Un poulailler connecté en test

Pour l'heure, il ne s'agit que d'un prototype. Mais la commercialisation doit être lancée en ce début d'année 2019. La société drômoise Calmès, spécialisée dans la conception et la fabrication d'agroéquipements, est en train de tester un nouveau système de gestion de bâtiment d'élevage. Lequel devrait s'adapter à terme à toutes les productions. « Pour la première version, nous nous sommes orientés vers un système permettant de gérer un élevage de volailles de ponte bio et plein air. La Drôme est leader sur ce secteur mais c'était aussi pour répondre à un besoin. Ce système se prête en effet aux petits élevages », précise Manuel de Calmès, patron de la société éponyme. À la fois en termes de technologies et de coût (moins de 10 000 euros sur dix ans, avec le coût de l'automate, son installation, le forfait mensuel...).
Augmenter les performances
Les objectifs de ce nouveau système sont on ne peut plus clairs : être le plus précis possible, afin d'augmenter la rentabilité, mais aussi renforcer le confort de l'éleveur. « En bio, le taux de mortalité oscille entre 12 et 15 %. Il y a moins de poules, la chaleur est plus variable, il y a moins de puissance calorifique, etc. », explique encore le dirigeant.
Techniquement, la majeure partie de ce qui est électrifié dans le bâtiment va être automatisée, à l'instar des volets - pour la gestion thermique, des trappes de lâchers des poules ou encore la chaîne d'alimentation. « Chaque jour, on va avoir toutes les données chiffrées concernant les repas des poules. Par déduction, on connaîtra aussi les stocks des silos. Une alerte pourra d'ailleurs être envoyée à partir d'un certain seuil. Concernant les volets, ils seront gérés grâce à la température, l'humidité ainsi que la qualité de l'air », explique encore Manuel de Calmès. L'éclairage, la ventilation ainsi que la brumisation sont également concernés. Pour ce faire, plusieurs capteurs ont été disposés dans le bâtiment et autour. En outre, il s'agit de proposer à l'animal le meilleur environnement afin d'augmenter ses performances. « Avec des données plus précises, la mortalité va être en baisse, note-t-il également. Comme le stress sera réduit, la consommation d'aliments sera aussi en baisse. Enfin, un air qui est chargé de poussières ajoute des problèmes supplémentaires. L'idée, c'est vraiment de les réduire au maximum pour que la poule reste dans un environnement de confort. »
Le confort de l'animal et de l'éleveur
Le confort, il en est également question pour l'éleveur. Il peut en effet suivre les données - en temps réel - à travers un site internet et une application dédiés. Des caméras sont également installées. « Elles ont le même intérêt que lors d'un vêlage. On va par exemple voir lorsqu'il y aura de l'agitation », précise Manuel de Calmès. La caméra intervient également lorsque les poules sont à l'extérieur. La fermeture des trappes peut en effet être retardée si un animal est encore dehors. « Le logiciel va compter les poules. Par ailleurs, si un renard est repéré, il sera signalé », ajoute-t-il. Cette fermeture s'appuie aussi sur les coordonnées GPS du bâtiment, afin d'obtenir les heures exactes de coucher du soleil. « On va fermer une demi-heure après le coucher du soleil. Cela dépend vraiment de la zone où l'on est », indique Manuel de Calmès.
Ces informations GPS seront également utilisées pour la gestion de la température. « On ouvre plus ou moins selon le sens du vent, avec des pourcentages et des ratios qu'on apprend sur le bâtiment, selon son positionnement. Il ne faut pas qu'il y ait de courants d'air ou de baisses de température. Notre chauffage, ce sont les poules. Et il y a moins de poules qu'un élevage conventionnel. Derrière, ce sont des lignes de code qui vont optimiser la gestion du bâtiment », relate-t-il encore.
Il suffit, en somme, d'avoir les bonnes informations. Et c'est ce qui permet vraisemblablement l'adaptabilité de ce système à toutes les productions, quelles que soient leurs zones géographiques. Pour autant, il se positionne véritablement comme un outil d'aide à la décision. Le savoir-faire et la présence de l'éleveur dans son bâtiment restent toutefois essentiels.
Aurélien Tournier