Une convention pour sécuriser les exploitations

«Notre boulot, nous l'aimons, nous le faisons avec passion. Quatre mois après l'intrusion de l'association DxE France, il est plus facile d'en parler. Mais c'est aujourd'hui une aberration de voir que nous devons fermer nos bâtiments d'élevage à clé. Nous sommes vraiment tombés sur des extrémités, nos poulaillers sont devenus des prisons... », regrette Philippe Barbeyer, éleveur de volailles et de lapins à Allex, en compagnie de ses deux frères, Denis et Hervé. L'EARL Barbeyer a en effet été victime, en mars dernier, d'une intrusion de l'association DxE, visant à dénoncer de mauvaises conditions d'élevage. Une stupeur à laquelle le trio d'éleveurs a dû faire face, alors que l'exploitation familiale existe depuis 1963. C'est au sein de ce site d'élevage que se sont réunis, mercredi 2 octobre, les représentants des différentes structures agricoles et des forces de sécurité autour du préfet de la Drôme Hugues, Moutouh, et du procureur de la République, Alex Perrin, pour signer conjointement une convention relative à la sécurité du milieu agricole.
Des efforts mis à mal par des antispécistes
Thierry Mommée, éleveur et membre de la chambre d'agriculture de la Drôme, en a profité pour alerter les pouvoirs publics sur le mal-être de la profession agricole : « En Drôme, la filière agricole dans son ensemble subit de plus en plus de désagréments : vols, dégradations, intrusions. L'élevage a considérablement évolué ces dernières années et les éleveurs ont comme vocation de promouvoir le bien-être animal, le confort, etc. Malheureusement, tous les efforts qu'a pu faire l'agriculture ont été mis à mal à travers ces mouvements. Le fossé se creuse entre la société et le monde agricole. Il faut stopper ces attaques malveillantes de plus en plus récurrentes ».
Pour y parvenir, les professionnels agricoles peuvent compter sur le soutien des autorités publiques qui ont rapidement réagi en avril dernier, avec la création d'un comité de travail composé des forces de l'ordre, de la chambre d'agriculture de la Drôme, de la fédération départementale des chasseurs, de la DDT et de la DDPP. Trois axes de travail ont été retenus pour rassurer les consommateurs, les filières et les exploitations, pour aider les agriculteurs sur le plan juridique et judiciaire et, enfin, pour dissuader et prévenir les actes malveillants.
Vigi Agri 26, une vigilance accrue
La convention, signée par toutes les instances concernées, permet de bénéficier d'une vigilance particulière de la part de la gendarmerie et de la police nationale aux abords des espaces agricoles, à l'occasion de patrouilles organisées dans les territoires. Par ce biais, les forces de sécurité s'attachent à développer des contacts fréquents avec les exploitants. D'ailleurs, ces derniers auront un contact privilégié avec un référent de la sécurité du milieu agricole, identifié au niveau local. « Un réseau d'alerte Vigi Agri 26 a été mis en place afin de protéger son exploitation agricole, de faciliter la sécurisation des bâtiments et matériels, de signaliser les biens sous surveillance et de disposer d'une écoute réactive des services de l'ordre », a expliqué Olivier Durant, chef de service à la chambre d'agriculture. Ce dispositif, qui fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, demande une participation financière de 24 € pour une durée de deux ans. Aussi, des alertes SMS provenant de la gendarmerie ou de la police avertiront, les exploitants adhérant à ce service, de faits délictuels commis au préjudice d'agriculteurs afin de renforcer la vigilance. Enfin, grâce à cette convention, les agriculteurs, éleveurs et chasseurs, victimes d'intrusion ou d'actes malveillants, pourront bénéficier du dispositif de la pré-plainte en ligne, afin de faciliter leurs démarches.
Stop à l'agribashing
« Aujourd'hui, être agriculteur, ce n'est pas seulement difficile, c'est aussi risqué, a remarqué le préfet. C'est la responsabilité des pouvoirs publics de mettre un coup d'arrêt à ces pratiques, que nous ne voulons pas voir sur le département. Nous devons faire face à ce terrorisme antispéciste. »
Créer un maillage serré avec les forces de sécurité, tel est donc l'objectif pour soutenir la filière agricole qui se retrouve aujourd'hui dans la détresse. « Cette convention répond à la volonté du monde agricole de s'engager aux côtés des forces de l'ordre, non seulement pour améliorer le lien entre les deux entités mais également pour être le plus réactif possible auprès de nos éleveurs et tenter de calmer les ardeurs de certains militants antispécistes », a conclu Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme.
La convention a été conclue pour une durée de deux ans à compter de sa signature. Elle sera renouvelée, par tacite reconduction, sauf décision contraire de l'une des parties signataires.
Amandine Priolet