions fruitières face aux aléas climatiques (protection des nouveaux vergers, renouvellement du matériel de protection). L’objectif de la Région est d’atteindre un taux de couverture par exploitation et par espèce permettant de garantir un revenu minimal en cas d’aléas. Enfin, le troisième volet est consacré au développement de la promotion et à la communication. 

 

Rhodacoop /
Lors de la signature de ce plan, des représentants isérois et savoyards ont pris la parole. Tout comme le président et le directeur de Rhodacoop, Philippe Pouenard et Christophe Claude, qui ont notamment expliqué leurs problématiques (manque de main-d’œuvre...). La structure commercialise potentiellement chaque année 12 000 tonnes d’abricots et 6 500 de pêches et nectarines. Afin de valoriser au mieux la production de ses coopérateurs et se diversifier, Rhodacoop a par ailleurs pris des parts chez un artisan haut-savoyard, chez qui la coopérative développe des jus de fruit, compotes, confitures et nectars.

 

ÉCONOMIE / La société Métral Fruits, implantée en Isère, veut développer de nouveaux marchés.
Pommes : Métral Fruits vise le grand export

Créée en 1973, la société iséroise Métral Fruits - dont le siège est à Salaise-sur-Sanne - est spécialisée dans le conditionnement et l’expédition de fruits de la zone Rhône-Alpes. Grâce à 200 producteurs partenaires, du Nord-Drôme, du Sud-Isère, des Monts du Jarez ou encore de ceux du Lyonnais. Ce sont au total 25 000 tonnes de fruits qui sont commercialisées chaque année. La pomme reste un produit incontournable, avec un volume à elle-seule de 15 000 tonnes.
Le marché français représente 50 % des volumes. « Un marché qui n’est pas forcément extensible », précise tout de même Laurent Dejerome, directeur général de l’entreprise. C’est dans ce contexte que Métral Fruits a initié, voilà trois ans, une approche commerciale vers de nouvelles destinations. Un service spécifique, composé de 3,5 personnes, a même été créé.
Synergie avec les partenaires locaux
La première étape a été de se constituer un portefeuille clients solide au Moyen-Orient. Pour autant, d’autres marchés sont visés comme l’Amérique centrale ainsi que l’Asie du Sud-Est. Afin d’accroître son volume, la société Métral Fruits s’est également engagée dans une coopération avec d’autres metteurs en marché locaux, comme La Coccinelle, La Mésange ou encore les Fruitiers Dauphinois. Afin de pouvoir répondre à la demande, l’entreprise iséroise veille également à la diversité des productions, en termes de variétés, calibres et colorations.
Lors de la visite chez Emmanuel Martin, Laurent Dejerome a indiqué que la sécurisation des productions demeurait importante. Reste à son entreprise de s’adapter. 
A. T.
BON À SAVOIR / Recherche de pommes
Métral Fruits est actuellement à la recherche de nouveaux producteurs de pommes. Renseignements au 04 74 79 39 76 (Laurent Dejerome). 

ÉPINOUZE / Des filets anti-grêle, une serre photovoltaïque ou encore des tunnels protègent les différentes productions de l’EARL Martin Seiglières.

Le choix de protéger sa production

Sur l’exploitation d’Emmanuel Martin (EARL Martin Seiglières, à Epinouze), il a beaucoup été question de sécurisation. L’agriculteur drômois s’est installé en 1993. L’activité étaient alors principalement orientée vers la production de pêches. Mais en 2001, face à la conjoncture et à la sharka, l’exploitant opère un virage à 180 degrés. « Nous avons choisi de développer la pomme et la fraise, des productions qui étaient alors mineures sur l’exploitation », explique-t-il.
L’exploitation peut aujourd’hui compter sur 6 ha de fraises (4 en tunnels pleine terre, 1,5 sous serre hors-sol et 0,5 de plein champs non couvert), 6 ha d’abricots et 25 de pommes. Près de 60 % de la production est commercialisée auprès de la société Métral Fruits. Emmanuel Martin approvisionne par ailleurs une centrale d’achat et favorise également les circuits courts. « Cela nous permet de valoriser mieux, différemment », note-t-il aussi.
La majeure partie du verger est couverte, ce qui permet de sécuriser la production. Un choix stratégique selon Emmanuel Martin. « Il y a moins de problèmes de vent, nous sommes protégés de la grêle. Les valeurs ajoutées s’enchaînent. Le produit est davantage haut de gamme, qualitatif », indique-t-il. Les premiers investissements ont été réalisés lors de l’hiver 2014-2015. Le coût de ces filets anti-grêle a représenté 50 000 euros (pour 7 ha). L’exploitant a pu bénéficier l’année suivante d’un soutien financier de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, à hauteur de 40 %, sur 1 ha.
A. T.
Le 29 mai, visite des élus et des professionnels sur l’EARL Martin Seiglières, devant un verger de pommiers protégés.