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Spiritueux

Une distillerie de whisky dans le Vercors

Du single malt bio va être produit à Saint-Jean-en-Royans.

Une distillerie de whisky dans le Vercors

Ils ont fini par la trouver cette perle rare ! Anne-Hélène et Eric Cordelle, originaires de Saint-Quay-Portrieux (près de Saint-Brieuc, dans les Côtes-d'Armor) ont récemment acheté une ancienne magnanerie du XVIIIème siècle à Saint-Jean-en-Royans, au bord de la RD131. Fille d'agriculteurs, la première était bénévole dans de nombreuses associations. Le second œuvrait dans une société de conseils, enchaînant ainsi les allers et retours entre Paris et la Bretagne, après avoir travaillé plusieurs années dans une banque. Tous deux vont ouvrir une distillerie et produire un single malt bio, à partir de céréales issues de l'agriculture biologique. Un secteur porteur. Montant de l'investissement : plus d'un million d'euros, financé avec l'aide d'associés. L'entreprise a également pu bénéficier d'aides auprès du Département de la Drôme, de la Région ainsi qu'à travers le Feader*.
Approvisionnement local
Selon eux, c'est un peu le « coup de folie de la quarantaine ». Mais plus qu'un nouveau projet professionnel, il s'agit aussi d'un projet de vie. Un projet mûrement réfléchi depuis 3 ans et demi, et pour lequel ils se sont formés auprès du centre international des spiriteux. Fallait-il encore trouver le lieu idéal. « Nous avons parcouru plusieurs régions. À chaque fois, nous sommes aussi allés voir les municipalités pour leur exposer notre projet. Dans certaines, on nous expliquait que notre place était en zone artisanale. Nous avons eu un super accueil ici », relate Anne-Hélène Cordelle. Il faut dire que le couple d'entrepreneurs souhaite aussi créer un pôle touristique, l'unité de production étant également destinée à accueillir des visiteurs. Un site par ailleurs créateur d'emplois. D'ici les cinq prochaines années, l'effectif devrait se porter à huit salariés. « Nous allons distiller toute l'année. À moyen terme, nous visons de remplir 200 fûts par an », précise Eric Cordelle.
Les travaux pour la réhabilitation des bâtiments ont débuté en septembre. Ils devraient être terminés à la fin du printemps. Les entrepreneurs ont également acquis dix hectares de terres aux alentours. « Nous allons cultiver deux hectares d'orge chaque année, en rotation », ajoute Anne-Hélène Cordelle. Entre 5 et 15 % des matières premières proviendront dès lors de la propriété. « Difficile d'évaluer le rendement du bio », tempère Eric Cordelle. La distillerie travaillera aussi avec la coopérative ardéchoise Malteurs Echos. Pour ce couple, le bio est une évidence. « Nous allons d'ailleurs utiliser de l'eau de source du Vercors, souligne Anne-Hélène Cordelle. Pour ce faire, nous avons réhabilité un vieux captage. Le bio, c'est le respect du consommateur. »

Respectueux de l'environnement

L'un des bâtiments a déjà sa toiture. Les deux alambics ont ainsi déjà trouvé leur place. Le premier, traditionnel, est en cuivre. Le second, plus innovant, est en inox. Celui-ci, unique au monde, a d'ailleurs été fabriqué spécifiquement pour la distillerie du Vercors. « Nous allons distiller en basse température. Nous avons pris le parti de chauffer moins, afin de ne pas perdre une part des arômes et chercher quelque chose de plus fin », explique Eric Cordelle. Les chais de vieillissement seront pour leur part installés dans les caves des bâtiments.
Tout au long de l'élaboration du whisky, différents déchets seront produits (vinasse, drêches). « Les drêches seront données à des éleveurs de vaches laitières. Nous garderons la vinasse dont nous aurons besoin mais nous en proposerons également. C'est un bon engrais », rappelle Anne-Hélène Cordelle. Le couple a également installé des échangeurs pour récupérer la chaleur produite et ainsi préchauffer les cuves. Le circuit de refroidissement de la distillerie chauffera par ailleurs la boutique. Un espace qui ouvrira rapidement, le couple proposant aussi des jus de pomme bio ainsi que d'autres alcools. 
Aurélien Tournier
* Feader : fonds européen agricole pour le développement rural.

 

Des visites cet été

Il faudra attendre trois années avant de pouvoir déguster le premier whisky. Mais dès le mois de juillet, Anne-Hélène et Eric Cordelle feront visiter leur site de production. Ils expliqueront ainsi tout le processus de fabrication. La conception des bâtiments s'y prêtent : les visiteurs pourront facilement voir les différentes étapes. Le couple d'entrepreneurs envisage également d'aménager une salle pour des séminaires d'entreprises.