Un Sage pour prévoir et gérer les besoins en eau de demain

Après l'adoption de son diagnostic le 15 septembre dernier, les soixante-dix membres de la commission locale de l'eau (CLE) ont approuvé, le 20 juin à Châteauneuf-sur-Isère, le scénario tendanciel du schéma d'aménagement et de gestion des eaux (Sage). Un schéma qui concerne le Bas Dauphiné et la plaine de Valence, un territoire qui s'étend sur plus de 2 000 kilomètres carrés. Fruit d'une réflexion collective impliquant de nombreux partenaires (services de l'État, élus des collectivités, syndicats d'irrigation, associations environnementales, industriels, agriculteurs...), le Sage a pour objectif de « préserver la ressource en eau mais aussi l'ensemble des usages, a souligné Patricia Brunel-Maillet, présidente de la CLE et vice-présidente du Département de la Drôme. Tout le monde doit s'y retrouver. »
Eau potable, irrigation...
Véritable exercice de prospective, les acteurs du Sage anticipent les évolutions pour l'eau. « Le scénario tendanciel, c'est la tendance sur laquelle l'on va avec les programmes d'actions actuels, a précisé Martine Vincenot, représentante du syndicat des eaux du Sud-Valentinois. En matière de qualité de l'eau, on irait vers une stabilisation. Par contre, sur la plan quantitatif, ça reste tendu. » En effet, sur le périmètre du Sage, qui compte 100 communes sur la Drôme et 40 en Isère, le nombre d'habitants devrait passer de 320 000 à 385 000 d'ici 2040. Une évolution démographique qui nécessite de « garantir une alimentation en eau potable, a-t-elle ajouté. Mais aussi de l'eau pour l'ensemble des secteurs d'activité dont l'agriculture. C'est important pour l'économie du territoire. » Aujourd'hui, l'irrigation représente en moyenne 88 millions de mètres cubes. Un point haut, à 120 millions de m³, a été atteint en 2007. Il sert donc de référence.
Préserver l'activité agricole
« Nous devons faire reconnaître les efforts déjà menés par l'agriculture, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, a expliqué Jean-Claude Darlet, président de la chambre d'agriculture de l'Isère. En quinze ans, grâce aux progrès techniques et agronomiques, la consommation d'eau à l'hectare a été réduite de 15 %. Il faut cependant prévoir les conséquences du réchauffement climatique sur les besoins en eau des cultures. » Lui et Eric Mounier, élu à la chambre d'agriculture de la Drôme, ont appuyé pour que Sage prévoit la possibilité de stocker l'eau l'hiver, grâce notamment à des retenues collinaires. « Il ne s'agit pas de produire forcément plus, a argumenté Eric Mounier. Mais d'obtenir une assurance pour le maintien de l'agriculture. Notre présence au sein de la CLE permet d'expliquer nos besoins mais aussi de communiquer sur nos pratiques, comme la réduction des intrants à l'instar des fermes du réseau Dephy. Il y a encore du chemin à faire et les agriculteurs en sont pleinement conscients. Préserver l'irrigation permet aussi d'optimiser les capacités agronomiques. »
Un schéma ouvert
« On ne s'interdit aucune pratique, a fait remarquer Patricia Brunel-Maillet. Il ne faut pas moins produire mais mieux produire. Et la meilleure économie d'eau est celle que l'on n'utilise pas. » Représentant le Département de l'Isère, Bernard Perazio, a souligné que « le Sage n'est pas une fin en soi. Et qu'il convient de protéger la ressource en eau tout en restant dans le concret. »
Lorsque le Sage sera élaboré, c'est-à-dire en 2020 selon le calendrier établi, les grandes limites de l'usage de l'eau sur le périmètre seront alors définies. « Cela aura un caractère réglementaire, assure Martine Vincenot. De la même manière que pour l'espace foncier avec les schémas de cohérence territoriale (Scot). » Pour les membres de la CLE, l'étape suivante consistera à débattre des « mesures correctives » à proposer sur ce grand territoire.
Christophe Ledoux