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Tourisme rural

Un potentiel touristique important dans les territoires

Riche de son histoire et de sa géographie, la France regorge de petits et grands trésors, exposés ou plus ou moins secrets, et qui attirent de nombreux touristes. La campagne est de plus en plus prisée par une certaine catégorie de vacanciers en quête d’authenticité, de nature et curieux de découvrir le patrimoine local. Le tourisme rural se développe et pour pallier le manque d’infrastructures, notamment d’hébergement, des loueurs se nouent dans les territoires, comme le récent partenariat entre Airbnb et les maires ruraux.
Un potentiel touristique important dans les territoires

La plateforme communautaire de location en ligne Airbnb s'est récemment engagée à mettre en avant les territoires ruraux en France, avec en ligne de mire l'ouverture de la saison estivale 2019. Après avoir conquis les centres-villes, la volonté d'Airbnb de conforter sa position dans les zones rurales se confirme. La plateforme américaine de location touristique en ligne et l'Association des maires ruraux de France (AMRF) ont annoncé dans un communiqué commun, publié lundi 18 février, la mise en œuvre d'une « série d'actions communes afin de développer le potentiel touristique des campagnes françaises ». De la théorie à la pratique, les deux organisations comptent notamment organiser des conférences avec les maires ruraux afin de développer des stratégies conjointes de développement du tourisme rural.

Un impact positif pour les territoires ruraux

Environ 14 000 exploitations agricoles pratiquent l’agritourisme en France.

Régulièrement attaquée sur les effets pervers de son activité en centre-ville (muséification, hausse des loyers...), l'entreprise basée à San Francisco développe depuis plusieurs années une stratégie de conquête des zones rurales dans lesquelles elle est d'ores et déjà bien implantée. « 17 000 communes dépourvues d'hôtel avaient au moins une annonce sur Airbnb en 2018. Ces communes ont accueilli plus de 2,7 millions de voyageurs qui ne seraient pas venus sans Airbnb », affirme la compagnie américaine dans son communiqué.
À noter que les deux tiers de ces touristes ont été accueillis dans des communes de moins de 2 000 habitants. Grâce à Airbnb, ces communes retrouvent ainsi l'opportunité de ramener du dynamisme dans des zones qui sont aujourd'hui en panne d'attractivité. L'Association des maires ruraux de France tient d'ailleurs à souligner que les hôtes Airbnb ont « un impact positif dans les espaces ruraux et notamment pour le développement touristique de communes dépourvues d'infrastructures hôtelières traditionnelles ».

« Le potentiel économique du monde rural est sous utilisé »

En Bourgogogne, restauration d'une cadole (ancienne cabane) en pierres sèches.

« Le sens de l'accord qui a été signé, c'est de voir comment on accompagne les collectivités locales pour qu'elles intègrent cette nouvelle pratique qui prend un relief important », explique Cédric Szabo, directeur de l'Association des maires ruraux de France. « Pour nous il y a deux dimensions essentielles : comment est-ce que le maire peut accompagner le propriétaire, l'aider à faire que son offre soit plus connue en l'intégrant dans une offre touristique, et comment cela peut représenter un outil de valorisation de ce petit territoire qu'est la commune à travers notamment le paiement de la taxe foncière », détaille-t-il. D'après Cédric Szabo, la venue importante de touristes via l'application est une bonne nouvelle : elle vient confirmer que le potentiel économique du monde rural est important même s'il reste encore sous-exploité. « Beaucoup d'infrastructures locales pourraient être davantage utilisées s'il y avait une offre renforcée en matière d'hébergement », affirme-t-il. Pour ce faire, l'association ne compte d'ailleurs pas se limiter à ce partenariat avec la plateforme Airbnb : « Ils n'ont pas l'exclusivité. En tout cas, nous, on ne raisonne pas dans cette logique-là », précise le directeur de l'AMRF, pour qui « il n'existe pas d'antagonisme avec le secteur hôtelier ».

Airbnb, Bienvenue à la ferme et Miimosa s'associent

Quand une célèbre plateforme communautaire de location de logements rencontre le premier réseau de vente directe et d'accueil à la ferme et le leader du financement participatif dans l'agriculture et l'alimentation, cela donne un appel à projets inédit pour l'agritourisme. Hébergement à la ferme, parcours d'œnotourisme, activités pédagogiques ou de loisirs avec des animaux, vente directe de produits... les agriculteurs étaient invités (jusqu'au 15 mars dernier) à présenter sur la plateforme MiiMOSA leurs projets d'agritourisme les plus innovants. Cet été, ce sont dix projets lauréats qui seront sélectionnés par Airbnb et Bienvenue à la ferme. Airbnb leur fournira une aide financière pouvant aller jusqu'à 5 000 € par projet. De son côté, Bienvenue à la ferme accompagnera les agriculteurs dans la mise en place de leur activité, en partenariat avec les chambres d'agriculture. Un an d'adhésion au réseau leur sera aussi offert.
« Ce partenariat a vocation à se pérenniser »
Aujourd'hui, environ 14 000 exploitations agricoles françaises exercent des activités liées au tourisme. Déterminés à participer à cet essor pour le tourisme rural, c'est en 2017 qu'est né ce partenariat inédit entre Airbnb, Bienvenue à la ferme et MiiMOSA. La première édition de l'appel à projets s'est tenue d'octobre à décembre 2017, et a permis à quelque 150 agriculteurs de proposer leur projet d'agritourisme. Au total, trente-sept projets ont lancé leur collecte et plus de 115 000 € ont été récoltés auprès de 900 contributeurs. Déjà incontournable, cette opération a donc été renouvelée pour une seconde édition qui ne devrait pas être la dernière. « C'est un très grand succès pour nous, ce partenariat a vocation à se pérenniser, glisse-t-on avec satisfaction du côté d'Airbnb.

Pierre Garcia

Territoires / La France compte 2 700 sites classés au code de l’environnement, soit un peu moins de 1,8 % du territoire national. Selon une instruction publiée par le ministère de la Transition écologique, près de 350 sites naturels supplémentaires pourraient bénéficier d’un classement et faire l’objet d’une protection renforcée ces prochaines années.

Des sites classés réglementés à protéger

Le Puy-de-Dôme a obtenu le label Grand Site de France en 2008, renouvelé en 2014.
Consacré à la protection de paysages remarquables, le classement d’un site au code de l’environnement peut aussi intégrer des bâtis qui représentent un réel intérêt architectural pour le territoire. « On est sur un niveau de protection fort qui correspond à la volonté de maintien en l’état du site désigné », explique un inspecteur de la Dreal Aura, direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, autorité en charge de la préparation des classements. Attention néanmoins à ne pas confondre sites classés avec sites inscrits qui « constituent une garantie minimale de protection. Dans le futur, ils pourraient être amenés à disparaître ou à être classés, à leur tour », précise-t-il.
Objectif : préserver l’âme du site
Un site classé ne peut être ni détruit, ni modifié dans son état ou son aspect. C’est un espace reconnu nationalement comme exceptionnel du point de vue de son paysage. Il fait partie, à ce titre, du patrimoine national. Le classement entraîne l’interdiction formelle de campings et de caravanes, de publicité et de lignes aériennes nouvelles.
Il n’impose pas de réglementation quant aux activités qui y sont pratiquées. Dès lors qu’une demande de travaux menace néanmoins de modifier l’esprit du site, c’est au ministère de la Transition écologique que revient la responsabilité de trancher et de délivrer, s’il estime légitime, une autorisation spéciale.
Il s’appuie sur l’avis obligatoire de la commission départementale de la nature, des paysages et des sites (CDNPS) et des services de l’État, Dreal et architecte des Bâtiments de France (ABF). « Le classement est, quoi qu’il en soit, toujours à l’initiative de l’État mais, dans la pratique, il est assez rare de classer contre l’avis des territoires. En 2013, les coteaux de l’Hermitage ont obtenu leur classement grâce à une forte volonté et implication des viticulteurs. » Après l’obtention de l’appellation l’Hermitage, ils ont saisi cette nouvelle reconnaissance « comme une façon de promouvoir leurs murs en pierres sèches, leurs paysages viticoles … », reprend l’inspecteur. « Souvent, il y a une réelle ébullition au niveau local, on sent que le site est mûr, que tous les acteurs ont compris que ce classement pouvait leur apporter autre chose que des contraintes réglementaires. »  Une instance de classement peut aussi être envisagée dès lors qu’un projet de construction menace de transformer les lieux. « Il y a alors une réelle urgence à protéger le site. Grâce à cette instance, tous les effets du classement s’appliquent de plein droit pendant un an. Elle permet de temporiser en attendant le classement officiel ».
Grand Site de France, la Rolls des sites classés
Les sites classés font aussi l’objet d’une surveillance par l’administration représentée par les architectes des Bâtiments de France. « Nous intervenons dans les déclarations de travaux préalables, en cas d’autorisation spéciale et de démolition. En site classé, par exemple, nous autorisons la construction de bâtiment d’exploitation agricole mais pas d’habitation personnelle. Nous vérifions la qualité de l’architecture des bâtiments, nous nous assurons de la bonne gestion des espaces paysagers, veillons à préserver le caractère pittoresque des lieux. Tout ce qui fait la qualité du site, les raisons pour lesquelles on a décidé de le classer », explique Pascal-Paul Rouaud, ancien architecte de Bâtiments de France.  Certains d’entre eux obtiennent même le label Grand Site de France, appartenant au ministère en charge de l’Écologie. Rolls des sites classés, les Grand Sites de France bénéficient d’une très grande notoriété. « Et par conséquent, d’une très forte affluence touristique : le Mont-Saint-Michel, Vallon-Pont-d’Arc, la Pointe du Raz, le pont du Gard, la chaîne des Puys et le Puy-de-Dôme. Ces sites ont eu besoin de trouver des solutions pour gérer leur fréquentation, pouvant mettre en péril les lieux et donc le classement lui-même ». Ces mesures de gestion permettent de « trouver plus de moyens collectivement pour protéger mais aussi pour valoriser le site », ajoute l’inspecteur de la Dreal Aura. Par exemple, la construction d’un musée préhistorique et des panneaux photovoltaïques sur la toiture de la grotte du premier site labélisé Grand Site de France en 2004 : l’Aven d’Orgnac. Une démarche innovante qui, en plus d’assurer la totalité des besoins de la grotte en électricité, apporte une plus-value nouvelle au site ardéchois.
Alison Pelotier

 

Les atouts du tourisme rural

L’œnotourisme est en pleine efferverscence.
Moins visible que d’autres formes de tourisme, le tourisme rural représente en France environ un tiers des nuitées au sein de chambre d’hôtes, de gîtes ou encore de campings. On le distingue du tourisme bleu (à la mer), du tourisme urbain et du tourisme blanc lié à la montagne. La pratique touristique à la campagne a tendance à se développer car elle répond à différentes aspirations des citadins. Le besoin de se « ressourcer » dans des lieux natures, calmes, beaux, parfois coupés des réseaux mobiles et Internet pour déconnecter plus facilement. De plus, le tourisme à la campagne est facile d’accès en termes de coûts et de temps de déplacement puisqu’il concerne potentiellement 85 % du territoire. Il répond également à la recherche de durabilité dans la pratique touristique. Plutôt que de prendre l’avion, quelques heures de voitures suffisent le plus souvent pour avoir accès à une quantité importante d’activités possibles : randonnée, promenade à cheval ou accompagné par un âne, escalade, activités de loisirs d’eau douce, sports nautiques, aériens, visites culturelles, festivals, patrimoine bâti, sites naturels remarquables, découverte de l’artisanat, découverte de l’agritourisme, œnotourisme … Constitué par des pratiques diffuses, le tourisme rural est le produit d’initiatives de nombreux acteurs des territoires.
Des atouts sur lesquels s’appuyer
À l’échelle du territoire français, le tourisme rural représente 20 milliards d’euros, soit 20 % des dépenses nationales touristiques pour 35 % des nuitées. Cependant, une majorité des nuitées du tourisme rural est non marchande puisque 75 % des nuits effectuées à la campagne le sont dans des résidences secondaires, chez des parents ou des amis. Depuis dix ans, la demande touristique évolue avec une multiplication de courts séjours et une évolution des valeurs sociales vers une meilleure prise en compte de l’environnement et du patrimoine traditionnel. Grâce à Internet, la communication est plus facile, mais il reste néanmoins difficile d’être visible du fait de la multiplicité de l’offre. Lors du dernier recensement agricole en 2010, 13 800 exploitations agricoles pratiquent des activités d’hébergement et de restauration, un chiffre stable par rapport à 2000. Le tourisme rural est très loin d’être saturé et grâce à un travail de structuration de l’offre, il devrait continuer de se développer. L’œnotourisme est par exemple en pleine effervescence avec de grosses ambitions dans certaines régions françaises notamment en Alsace, Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté.