Un troisième apport d’azote indispensable sur blé

La fertilisation azotée a un rôle sur la production du nombre de grain dont la valeur est définitivement fixée au stade floraison. En revanche, l'apport azoté n'influence pas le poids de chaque grain. Les apports tardifs ne peuvent avoir un effet bénéfique et simultané sur le rendement et la teneur en protéines qu'à condition d'intervenir avant floraison. Sauf année exceptionnelle, il est donc nécessaire de viser les stades sortie de dernière feuille-gonflement. Intervenir au-delà de ce stade n'aura qu'un effet sensible sur la teneur en protéines. Dans tous les cas, la pluie est un élément déterminant : il faut environ 10 à 15 mm de précipitation dans les 10-15 jours qui suivent l'apport pour une valorisation maximale et rapide.
De bonnes conditions pour piloter le dernier apport d'azote
Les apports réalisés en Rhône-Alpes depuis le 10 mars et jusqu'à début avril ont pu bénéficier d'au moins 15 mm de pluie en moins de 15 jours. Dans tous les départements on peut compter sur une bonne assimilation de l'azote épandu autour du stade épi 1 cm, avec en corollaire un bon coefficient d'utilisation. Seule la plaine du Forez (station météo d'Andrézieu-Bouthéon) se distingue avec 17 jours nécessaires pour cumuler 15 mm après des épandages réalisés le 18 mars. Ceci est sans conséquence car il a suffi de deux jours supplémentaires pour cumuler les 15 mm. Par ailleurs, dix jours après le 18 mars, le cumul atteint entre 10 et 11 mm. Ces conditions sont donc propices à l'utilisation d'un outil de pilotage et permettent de disposer d'une information fiable pour calibrer le dernier apport. Ces outils mesurent l'état de nutrition azotée de la plante et permettent d'ajuster la dose du dernier apport aux conditions de l'année. Le diagnostic doit être réalisé entre le stade 2 nœuds et le stade dernière feuille étalée. Quel que soit l'outil utilisé (Farmstar, N-Tester...), le diagnostic doit être réalisé sur une parcelle n'ayant pas reçu l'intégralité de la dose bilan calculée. Une dose comprise en général entre 40 et 60 kg d'azote/ha a été mise en réserve. Il est important de respecter les conditions de validité propres à chaque outil pour assurer la fiabilité du conseil.
Sur les parcelles touchées par des symptômes foliaires (carences en soufre, viroses...), l'interprétation d'une mesure ne sera pas pertinente car biaisée par les symptômes. Le pilotage du dernier apport est d'autant plus justifié dans les situations où l'incertitude sur les fournitures d'azote par le sol et/ou sur la valorisation des apports d'azote antérieurs est importante. C'est le cas notamment des systèmes de culture avec apports d'effluents d'élevage.
Formes d'azote : veiller aux conditions d'emploi
L'ammonitrate et les urées avec additif inhibiteur d'hydrolyse de l'urée (type NBPT) fournissent les meilleurs résultats et les plus réguliers. Ces formes sont à privilégier pour les derniers apports au stade dernière feuille étalée. L'urée et la solution azotée contiennent de l'azote sous forme uréique très sensible à la volatilisation : éviter les conditions sèches et venteuses lors de l'épandage. Par ailleurs, il est inutile d'anticiper les dates d'apport de ces formes d'engrais. Quelle que soit la forme d'engrais, pour les parcelles non irrigables, il est préférable d'intervenir la veille d'une pluie. Nos références expérimentales démontrent qu'en cas d'épandage en conditions sèches, la part réellement absorbée par les plantes n'est que de l'ordre de 85-90 % en ammonitrate. Pour les parcelles irrigables, prévoir un tour d'eau si nécessaire car l'irrigation est un bon moyen pour permettre l'absorption de l'azote au bon stade, avec un apport qui peut se réaliser jusqu'au stade gonflement.
Jean Pauget,
Arvalis-Institut
du végétal Rhône-Alpes
D’où viennent les protéines du grain ?
- 80 % de l’azote des grains provient de l’azote absorbé par la plante avant la floraison puis remobilisé vers les grains.
- 20 % de l’azote des grains provient de l’absorption post-floraison à partir des racines.