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Traitement des eaux usées

Une enveloppe de 10 millions d'euros pour hygiéniser les boues d'épuration

Depuis le début du confinement, les stations d'épuration du bassin Rhône-Méditerranée Corse ont dû isoler les boues non-hygiénisées produites pendant l'épidémie et appliquer des traitements robustes afin d'écarter toute contamination au Covid-19 possible.
Une enveloppe de 10 millions d'euros pour hygiéniser les boues d'épuration

Les boues de stations de traitement des eaux usées produites lors de l’épidémie de Covid-19 peuvent-elles contenir et disséminer le virus lors des épandages agricoles ? C’est la question que s’est posée l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Saisie de la question en urgence alors que la période d’épandage allait débuter, elle a rendu sa réponse dans un rapport le 27 mars dernier. « Les boues de stations d’épuration produites pendant l’épidémie de Covid-19 ne peuvent être épandues qu’après hygiénisation. »
Si le risque de contamination du SARS-Cov-2 est considéré comme « faible à négligeable » pour les boues ayant subi un traitement hygiénisant conforme à la réglementation « au vu des données actuellement disponibles, il n’est pas possible de définir avec précision le niveau de contamination pour les boues non traitées, ni de préciser une période de stockage au-delà de laquelle le virus serait inactivé », indique-t-elle.
Les stations d’épuration qui produisent des boues non hygiénisées doivent donc réaliser des traitements appropriés pour continuer à utiliser la filière « retour au sol » ou avoir recours à des filières alternatives. Exemples : le chaulage sous conditions, le séchage thermique hors séchage solaire, la méthanisation thermophile, le compostage et le doublement de la fréquence des analyses microbiologiques pour l’ensemble des traitements.

Des coûts supplémentaires

Des solutions alternatives qui nécessitent des frais d’analyse, de transport, de mise en compostage ou en incinération exceptionnels pour une durée inconnue à ce jour. « Nous sommes dans le principe de précaution car nous ne pourrons jamais faire le lien de causalité si un agriculteur qui épand des boues non traitées est contaminé par le Covid-19. Même si le risque reste infinitésimal, nous préférons suivre les recommandations de l’Anses », explique Jean-Marc Fragnoud, représentant pour la profession agricole au comité de bassin de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée Corse (RMC).

Une aide exceptionnelle

Pour faire face à ce surcoût, l’agence de l’eau RMC débloque une aide exceptionnelle de 10 M€ pour les 500 stations d’épuration de son territoire. L’appel à projet est destiné aux maîtres d’ouvrage public d’une station d’épuration de traitement des eaux usées de capacité nominale supérieur à 12 kg/j de demande biologique en oxygène sur 5 jours (DBO5) appartenant à un système collectif et dont plus de 50 % de la quantité de boues évacuées en 2019 était destinée au recyclage agricole direct. Les ouvrages de dépollution de type lagunage, filtres plantés de roseaux, méthaniseur ou compostage sur site ainsi que celles disposant de lits plantés pour traiter leurs boues ne nécessitant pas de curage en 2020 ne sont pas éligibles à cette aide. Les demandes pourront être déposées jusqu’au 30 juin 2020.

Alison Pelotier