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FOIRE DE BEAUCROISSANT

Une Beaucroissant en prise avec l’actualité

Pas de foire sans annonces. Le monde agricole a retenu de cette 799e édition la promesse de partager le problème de l’eau, des tirs de prélèvement sur le loup et un retour à la normale des paiements Pac.
Une Beaucroissant en prise avec l’actualité

Le monde agricole s'était donnée rendez-vous vendredi 14 septembre pour l'ouverture de la 799e foire de Beaucroissant. « Cette foire appartient au patrimoine local », a répété Georges Civet, le maire de Beaucroissant en accueillant les nombreux élus qui s'étaient déplacés pour l'inauguration, signe d'un intérêt particulier pour les dossiers agricoles. À quatre mois des élections à la chambre d'agriculture, Jean-Claude Darlet, président de la chambre d'agriculture de l'Isère, a présenté un « baromètre de l'agriculture entre passable et maussade », et a pointé certains paradoxes qui secouent l'agriculture, depuis les espoirs douchés par les résultats de la loi sur l'alimentation et l'avenir incertain de la Pac. La contradiction du jour, c'est celle qui concerne les Cipan(1). « Il est impossible d'ensemencer un sol sec », a lancé le président de la chambre d'agriculture invitant à « un retour à la raison ». Autre dossier chaud, ou plutôt sec, celui de la consommation d'eau, car l'agriculture est à ce jour le seul secteur auquel sont imposées des contraintes. « Nous demandons l'équité de traitement », a déclaré Jean-Claude Darlet.

Le glyphosate, le loup et le TODE

À la veille du vote du projet de loi sur l'agriculture et l'alimentation, qui a rejeté l'interdiction du glyphosate, le président de la chambre d'agriculture a rappelé que les agriculteurs « ne sont pas accros aux phytos ». Enfin, évoquant le loup et le bien-être animal, il regrette que les « dizaines de millions d'euros » dépensées pour les mesures de protection, les indemnisations et l'instruction des dossiers ne soient pas prélevées sur les budgets des lobbies « qui veulent pérenniser le loup », plutôt que sur celui du ministère de l'Agriculture. La députée de la circonscription, Elodie Jacquier-Laforge, a invité les agriculteurs à communiquer sur leurs pratiques et s'est justifiée par avance de ne pas voter l'interdiction du glyphosate, mais de préférer « l'accompagnement à la coercition ». Pas sûr en revanche que le « compromis » qu'elle recherche sur le loup corresponde aux attentes des éleveurs. D'ailleurs, le préfet, Lionel Beffre, a annoncé qu'il proposera des tirs de prélèvement dans les secteurs du Vercors, du Valbonnais, du Taillefer et de Belledonne. Une décision qui tient compte des attaques plus nombreuses, des mesures de protection mises en place et du plus grand nombre de louvetiers. Il a également proposé de donner un cadre plus large, au niveau interconsulaire, à la réflexion sur la sécheresse. « Tout le monde doit être concerné par cette question ». Enfin, sur les retards de paiement Pac, il a annoncé un retour à la normale pour 2018 et une augmentation du taux de l'acompte à 70 % sur le premier pilier, qui sera versé au mois d'octobre. L'ICHN sera portée à 85 % pour tenir compte de la sécheresse. 

Isabelle Doucet et Jean-Marc Emprin
(1) Cipan : cultures intermédiaires pièges à nitrates.

 

Race / Le concours charolais fut encore l’un des temps forts de la foire de Beaucroissant. Un rendez-vous apprécié des éleveurs, mais aussi des visiteurs venus découvrir des animaux emblématiques du savoir-faire local.

La charolaise, star de la foire

Il est quatorze heures et, sous une météo menaçante, les premiers bovins sortent du chapiteau pour pénétrer sur le « ring ». En ce vendredi après-midi, ce sont les meilleurs veaux mâles de la région qui s’affrontent, classés en six catégories d’âge des plus jeunes aux plus vieux. Après cette première sélection, les veaux primés dans chaque catégorie reviennent au centre du ring afin de concourir pour les prix automne et hiver-printemps puis pour le titre du veau mâle de l’année. Un titre convoité qui reviendra cette année à Ortolan, un jeune veau originaire du Rhône. Pas le temps de souffler que démarre le concours des taureaux. Un rendez-vous spectaculaire qui voit s’affronter des bêtes de plus de 1 200 kg et qui attire comme chaque année de nombreux curieux.
Les standards de la race
Pour arbitrer le concours cette année, les juges Dimitri Fayet et Jean-Marc Touillon ont fait le déplacement depuis la Nièvre. Tout au long du week-end, ils veilleront à primer des bêtes dont les caractéristiques s’approchent au plus près des standards de la race charolaise, définis dès 1854. Pour ce faire, la morphologie générale de chaque bête est étudiée avec un pointage du volume général, des qualités de race, du dessus, de la largeur du dos, de la culotte et de la tête de l’animal. Après une première inspection immobile où les deux juges vont pouvoir tâter l’épaisseur de la peau des bêtes, c’est ensuite leur démarche et leur docilité qui vont être appréciées en les faisant marcher tout autour du ring. Objectif : mettre en avant des bovins bien formés, peu osseux et riches en graisse, ceci pour assurer aux acheteurs de bons reproducteurs et aux bouchers des pièces de qualité.
Carte de visite pour les éleveurs
À Beaucroissant, le concours charolais est organisé par le syndicat d’éleveurs Charolais Sud-Est, groupement d’éleveurs originaires de la Loire, la Haute-Loire, l’Isère, l’Ain, le Rhône et les Hautes-Alpes. Un syndicat présidé pour la première fois cette année par l’Isérois Raphaël Loveno, élu en début d’année par ses pairs. Selon lui, « l’intérêt d’un tel concours se mesure en termes de prestige. La renommée que va pouvoir apporter un prix d’honneur va par la suite amener une plus-value à l’exploitation, et à terme des tarifs plus avantageux à la revente ». Pour cette 23e édition, ce sont 30 éleveurs qui se sont réunis afin de présenter quelque 130 animaux en compétition et espérer ainsi remporter un prix d’honneur. Si les prix individuels ne leur sourient pas, les éleveurs pourront viser des prix spéciaux comme les prix de famille (ex : une mère et ses deux veaux), les prix d’ensemble (trois mâles nés chez un même éleveur) ou encore les prix d’élevage (un mâle adulte et trois femelles issus d’un même élevage).     
 Pierre Garcia