Nous l'avions rencontré en 2015. Manuel de Calmès, alors âgé de 22 ans, lançait la commercialisation du « Cronobag », un dispositif de vidange automatique et sécurisée des sacs big-bag pour le monde agricole. Une innovation qui avait rencontré un franc succès, le jeune homme ayant été distingué lors des Trophées de l'entreprise, dans la catégorie « Innovation technologique », organisés par la communauté d'agglomération Valence Romans Sud Rhône-Alpes. Pendant le Sommet de l'élevage, à Cournon-d'Auvergne, son produit avait également remporté un sommet d'or, pour le confort d'utilisation, la sécurité ainsi que la rapidité d'exécution.
Deux ans plus tard, le Cronobag ne s'est écoulé qu'à une vingtaine d'exemplaires. Manuel de Calmès ne parait toutefois pas surpris. « C'est de l'innovation, il faut cinq ans pour que cela parte », souligne-t-il notamment. Mais si certains appareils ont trouvé des acquéreurs dans les Landes, en Allier, Haute-Loire, dans le Rhône ou même au port de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), des ventes ont aussi été réalisées à l'international, à savoir l'Allemagne, le Chili ainsi qu'en Corée du Sud. Force est en tout cas de constater qu'aucune vente n'a encore été effectuée dans le département de la Drôme. « Les ventes progressent dans l'industrie. Mais pour les agriculteurs, c'est dur de franchir le pas. Il y a des contraintes économiques, nous dépendons beaucoup des cours du blé », ajoute-t-il aussi. Le jeune homme sait de quoi il parle. Il avait en effet près de quarante pré-commandes avant les moissons. Mais aucune transaction n'a finalement été effectuée. « Mais ceux qui ont acheté la machine en sont pleinement satisfaits », précise-t-il encore.

Pour désherber et débroussailler

Pour autant, malgré ce chiffre qui peut paraître bas - qui plus est au regard de l'intérêt de l'innovation -, l'activité reste viable. Le dirigeant continue d'ailleurs de développer de nouveaux produits et de nouvelles technologies. Fin avril, il a ainsi lancé la commercialisation d'une désherbeuse manuelle. Celle-ci est aujourd'hui disponible dans les magasins GammVert de la coopérative Valsoleil. « C'est à la fois une pioche, une binette, un rateau et une faux », explique Manuel de Calmès.
Cet outil polyvalent veut ainsi faciliter les opérations de désherbage et de débroussaillage. Le tout, en réduisant la pénibilité. Grâce à ses lames tranchantes, la désherbeuse permet un déchaumage rapide et efficace. Elle coupe les plantes indésirables de deux à trois centimètres sous le collet. Elle peut par ailleurs sectionner des tiges jusqu'à deux à trois centimètres de diamètre, comme les ronces ou encore l'ambroisie. Outre être plus ergonomique, cette désherbeuse manuelle ne présente aucun risque de pollution pour l'environnement. « Cet outil remplace un désherbeur thermique électrique ou à gaz, sans risque de brûlure et de départ d'incendie. Il évite aussi l'utilisation des produits de désherbage chimique, les préparations de bouillies et le rinçage de matériel, précise encore son concepteur. Pour le créer, je me suis inspiré d'un outil forestier américain. L'idée première était que l'on puisse lutter contre l'ambroisie », ajoute Manuel de Calmès. Mais ce n'est point la seule utilisation. Les jardiniers amateurs, les maraîchers ou même les collectivités - et leurs services « espaces verts » - peuvent en effet être intéressés. Pour l'heure, 150 exemplaires ont été vendus. Les perspectives restent intéressantes. D'autant qu'un distributeur, situé au nord de la France - près de la Belgique et du Luxembourg -, va lui aussi proposer le produit auprès de ses partenaires.

Un motoculteur pour la bio

A 24 ans, difficile pour le jeune dirigeant de se projeter davantage. Celui qui imagine les solutions agricoles de demain garde en tout cas les pieds sur terre. Le jeune homme a d'ailleurs choisi de garder un deuxième emploi afin de pouvoir continuer d'assouvir sa passion. Les projets restent nombreux, tant en matière de développement de nouvelles technologies qu'en partenariats pour la distribution.
Le prochain produit à voir le jour devrait en tout cas être un motoculteur, destiné à l'agriculture biologique. « Les petites structures, en agriculture biologique, doivent pouvoir désherber de façon continue, avec une machine très étroite pour passer dans les rangées, explique Manuel de Calmès. Ces dernières dépendent souvent de la largeur du tracteur, ou de celle d'un motoculteur standard. On plante par rapport à cela. Or, il faudrait planter par rapport à ce dont a besoin la plante. » Il a donc choisi de travailler sur des largeurs plus étroites. Ce projet, il l'avait dans la tête depuis plusieurs années. Le voilà désormais lancé. Ce nouveau motoculteur pourrait voir le jour d'ici à la fin de l'année. 
Aurélien Tournier