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Fertilisation du blé

Un troisième apport d’azote pour le rendement et les protéines

Le troisième apport d’azote sur blé est l’apport le mieux valorisé et le plus décisif pour combiner un effet sur le rendement et la teneur en protéines.
Un troisième apport d’azote pour le rendement et les protéines

La fertilisation azotée a un rôle sur la production du nombre de grains dont la valeur est définitivement fixée au stade floraison. En revanche, l'apport azoté n'influence pas le poids de chaque grain. Les apports tardifs ne peuvent avoir un effet bénéfique et simultané sur le rendement et la teneur en protéines qu'à condition d'intervenir avant floraison. Sauf année exceptionnelle, il est donc nécessaire de viser les stades sortie de dernière feuille-gonflement. Intervenir au-delà de ce stade n'aura qu'un effet sensible sur la teneur en protéines. Dans tous les cas, la pluie est un élément déterminant : il faut environ 10 à 15 mm de précipitation dans les 10-15 jours qui suivent l'apport pour une valorisation maximale et rapide.
80 % de l'azote des grains provient de l'azote absorbé par la plante avant la floraison puis remobilisé vers les grains. 20 % de l'azote des grains provient de l'absorption post-floraison à partir des racines.

De bonnes conditions pour piloter le dernier apport d'azote

La lecture du tableau ci-dessous montre que les apports réalisés à partir du 15 mars et jusqu'en début avril ont pu bénéficier d'au moins 15 mm de pluie en moins de 15 jours. C'est le cas dans les départements de l'Ain, du Rhône et de la Drôme. A Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs et en plaine du Forez, les apports réalisés entre le 16 mars et le 21 mars ont dû attendre plus de 15 jours (entre 16 et 18 jours) pour bénéficier d'un cumul de 15 mm. À partir du 22 mars, les conditions sont redevenues favorables. En Savoie comme en Haute-Savoie, les cumuls de pluie sont devenus favorables à partir du 22 mars.
Dans toutes ces conditions, le blé a pu réaliser une bonne assimilation des apports effectués, ce qui est propice à l'utilisation d'un outil de pilotage pour calibrer le dernier apport. Ces outils mesurent l'état de nutrition azotée de la plante et permettent d'ajuster la dose du dernier apport aux conditions de l'année. Le diagnostic doit être réalisé entre le stade 2 nœuds et le stade derniere feuille étalée. Quel que soit l'outil utilisé (Farmstar, N-Tester, Jubil...), le diagnostic doit être réalisé sur une parcelle n'ayant pas reçu l'intégralité de la dose bilan calculée. Une dose comprise en général entre 40 et 60 kg d'azote/ha a été mise en réserve. Il est important de respecter les conditions de validités propres à chaque outil pour assurer la fiabilité du conseil. Le diagnostic sera de qualité si, après l'apport précédent, la parcelle a reçu au moins 15 mm de pluie depuis une dizaine de jours. Ce délai permet à la plante d'assimiler l'azote et de disposer ainsi d'une information plus fiable. En cas contraire, l'outil va diagnostiquer une carence alors que la plante dispose encore d'azote assimilable. Sur les parcelles touchées par des symptômes foliaires (carences en soufre, viroses...), l'interprétation d'une mesure ne sera pas pertinente car biaisée par les symptômes. Le pilotage du dernier apport est d'autant plus justifié dans les situations où l'incertitude sur les fournitures d'azote par le sol et (ou) sur la valorisation des apports d'azote antérieurs est importante. C'est le cas notamment des systèmes de culture avec apports d'effluents d'élevage.

Formes d'azote : veiller aux conditions d'emploi

L'ammonitrate et les urées avec additif inhibiteur d'hydrolyse de l'urée (type NBPT) fournissent les meilleurs résultats et les plus réguliers. Ces formes sont à privilégier pour les derniers apports au stade dernière feuille étalée. L'urée et la solution azotée contiennent de l'azote sous forme uréique très sensible à la volatilisation : éviter les conditions sèches et venteuses lors de l'épandage. Par ailleurs, il est inutile d'anticiper les dates d'apport de ces formes d'engrais. Quelle que soit la forme d'engrais, pour les parcelles non irrigables, il est préférable d'intervenir la veille d'une pluie. Nos références expérimentales démontrent qu'en cas d'épandage en condition sèche, la part réellement absorbée par les plantes n'est que de l'ordre de 85-90 % en ammonitrate. Pour les parcelles irrigables, prévoir un tour d'eau si nécessaire car l'irrigation est un bon moyen pour permettre l'absorption de l'azote au bon stade, avec un apport qui peut se réaliser jusqu'au stade gonflement. 
Jean Pauget,
Arvalis-Institut du végétal Rhône-Alpes