Une campagne irrégulière qui donne de bons rendements

Les conditions d'octobre (dans la normale) ont permis une mise en place des cultures tout à fait propice à une bonne levée. Les surfaces en Rhône-Alpes sont restées stables par rapport aux emblavements de l'automne 2015.
L'hiver froid sec qui a suivi n'a pas pénalisé le nombre de pieds. Ces températures ont eu l'intérêt de contrôler les populations de pucerons et ainsi de limiter le risque JNO (jaunisse nanisante de l'orge).
Ce constat aurait pu retarder les stades. Mais le stade épi 1 cm est arrivé dans la normale, voire avec une semaine d'avance dans la Drôme. Le nombre de talles par plante était assez élevé. Cumulé à la faible perte de pieds, cela a conduit à un nombre de tiges/m² assez important dans chacune des zones étudiées. (cf : tableau 1)
La montaison perturbée par le sec et le froid !
La montaison a été perturbée par deux évènements climatiques majeurs : la sécheresse et une période de froid importante vers le stade fin montaison. Le sec a impacté le nombre d'épis, faisant régresser un certain nombre de talles. Sur l'essai de Lyon Saint Exupéry, la partie non irriguée a perdu environ 100 épis par m2 par rapport à celle qui a eu deux apports d'eau. Cela représente environ 25 % des épis en place. En fonction du type de sol, l'incidence a été plus ou moins grande. L'épisode de froid (entre deux nœuds et épiaison) a été très proche de pénaliser très fortement le potentiel.
Des symptômes de dégâts de froid sur épi ont pu être observés (barbes déformées, épillets blancs) mais fort heureusement ils ont été très localisés et de faible incidence pour le rendement. La fertilité épi a été bonne, bien corrélée avec le nombre d'épis déployés. Il n'y a donc pas eu (ou très peu) de perturbations lors de la méiose des grains (sur les variétés qui étaient les plus en avance) (cf.schéma 1). Les maladies ont été peu présentes cette campagne. Le sec et les épisodes de froid n'ont pas été favorables à la septoriose qui est arrivée tard (début mai sur les étages foliaires supérieurs) et plus particulièrement sur les variétés sensibles. Les rouilles brunes et jaunes se sont un peu développées dans la Drôme.
De l'épiaison à la récolte, le sec gagne de l'ampleur
Les épisodes pluvieux du 20 avril à mi-mai auront permis de bien valoriser les apports d'azote à l'épiaison. Les statuts azotés ont donc été favorables à l'accumulation de protéines dans le grain.
À partir de mi-mai, c'est le retour du sec accompagné de fortes températures. Dans les situations à faible réserve hydrique, cela accentue le déficit déjà bien présent. Cela ne semble pas avoir trop pénalisé le nombre de grains par épi. Le nombre de grains par mètre carré a donc été impacté par le manque d'épi, conséquence de la montaison dans le sec. Par la suite, le remplissage du grain a été touché, plus ou moins en fonction de la réserve utile. Dans les graviers de la plaine de Lyon, il y a 15 g de PMG de différence pour une même variété conduite à l'optimum de l'irrigation par rapport à une conduite sans apport d'eau. La différence de poids des grains entre les différents régimes hydriques n'a cessé de s'amplifier jusqu'à la maturité. Un tel différentiel a rarement été mesuré. Dans les autres situations, lorsque la réserve utile était plus importante, le sec de fin de cycle ne s'est pas trop ressenti
(cf. tableau 2).
Dans les graviers de la plaine de Lyon, l'impact du déficit hydrique sur le remplissage a été très pénalisant pour le rendement. Les quatre tours d'eau ont permis de préserver 50 qx (voir encadré).
Une récolte dans de bonnes conditions
La récolte a été assez précoce. Le printemps sec et très chaud a finalement accéléré les stades. D'une façon générale en Rhône-Alpes, la qualité est au rendez-vous alliant teneur en protéine, PS et rendement.
Thibaut Ray Arvalis