Une gamme de cosmétiques à la ferme

En 2004, Nicolas Charvin choisissait de reprendre l'exploitation familiale. Celle-ci, dont le siège est aujourd'hui basé dans le quartier excentré de Peroux à Châtillon-Saint-Jean, produisait alors des noix de Grenoble AOP (15 hectares au total à ce jour). Au fil des années, elle a toutefois évolué. En outre, celle que l'on désigne sous le nom « La ferme des collines » est aujourd'hui également tournée vers l'arboriculture, les petits fruits rouges ainsi que l'élevage de volailles de chair en intégration.
Culture et cueillette sauvage
Les plantes aromatiques et médicinales figurent aussi parmi les cultures de l'exploitation. Laquelle produit en effet des tisanes, sirops et cosmétiques (baumes, savons, sticks, crèmes, huiles). « La plante magique, elle ne pousse pas qu'à l'autre bout du monde ! », lance d'ailleurs France Charvin, installée sur l'exploitation depuis janvier 2018. C'est elle qui est plus spécifiquement chargée du développement de cet atelier. Près de 80 % de son temps de travail y est consacré.
Sur les différentes parcelles, situées à Châtillon-Saint-Jean, Triors, Parnans et Montmiral, est cultivée, voire seulement récoltée, une multitude de plantes. « On en compte une quarantaine », note-t-elle. Parmi ces plantes : la lavande, le thym, la sauge, la menthe, la pâquerette, la camomille, la verveine, le millepertuis ou encore l'hélichryse. « L'avantage d'avoir des parcelles dispersées nous permet d'avoir des terres très différentes. L'hélichryse profite par exemple d'un sable calcaire exposé plein sud où elle pousse spontanément », indique France Charvin.
Macération solaire
L'extraction des principes actifs des plantes se fait uniquement avec l'énergie solaire, par macération des plantes sèches dans l'huile végétale. Rien d'étonnant en somme, ce moyen correspondant à la philosophie des exploitants. Les productions sont d'ailleurs en agriculture biologique ; les cosmétiques sont labellisées Nature et progrès. « C'était le cahier des charges le plus exigeant et le plus proche de nos pratiques de fabrication », préciseFrance Charvin.
Toutefois, tout ne peut pas se faire grâce au soleil et des investissements ont été nécessaires. Si la ferme possédait déjà un laboratoire de transformation alimentaire (pour ses confitures, sirops de plantes, huile de noix, jus de pomme, pâte à tartiner...), elle a ainsi dû se doter d'un second pour ses produits liés au bien-être. Lequel a par ailleurs pu voir le jour grâce à une campagne de financement participatif. « Après, au niveau matériel, on s'équipe petit à petit », souligne-t-elle également.
Bilan positif
Si toutes les autres productions - sauf les volailles - sont commercialisées en direct (Amap, marchés hebdomadaire, magasin de producteurs), la vente change quelque peu pour les cosmétiques. Les produits sont en effet essentiellement disponibles dans les magasins bio. Cependant, « des gens nous en demandent directement, note encore France Charvin. On compte aussi parmi nos clients des revendeurs ainsi qu'une pharmacie à Valence. »
Pour l'heure, le bilan est jugé « super encourageant ». Il faut dire que l'image perçue est plutôt bonne. « Les plantes, c'est vraiment quelque chose qui me plaisait, souligne enfin France Charvin. Il y a aussi une bonne réception du grand public. La clientèle cherche des produits simples, un retour à l'authentique et à la nature. Nous avons eu un très bon accueil. Les clients sont contents de savoir que c'est nous qui produisons les plantes et les transformons. Cela répond aux grandes crises de traçabilité. Ils sont aussi rassurés quant à la composition des cosmétiques. »
A. T.