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Elevage

Un service commun pour l'Isère et la Drôme

Pour optimiser leurs compétences tout en réduisant leurs coûts de fonctionnement, les chambres d'agriculture de l'Isère et la Drôme mutualisent leur équipe élevage. Une première en Rhône-Alpes.
Un service commun pour l'Isère et la Drôme

Faire mieux avec moins. La consigne était claire, la mise en œuvre un peu délicate, mais les chambres d'agriculture de la Drôme et de l'Isère y sont parvenues. En moins d'un an, les deux organismes consulaires ont réussi à renforcer leur offre de service, en mutualisant les compétences et en faisant jouer les complémentarités entre leurs équipes d'intervention. Observé de près par les départements limitrophes, ce tour de force a été salué lors de la journée de lancement de l'équipe interdépartementale d'élevage, le 12 janvier dernier à Chatte. « Pour une fois que nous mettons des choses ensemble sans créer de nouvelle structure ni d'usine à gaz, bravo ! », a souri Jean-Claude Darlet, président de la chambre d'agriculture de l'Isère. De son côté, Jean-Pierre Royannez, président du comité départemental d'élevage de la Drôme, a souligné le côté novateur de la démarche : « Nous sommes partis d'une feuille blanche et nous sommes dit qu'il fallait faire mieux avec ce que nous avions, en intégrant des départs à la retraite. Notre but, c'est d'être encore là demain et d'exister dans la nouvelle entité régionale. »
Au regard du mastodonte que constitue désormais la région Auvergne-Rhône-Alpes, le défi n'est pas mince. Car les élevages de la Drôme et de l'Isère ne sont que des nains en comparaison de ceux des Savoie, de la Loire ou de l'Auvergne. Pour continuer à peser et s'adapter aux futurs enjeux de la régionalisation, mieux valait donc anticiper et renforcer de façon conjointe la politique de l'élevage des deux départements, que de se retrouver contraint de le faire. « Aujourd'hui, ce n'est pas compliqué : nous n'avons pas de pression financière. Mais ça va l'être demain, et il faut se préparer à passer les étapes », estime Jean-Pierre Royannez.

Une équipe boostée

Toute la difficulté de l'entreprise consiste à maintenir, voire élargir, les compétences des équipes pour répondre à la diversité de l'élevage des deux départements, tout en réduisant les coûts de fonctionnement. Dans un premier temps, les deux chambres ont réalisé un état des lieux de l'existant. « Nous disposons de deux services d'élevage complémentaires, ce qui permet de couvrir l'ensemble des besoins de nos territoires respectifs », indique Didier Villard, président du comité départemental d'élevage de l'Isère. « Notre objectif, ce n'est pas de supprimer, mais de compléter, insiste son homologue drômois. Les conseillers n'ont pas peur pour leur place : il y a plutôt une complémentarité et une bonne entente. Certains évolueront plus sur une compétence, d'autres vont arrêter certaines missions pour en développer de nouvelles. L'équipe sera boostée. » Pas de doublon en perspective donc, mais plutôt une montée en compétence des techniciens et une réelle volonté de travailler ensemble. « Ce management unifié va permettre de mettre les bonnes compétences au bon endroit et de présenter des programmes qui pèsent, qui soient plus porteurs de sens par rapport au territoire », affirme Damien Colin, directeur de la chambre d'agriculture de la Drôme.
Concrètement, il s'agit de construire tout un service interdépartemental. Donc d'élaborer, filière par filière, un programme d'actions et une offre de service commune aux deux départements, mais aussi de définir les moyens alloués et la gouvernance financière du nouveau service interdépartemental. Les commissions stratégiques interdépartementales ont d'ores et déjà été mises en place. Animées par un conseiller élevage et constituées d'un élu référent par département, ainsi que de tous les acteurs de la filière, elles vont, pour chaque filière, proposer des orientations, faire remonter les enjeux, les besoins et les projets d'action au comité d'élevage, devenu interdépartemental lui aussi. Un premier bilan de cette nouvelle organisation sera soumis en septembre aux bureaux des deux chambres d'agriculture.

Marianne Boilève