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Filière viticole

Un plan stratégique pour la clairette et le crémant de Die

Le point sur l'actualité et les projets du syndicat de la clairette de Die et des vins du Diois, avec son président Fabien Lombard.
Un plan stratégique pour la clairette et le crémant de Die

Fabien Lombard, quels ont été les grands sujets de l'assemblée générale du syndicat de la clairette de Die et des vins du Diois tenue le 6 avril à Vercheny ?

Fabien Lombard : « Un point a été fait sur le séminaire stratégique à l'horizon 2025 pour la clairette de Die, qui a réuni les administrateurs du syndicat et directeurs d'entreprises pendant deux jours en mars. Ses conclusions, perspectives et recommandations ont été présentées et acceptées en assemblée générale.
Trois grands axes d'action ressortent de cette réflexion. Le premier est la conquête du marché régional de la clairette et du crémant, où nous pourrions vendre davantage. Dans l'ouest de la France, les consommateurs achètent beaucoup plus de clairette de Die qu'ici. Notre objectif est donc de lancer la clairette de Die "rosé" au niveau régional en 2017 pour réimplanter la clairette et le crémant. Pour cela, nous allons mettre des moyens nouveaux dès cette année dans la communication, l'évènementiel auprès des prescripteurs, du grand public et doublons quasiment la cotisation des opérateurs. L'assemblée générale a donné son aval.
Le deuxième axe porte sur le moyen terme. Nous avons besoin de développer nos ventes à l'export. Afin de disposer des compétences nécessaires, nous allons essayer de nous rapprocher d'Inter Rhône. L'idée est de trouver un terrain d'entente avec l'interprofession en vue de l'intégrer en 2019 ou 2020, pour travailler sur l'export essentiellement. Du coup, la cotisation augmentera encore. Le troisième axe, validé aussi en assemblée générale, est de travailler sur nos produits, notamment le crémant de Die qui a plus de vingt ans et végète. Notre volonté de faire évoluer son encépagement, d'élargir peut-être sa zone de production. Mais aussi de changer son nom pour qu'il n'y ait plus le dénominateur commun "Die", donc plus de confusion possible avec la clairette, dont la notoriété est forte. »

Et la clairette de Die « rosé », où en est-elle ?

F. L. : « Suite à la première procédure d'opposition contre le projet de cahier des charges de l'AOC clairette de Die étendu au rosé et à la rencontre organisée avec la commission d'enquête ainsi que l'ODG* des vins de Bugey-Cerdon, la rédaction initiale a été modifiée. Une notion a été introduite :
une proportion de cépages muscat à petits grains rouge et de gamay supérieure ou égale à 5 %. Présentée au comité national de l'Inao le 10 février 2016, cette version a reçu un vote favorable. Les cahiers des charges modifiés ont été mis en opposition le 9 mars 2016. 43 oppositions recevables ont été déposées, dont celle de l'ODG de l'AOC Bugey-Cerdon. Les arguments soulevés étaient semblables à ceux de 2015. Lors du comité national du 7 septembre 2016, le projet a de nouveau reçu un avis favorable. L'arrêté homologuant le cahier des charges a été publié le 26 novembre. Ainsi, les opérateurs souhaitant produire de la Clairette de Die "rosé" ont pu saisir leur déclaration de récolte en ce sens dès le millésime 2016. En janvier 2017, un recours contre cet arrêté a été déposé par l'ODG de l'AOC Bugey-Cerdon. Ce recours n'étant pas suspensif, dans l'attente de la décision du Conseil d'État, il est possible de produire et commercialiser de l'AOC clairette de Die "rosé". Nous en avons produit 4 000 hectolitres. »

Des communes dioises ont été touchées par la flavescence dorée. Comment s'organise la lutte contre cette maladie ?

F. L. : « Suite à la découverte d'un foyer de flavescence dorée à Aurel en 2015, tout le vignoble a été prospecté en septembre 2016 afin d'éviter un traitement chimique généralisé. En 2017, la lutte obligatoire (deux traitements larvicides) repart sur la zone contaminée (Aurel, Barsac et Vercheny**) et le sud de Pontaix (non atteint mais touchant ces communes-là). Sur cette zone, la prospection est prévue tous les ans. Ailleurs, le vignoble le sera à 100 % en deux ans : une partie en 2017, l'autre en 2018. Nous avons mis en place un système innovant de "bonus-malus". Chaque vigneron paie 35 euros de cotisation par hectare pour les frais de la prospection organisée par le syndicat avec des salariés. Si cette tâche est réalisée par lui-même ou ses salariés, 110 euros hors taxes par jour et par prospecteur lui seront reversés. Ce système incitatif a bien fonctionné en 2016. Il sera reconduit cette année. »

Autre initiative dans le domaine du sanitaire ?

F. L. : « Oui, en assemblée générale, nous avons voté la mise en place en 2017 d'un programme de sélection de cépages muscat résistants aux maladies (mildiou, oïdium, black rot). De 150 000 euros environ sur dix à quinze ans, il sera financé par notre syndicat et lancé avec l'Inra ainsi que l'IFV***. Nous essaierons de rassembler d'autres vignobles dans une démarche commune et de trouver des financements par ailleurs. A terme, je pense que c'est l'une des meilleures solutions pour réduire l'utilisation d'intrants dans les vignes. »

Propos recueillis par Annie Laurie

* ODG : organisme de défense et de gestion.
** La commune d'Espenel est sortie de la zone contaminée.
*** IFV : institut français de la vigne et du vin.

 

 

En bref

Situation de la clairette de Die et des vins du Diois
- Une croissance maîtrisée des surfaces (1 % par an). 1 648 hectares de vignes en production en 2016, contre 1 609 en 2015 et 1 597 en 2014.
- Des stocks d'un niveau satisfaisant (pour faire face aux mauvaises années) : 145 105 hectolitres (133 994 en 2015). Ils ont pu être reconstitués grâce aux trois dernières récoltes, bonnes en qualité et quantité. Celle de 2016 est moins quantitative que la précédente : 98 083 hl contre 101 045 en 2015. C'est une volonté des opérateurs : un rendement à l'ha de 60 hl demandé en 2016 pour la clairette de Die méthode ancestrale, au lieu de 65 l'année d'avant. Elle représente 85 % du volume produit, la clairette de Die méthode ancestrale "rosé" 4 %, la clairette "brut" 6 %, le crémant de Die 3 %, le châtillon-en-diois 1,7 % et le coteaux-de-Die 0,05 %.
- En 2016, les ventes des AOC effervescentes dans la grande distribution (hors champagne) ont reculé. La clairette de Die a connu une légère baisse de ses sorties (84 436 hl contre 85 984 en 2015), après deux ans consécutifs de hausse.
Ronds-points de la clairette
Des aménagements paysagers et statues métalliques - représentant des scènes de la plantation de la vigne à la reboule* - vont être installés sur des ronds-points de la route de la clairette de Die. Ils le seront à Die et Vercheny en 2017, Crest et Piégros-la-Clastre en 2018 et Saillans en 2019.
* Repas à la fin des vendanges rassemblant ceux y ayant participé.