Un plan national pour la châtaigne
Un plan de soutien doté de cinq millions d’euros (M€) vient d’être voté en faveur de la filière châtaignes. La production est en perte de vitesse en raison de problèmes sanitaires causés par le réchauffement climatique.
C’est à l’initiative du député Fabrice Brun (LR, Ardèche) qu’un plan de soutien à la castanéiculture d’un montant de cinq millions d’euros a été récemment voté à travers la loi de Finances 2025. Une satisfaction pour les huit cents producteurs de châtaignes français qui luttent contre des problèmes sanitaires depuis plusieurs années.
« La châtaigneraie française est en danger » a déclaré Michel Grange, ancien président du syndicat national des producteurs de châtaignes. Le changement climatique pèse sur les arbres qui sont victimes de la maladie de l’encre et attaqués par des chenilles foreuses entraînant des pourritures sur les fruits. Les pertes au verger peuvent atteindre 50 % de la récolte. « On ne ramasse pas les fruits trop dégradés », a précisé Bertrand Guérin, président de Euro-castanéa, l’interprofession européenne de la châtaigne. « Comme si cela ne suffisait pas, la pourriture se développe encore au stockage sur des fruits de bonne apparence. Je compare cela au phylloxera qui a frappé la vigne à la fin du XIXe siècle. »
Entre soulagement et espoir
L’annonce de ce plan est un soulagement pour la filière. Depuis plusieurs années, elle alertait les pouvoirs publics des dégâts sanitaires et du recul de la production. Si la France produit 9 000 tonnes de châtaignes par an, elle doit cependant en importer 10 000 tonnes notamment d’Italie et d’Espagne. La filière a pourtant des atouts, trois AOP, châtaignes des Cévennes, d’Ardèche et farine de châtaigne Corse ; un label rouge marrons du Périgord. 60 % du verger est en agriculture biologique, du fait de pratiques traditionnelles. L’Ardèche et le massif des Cévennes, en zone de montagne, ont des arbres plus que centenaires tandis que la Dordogne a arraché ses vieux châtaigniers et planté de nouveaux vergers. Mais partout les arbres sèchent. En Corse cet arbre emblématique est ravagé par le cynips, un insecte ravageur originaire de Chine.
La filière mise sur la recherche
Le plan de soutien va s’appuyer sur les recherches menées par l’Inrae et le CTIFL*, et avec le soutien des régions de production dont les identités sont très fortes. « Il faut sept châtaignes pour que germe un châtaignier, nous sommes habitués à l’adversité » a remarqué Fabrice Brun, laissant percer sa confiance dans les travaux des scientifiques. Sur les 5M€ du plan quatre seront consacrés au sanitaire et au changement climatique, un million réservé à la restructuration de la filière, dont l’aval est dispersé.
Christian Lannou, de l’Inrae, épaulé par Fabrice Lheureux le spécialiste de la châtaigne au Ctifl, sont venus expliquer le choix de cette méthode « parsada » qui sera utilisée. Une méthode dont le principe est le retrait des matières actives. Ces recherches vont se décliner en sept projets qui vont courir jusqu’en 2029, parmi lesquelles des recherches sur la maladie de l’encre et la recherche variétale.
La rédaction
(*) Inrae : Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement ; CTIFL : Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes