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Prédateurs

Un site internet pour signaler les frelons asiatiques

Une plateforme de signalement et gestion en ligne du frelon asiatique en Auvergne-Rhône-Alpes vient d’être lancée. Objectif : mieux lutter contre cette espèce exotique envahissante.
Un site internet pour signaler les frelons asiatiques

Le 16 mai au lycée agricole du Valentin à Bourg-lès-Valence, la FRGDS(1) Auvergne-Rhône-Alpes a lancé « www.frelonsasiatiques.fr ». Il s'agit d'une plateforme pour signaler et gérer le frelon asiatique (Vespa velutina), un redoutable prédateur pour les abeilles. Elle a créé ce site en partenariat avec la Fredon(2) et avec le soutien financier de la Région ainsi que l'appui technique d'une apicultrice du Rhône informaticienne, Cécile Leveaux. Le président de la section apicole GDS régionale, Michel Carton, l'a souligné avant qu'Ericka Demetz, vétérinaire apicole à la FRGDS, se livre à une démonstration de fonctionnement de ce nouvel outil.

Une plateforme et une appli

A l'aide de cette plateforme informatique et de l'application mobile frelon asiatique « très intuitive » qui lui est associée (fonction de géolocalisation), quiconque peut signaler la présence de frelons asiatiques ou de nids et joindre des informations précises sur ses observations (coordonnées GPS, support et hauteur du nid, proximité avec un site sensible...). Via ce site internet, les acteurs du réseau (déclarant, animateur, référent, désinsectiseur ou encore mairie) peuvent ensuite gérer le signalement en interne. Chaque intervenant de la gestion du frelon asiatique a un compte adapté à son rôle.
La recherche et la destruction des nids de frelons asiatiques est aujourd'hui le seul moyen de limiter l'expansion du ravageur. Et la gestion de cette problématique a été particulièrement chronophage ainsi que coûteuse l'an dernier. Aussi, cette plateforme en ligne devrait s'avérer une aide précieuse pour réduire le temps de gestion des signalements et faciliter leur suivi. Mais aussi centraliser les déclarations et constituer une base de données. Des cartographies sont automatiquement établies pour visualiser les signalements selon leur statut (confirmation de l'espèce de frelon, nid détruit, erreur de signalement...). Sur ce site internet encore, afin de sensibiliser le grand public, des pages sont dédiées à la connaissance et à la reconnaissance du frelon asiatique. « Cet outil peut être reproduit dans l'ensemble de la France et sur d'autres problématiques, a confié Ericka Demetz. Sa construction a pris un an. 2019 est une phase de mise en place pour cette plateforme qui pourra évoluer.

Ericka Demetz (vétérinaire apicole à la FRGDS) et Michel Carton (président de la section apicole GDS Rhône-Alpes) ont présenté la plateforme de signalement et gestion du frelon asiatique.

Financer les destructions de nids

Depuis 2014, un partenariat est établi avec la Fredon. En 2015, un réseau de référents (volontaires) et d'animateurs départementaux a été constitué. Le rôle du référent est notamment, en cas de suspicion sur son secteur, de faire une enquête de terrain pour repérer les nids de frelons asiatiques. L'animateur, lui, coordonne les actions : il reçoit les signalements, mandate des désinsectiseurs pour détruire les nids de frelons asiatiques... Nouveauté 2019 : une gestion régionale des signalements avec un technicien dédié à cette mission à la FRGDS. Cependant, les référents (actuellement plus de 500 dans la région) et animateurs départementaux demeurent « les piliers de la lutte » contre ce ravageur.
205 euros, tel est le coût moyen de destruction d'un nid de frelons asiatiques (gestion comprise) donné par le président de la section apicole du GDS de la Drôme, Bernard Guellard. Pour lui, l'efficacité de la lutte passe par une destruction gratuite pour les particuliers. Donc, « il faut inciter l'administration et les responsables politiques à mettre en place des systèmes pour faciliter son financement ». Dans la Drôme, le Département et des EPCI apportent leur soutien (d'autres non) mais aussi la CNR cette année. L'objectif est « de faire baisser la pression, qu'elle soit tenable », a appuyé Bernard Guellard. Mais, avec les moyens actuellement disponibles, la lutte reste difficile. Les signalements de nids sont souvent assez tardifs (à la chute des feuilles, époque où des fondatrices en sont déjà parties). Aussi, les avancées scientifiques sont « particulièrement attendues » concernant l'amélioration des moyens de recherche de nids ainsi que la mise à disposition de pièges sélectifs et efficaces. 

Annie Laurie
(1) FRGDS : fédération régionale des groupements de défense sanitaire.
(2) Fredon : fédération régionale de lutte et de défense contre les organismes nuisibles.

 

L’avancée du frelon asiatique

Le frelon asiatique a été introduit en France en 2004 en Aquitaine. En Rhône-Alpes, il a été observé pour la première fois en 2011 dans l’Ardèche. En 2012, un réseau de surveillance a été mis en place dans ce département puis étendu à toute la région en 2013. L’Ardèche et la Drôme sont les départements les plus touchés de la région. Depuis 2016, la population de ce frelon explose, sa croissance est exponentielle. Et elle est sous-estimée puisque les nids ne sont pas tous repérés, certaines zones naturelles étant inaccessibles ou peu fréquentées.
Une croissance exponentielle
En 2018, le climat s’est révélé très favorable à la fondation et au développement de colonies de frelons asiatiques. Les signalements ont fortement augmenté par rapport à 2017 en Rhône-Alpes : 1 360 nids de frelons ont été trouvés contre 414 en 2017, soit plus du triple, dont 830 en Ardèche et 393 en Drôme (121 en 2017). Dans les départements moins impactés en 2017 - le Rhône, la Loire, l’Isère et l’Ain - le nombre de nids repérés a aussi augmenté. Et la présence du frelon asiatique a été constatée en Savoie pour la première fois l’an passé.
En Auvergne (où la mise en place du réseau de surveillance a débuté en 2017), le frelon asiatique est présent dans le Cantal depuis 2007 ainsi que l’Allier et le Puy-de-Dôme depuis 2011. En 2018, ont été signalés 476 nids (source : Fredon Auvergne).