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Lutte contre l’Esca

Une deuxième vie pour des vignes condamnées

Les maladies du bois, type Esca/BDA, entraînent chaque année des pertes de rendements et la mort des ceps de vigne. Elles semblent de plus en plus présentes et visibles sur tous les cépages. L’alternative chimique n’étant plus ce qu’elle était depuis l’arrêt en 2001 de l’arsénite de sodium, les chercheurs et groupes de travail continuent d’explorer des pistes pour remédier à ce dépérissement sans forcément utiliser des produits phytosanitaires.
Une deuxième vie  pour des vignes condamnées

La chambre d'agriculture de la Drôme accompagne des groupes de viticulteurs qui travaillent sur la réduction des intrants phytosanitaires mais aussi sur le maintien des rendements et la durée de vie du vignoble. Des groupes « MIVigne » (mobilisation, innovation vigneronne) se sont constitués en 2017 dans le nord et le sud du département afin d'apporter des solutions face au déclin du vignoble et de les tester. A la question : « quelles sont les causes du dépérissement du vignoble », les viticulteurs des groupes MIVigne ont été unanimes dans l'une de leurs réponses : « l'Esca ». Certains ont donc voulu mettre en place des parcelles d'essais pour remédier à cette maladie.

Recépage et curetage : des méthodes curatives

La connaissance de nouvelles techniques de lutte curative contre l'Esca, utilisées notamment en Val de Loire, a attisé l'intérêt des viticulteurs et les a amenés à vouloir les tester sur leur vignoble. Le domaine Jaume Richard et Pascal à Vinsobres est l'un de ceux à avoir initié du recépage couplé à du curetage sur une parcelle de mourvèdre très atteinte. En août dernier, la chambre d'agriculture de la Drôme a organisé une visite sur cette parcelle pour présenter les techniques mais aussi et surtout les premiers résultats à court terme dans l'assainissement des ceps de vigne atteints.
En effet, les ceps touchés par l'Esca en 2018 se retrouvent indemnes de symptôme fin 2019 après avoir été soigneusement recépés et (ou) curetés au printemps 2019. Ce travail, réalisé par la conseillère et accompagnatrice du groupe MIVigne, Marie-Véronique Blanc, était assez rapide, « ne prenant que cinq à dix minutes par cep en fonction de son niveau d'atteinte », précise-t-elle. (photos ci dessous).

Photo 2 : Cep malade recépé et cureté mi-mars 2019.Photo 3 : Cep recépé et cureté (août 2019).
Sur les 22 ceps traités, un est mort car très atteint par la maladie et deux ont réexprimé des symptômes dans une modalité « curetage partiel ».
Les résultats obtenus sur cette parcelle d'essai semblent prometteurs en termes de « résiliation » de la maladie et d'allongement de la durée de vie des ceps. Pascal Jaume était très satisfait du taux de reprise et du retour en végétation sans symptôme. « Cependant, ils se basent sur un recul d'un an seulement », prévient Marie-Véronique Blanc. Il faut donc, bien évidemment, poursuivre le suivi de ces ceps et multiplier le nombre de ceps « soignés » sur la parcelle. Il faut également tester ces techniques sur d'autres parcelles, chez d'autres vignerons, pour consolider les résultats. Le réseau MIVigne répond à cette attente avec ses 29 groupes repartis sur trois grands bassins viticoles dont certains testent ces mêmes techniques sur d'autres cépages et sur d'autres terroirs. Dans la Drôme, une deuxième parcelle va ainsi s'ajouter à celle de Vinsobres, au nord du département. Une synthèse de tous ces essais nationaux sera prochainement publiée pour plus de véracité.

La taille : une méthode préventive

Un autre volet de la lutte contre l'Esca - à savoir la qualité de la taille sachant que les champignons responsables de la maladie pénètrent par les plaies de taille - a aussi été abordé dans les groupes MIVigne. Deux plantiers de l'année, à Bouchet et Chanos-Curson, ont été suivis selon un protocole d'absence de plaies de taille hivernale sur la charpente du cep au cours des quatre premières années d'établissement, et en privilégiant l'ébourgeonnage (photo ci dessous ).

Photo 4 : Ebourgeonnage dès la première année de plantation.
L'impact sur les maladies du bois et (ou) le bon fonctionnement des vaisseaux de ce type de taille se vérifiera à moyen terme face à un témoin de taille classique.

Marie-Véronique Blanc, conseillère spécialisée à la chambre d'agriculture de la DrômeContact : 06 25 63 58 85 - [email protected]