Une collection d’agrumes unique au monde

C'est sur la côte Nord-Est de la Corse que l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) a installé une remarquable collection d'agrumes, probable-
ment la plus belle et la plus complète au monde. Vus de la route, le novice pourrait aisément confondre les vergers de l'Inra avec un des champs de clémentiniers qui jalonnent la plaine orientale, au sud de Bastia. Pourtant, on cultive ici pas moins de 800 variétés d'agrumes sur 13 hectares de vergers. En tout, plus de 5 000 plantes, arbres ou arbustes, à fruits comestibles ou non, stars des étals ou raretés méconnues : oranges, citrons, clémentines, pamplemousses mais aussi bergamote, calamondin, kumquat, cédrat, citron caviar ou encore main de Bouddha...
Un inestimable réservoir de biodiversité !
« Du fait de l'insularité, il y avait historiquement en Corse une pression de parasites et de maladies plus faible qu'ailleurs. Et puis nous sommes en limite nord de l'aire de culture des agrumes. C'était un lieu favorable pour établir une collection », explique Olivier Pailly, directeur de l'unité de recherche génétique et écophysiologie de la qualité des agrumes au centre Inra de San Giuliano, qui compte aussi une équipe du Cirad.
L'histoire débute en 1958, avec la création de la station de San Giuliano, reprise par l'Inra en 1965 en collaboration avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), afin de contribuer au développement de la plaine orientale par la culture des agrumes. À cette époque, une collection de ressources génétiques « in horto » de près de 1 100 espèces et variétés d'agrumes est constituée. Cette collection, une des plus importantes au monde, sert à la fois d'objet d'étude, de matériel de base pour la création et la sélection variétales, de matériel végétal à large renommée et diffusion internationale. C'est également l'ensemble du système de culture du clémentinier, du fait de son adaptation en Corse, qui a été étudié, avec une orientation plus spécifique aujourd'hui sur les facteurs d'élaboration de la qualité des fruits et sur le développement de systèmes de production plus respectueux de l'environnement et durables.
Agrumes et élevage, les liens se tissent
En 1979, le laboratoire de recherche sur le développement de l'élevage (LRDE) est créé à Corte. Son objectif : répondre à une problématique de l'intérieur de l'île par le développement et la valorisation des activités d'élevage. Aujourd'hui, c'est dans une approche totalement systémique qu'est traitée la question du pastoralisme durable mobilisant les parcours méditerranéens comme ressource pérenne, les itinéraires de qualification, la gestion territoriale des races et la gestion collective de la santé animale.
En 1984, le centre Inra de Corse est créé. C'est le dernier né des 19 centres régionaux de l'Institut, mais aussi le plus petit avec une soixantaine d'agents titulaires, dont une douzaine de chercheurs et ingénieurs. Il dispose d'un domaine expérimental de 100 hectares, de laboratoires bien équipés et d'installations modernisées (serres).
Une reconnaissance mondiale
Les ressources génétiques agrumes de San Giuliano sont connues et reconnues mondialement. Avec près de 1 200 accessions, c'est une des collections les plus riches au monde notamment dans le groupe des mandariniers. Depuis son origine, l'unité a toujours valorisé ses ressources génétiques dans le cadre d'échanges scientifiques, d'appui aux projets de développement dans différents pays, mais également de manière purement commerciale. Ainsi, le matériel caractérisé, conservé et contrôlé sanitairement est diffusé, dans une trentaine de pays et territoires, sous forme de semences pour les porte-greffes et de greffons pour les variétés. À ce titre d'ailleurs, l'unité est officiellement reconnue comme producteur de semences de porte-greffe d'agrumes dans le cadre de la certification fruitière. Actuellement, la conservation n'est réalisée que sous la forme d'arbres en verger. À noter, une forme alternative, la cryoconservation, est à l'étude. « Le défi est de taille car, même si cette technique est applicable à bon nombre d'espèces, elle semble peu propice à des espèces comme le poncirus trifoliata et les kumquats en raison de leur forte sensibilité à la dessiccation. Par ailleurs, les espèces mono-embryonnées comme les cédratiers ou les pamplemoussiers ne peuvent être conservées sous forme de graines. Des alternatives comme la cryoconservation d'apex seront étudiées pour ces agrumes-là », peut-on d'ailleurs lire sur le site du centre Inra. n
Source : Inra de Corse
Pour en savoir plus : http://www.corse.inra.fr/