Un point sur les techniques alternatives et bio en arbo

Le 22 septembre à la Sefra, sur la ferme expérimentale d'Etoile-sur-Rhône, se sont retrouvés 160 acteurs de la filière fruitière. Ils ont participé à une journée de conférences et d'échanges dédiée aux techniques alternatives et bio en fruits à noyau et à pépins. Y ont été communiqués des résultats d'expérimentations de la Sefra mais aussi de partenaires avec lesquels elle travaille, comme l'Inra(1), le CTIFL(2), la chambre d'agriculture de Haute-Savoie, le Grab(3) et d'autres... « Des idées pour faire avancer la filière », a confié Baptiste Labeyrie, ingénieur CTIFL et responsable scientifique de la Sefra, en ouverture de la journée. Et d'espérer que cette rencontre serve à toutes les formes d'agriculture.
Le sujet intéresse
« Les essais sur les techniques alternatives et bio sont multiples, fait remarquer Bruno Darnaud, président de la Sefra. Et ce n'est pas nouveau, la filière est en mouvement depuis un moment. Elle essaie d'améliorer ces techniques qui répondent à des attentes sociétales, des consommateurs, environnementales, de réduction des intrants... Il était important de se réunir sur une journée pour faire le point. La présence de beaucoup d'arboriculteurs conventionnels montre bien que nous sommes tous intéressés par le sujet ». Bruno Darnaud a aussi invité tous les acteurs de l'arboriculture à communiquer positivement en dehors de la filière « en disant ce qui s'y fait » en termes de techniques alternatives et bio.
Le bio progresse
La production et la consommation des fruits frais bio progressent. A cette rencontre, deux intervenantes d'Interfel(4), Isabelle Jusserand (animatrice du comité bio) et Dragana Miladinovic (chargée d'études et statistiques économiques), ont illustré cette tendance en s'appuyant notamment sur des chiffres de l'Agence bio. Le bio est en hausse régulière depuis 2009. Pour les fruits frais, 12 345 hectares étaient cultivés en France en 2014, soit près de 15 % des surfaces totales (fruits à coque, transformation et frais) et 7 % de plus qu'en 2013. Les surfaces en conversion se tassent, cependant, depuis 2012. La Drôme fait partie des départements où il s'en produit le plus (surface supérieure à 500 hectares certifiés ou en conversion).
Un marché en forte croissance
Sur le marché de l'alimentaire bio français, les fruits et légumes se sont classées en deuxième place en 2014, avec une part de 16 % en valeur. La croissance est forte en volume comme en valeur. En 2015, la part d'un panel de fruits et légumes bio suivis(5) était de 6 % en volume et de 8 % en valeur. Le panier moyen a toutefois enregistré une légère baisse. Le marché se développe via deux canaux : la fidélisation des acheteurs et le recrutement d'autres. Comparée à 2015, la consommation des six fruits de ce panel a augmenté de 18 % en volume et de 21 % en valeur sur le premier semestre 2016. Leur vente est moins concentrée dans les GMS : 55 % en 2015, contre 73 % en conventionnel.
Quatre clés d'entrée au bio ressortent d'une étude conduite en 2014 sur les motivations d'achat. La santé arrive en tête, suivie du développement durable, puis de la recherche du goût et enfin de la connexion à la nature, aux saisons... « Le marché des fruits bio devrait encore se développer mais pas jusqu'à 50 %, estime Bruno Darnaud. Si le consommateur en veut, il faut en produire. Le bio et le conventionnel sont complémentaires. »
Fertilisation, enherbement, variétés, protection, climat...
Après ce point sur la production et la consommation, la rencontre du 22 septembre a enchaîné sur des sujets techniques. Parmi eux, la fertilisation minérale et organique, l'enherbement du rang comme alternative au travail du sol, l'éclaircissage des pommiers. Mais aussi les variétés de pêches, d'abricots et de pommes. Un domaine à étoffer en variétés résistantes aux maladies et prédateurs. Ont également été présentés des travaux relatifs à la protection des cultures (désherbant à base d'huile de colza, argile contre drosophila suzukii...), qui sont encore au stade expérimental. Enfin, la journée s'est achevée sur le changement climatique. L'Inra constate des dérèglements (en termes de température, précipitations, saisons...) qui ont des conséquences sur le végétal (comme, entre autres, l'allongement de la durée de floraison de certaines variétés). Pour avancer en la matière, l'institut a souhaité disposer davantage d'informations sur les observations réalisées dans les stations d'expérimentation. L'Agriculture Drômoise reviendra ultérieurement sur certaines thématiques de cette journée technique.
Annie Laurie
(1) Inra : institut national de la recherche agronomique.
(2) CTIFL : centre technique interprofessionnel des fruits et légumes.
(3) Grab : groupe de recherche en agriculture biologique.
(4) Interfel : interprofession des fruits et légumes frais.
(5) Panel Kantar de 15 fruits et légumes bio : pomme, kiwi, poire, pêche, nectarine, banane, carotte, tomate, salade, courgette, oignon, poireau, concombre, melon, chou-fleur.