Une filière viticole en phase avec le territoire

Eric Spitz, préfet de la Drôme, et Clara Thomas, sous-préfet de Die, ont visité ensemble le caveau d'Emmanuel Poulet sur la commune de Vercheny, à l'initiative de la chambre d'agriculture dont la présidente Anne-Claire Vial a pu interpeler le représentant de l'Etat sur certains sujets. Le maire de la commune, Franck Monge, par ailleurs vice-président de la communauté de communes du Crestois pays de Saillans en charge de l'agriculture, était aux côtés du maire de Pontaix, commune où se trouve une partie de l'exploitation. Jean-Pierre Rouit, vice-président de la communauté de communes du Diois, était présent lui aussi.
Flavescence dorée
Tout d'abord, Emmanuel Poulet a présenté son exploitation (voir encadré). Puis la parole a été donnée à Fabien Lombard, président du syndicat de la clairette de Die et des vins du Diois. Pour commencer, celui-ci a évoqué le problème de la flavescence dorée. « Quand on voit les conséquences, on voit qu'il est essentiel de faire quelque chose collectivement », a déclaré au préfet Anne-Claire Vial. Elle a aussi félicité Fabien Lombard pour la mobilisation très rapide du syndicat, qui va étendre cette année la prospection à pied à l'ensemble du vignoble. « Je souhaite qu'un arrêté ministériel oblige les pépiniéristes à traiter les plants à l'eau chaude avant leur commercialisation » a ajouté Franck Monge.
Le dossier des mesures agro-environnementales et de la réduction des intrants a ensuite été abordé. « Il y a des verrous difficiles à faire sauter. De ce fait, une dizaine seulement des 300 viticulteurs du syndicat a contractualisé. Il y a un décalage entre les réalités du terrain et ce qu'on nous amène. On veut accompagner mais on n'a pas les outils. Il faut faire sortir la flavescence dorée du calcul de l'indice de fréquence du traitement », a noté Fabien Lombard. « Une réunion technique est nécessaire au niveau départemental. Il faut une démarche volontaire du territoire. Ce sujet est de votre compétence », a dit Anne-Claire Vial au préfet. Ce dernier a assuré qu'il contactera la Draaf (*) à ce sujet.
Clairette rosée, œnotourisme...
Il a été question également de l'évolution du cahier des charges de la clairette rosée. « Il faudra que tout soit fait entre le 7 septembre et le 10 décembre pour l'envoi à l'Europe. On attend depuis cinq ans, le préfet peut nous soutenir », a lancé Fabien Lombard. Et d'évoquer encore le projet d'aménagement des ronds-points de la vallée qui figureront les métiers liés à la clairette.
Sylvie Chevrol, présidente de la fédération des vignerons indépendants de la Drôme, a parlé du soutien technique apporté aux 80 adhérents (qui produisent 68 000 hectolitres sur 1 587 hectares) et de l'investissement au niveau national. « Les adhérents sont impliqués dans leur filière. Les vignobles entretenus créent la beauté des territoires comme celui-ci », a-t-elle déclaré. Elle a précisé qu'Emmanuel Poulet a le label HVE (haute valeur environnementale). Cette certification engage à aller vers plus de protection de l'environnement.
« La filière a compris les enjeux du patrimoine et de l'œnotourisme, on a beaucoup à apprendre d'elle », a conclu la présidente de la chambre, qui a évoqué, pour terminer, l'aide aux investissements pour le renouvellement du matériel de pulvérisation. « La Région n'a pas ouvert la ligne budgétaire nécessaire, allons dans la ligne nationale, avec l'Agence de l'eau ».
Elisabeth Voreppe
(*) Draaf : direction régionale de l'agriculture et de la forêt.
Les productions d'Emmanuel Poulet
Emmanuel Poulet représente la quatrième génération de viticulteurs sur une exploitation qui était consacrée à l'origine à la polyculture. C'est son père qui, dans les années 1970-80, l'a axée sur la vigne et, dans une moindre mesure, la noix. Le vignoble couvre aujourd'hui 22 hectares sur quatre communes : Pontaix où se trouve encore la cuverie, Vercheny où est situé le caveau depuis 1990, Montlaur-en-Diois et depuis peu Châtillon-en-Diois où a été été planté un peu de Gamay dans l'objectif de faire de la clairette rosée. 16 ha sont en muscat, 5 en clairette.150 000 bouteilles sont produites chaque année, en crémant et en clairette, avec quatre salariés. Emmanuel Poulet a expliqué aux visiteurs les différences entre les deux méthode de vinification, la plus complexe étant celle de la clairette qui nécessite plusieurs étapes pour l'élimination du dépôt et l'arrêt de la fermentation. La production est assurée toute l'année, en fonction des commandes. Elle est vendue sur les salons des vignerons indépendants, au caveau et en ligne, auprès des cavistes grossistes et à l'export.