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CAPRIN

Une journée dédiée aux expérimentations  de la ferme du Pradel

Plus de 500 visiteurs se sont rassemblés le 15 octobre lors de la Journée portes ouvertes du Pradel. Éleveurs et techniciens de la filière caprine sont venus découvrir les résultats des essais menés à la ferme expérimentale, centrés sur l’adaptation au changement climatique.

Une journée dédiée aux expérimentations  de la ferme du Pradel
500 visiteurs ont déambulé tout au long de la journée, jonglant entre les ateliers présentés par les équipes du Cap’Pradel. ©AAA_MM

Au cœur de la ferme expérimentale, les premiers hôtes à accueillir les visiteurs sont les chèvres, paisiblement en train de paître dans un pâturage de sorgho. Un peu plus loin, se dévoilent les tentes des partenaires. Un parcours ciblé guide les professionnels, qui ont soigneusement choisi à l’avance les ateliers auxquels ils souhaitent assister.
En tout, 14 ateliers ont été proposés tout au long de la journée, couvrant des thèmes variés : « de l’herbe jusqu’à la viande de chevreau et au picodon », détaille Laurent Balmelle, président du Cap’Pradel, qui pilote la ferme expérimentale caprine de Mirabel. Des éleveurs venus de départements éloignés, tels que la Savoie, les Bouches-du-Rhône ou encore la Bourgogne, ont fait le déplacement pour y assister.

Recherche et développement appliquée

Il faut dire que cette journée est un événement pour la filière caprine. « En recherche et développement, on est l’une des seules journées techniques multisujet de France », rappelle Sylvain Balmelle, vice-président de la chambre d’agriculture et lui-même éleveur caprin en Gaec avec Laurent Balmelle et Denis Dumain. « Cette journée a pour objectif de partager les résultats des essais, de les diffuser à l’échelle nationale et de répondre aux besoins des professionnels », indique de son côté Matthieu Prévost, directeur du lycée agricole Olivier de Serres.
Cette ferme caprine, crée dans les années 1990, a plusieurs partenaires, dont le lycée Olivier de Serres et la profession via la Fnec1, la chambre régionale d’agriculture et l’Idele (l’Institut de l’Élevage), tous réunis au sein du réseau Cap’Pradel. Elle a trois objectifs : « Former des élèves, fabriquer du lait et du fromage Picodon en AOP et être une ferme expérimentale. L’objectif est de faire de la recherche et développement opérationnelle. Tout ce qui est mis en œuvre doit être applicable dans nos fermes, avec une rigueur exemplaire et des protocoles indiscutables, encadrés par la profession et notamment l’institut de l’élevage », développe Laurent Balmelle.
C’est ainsi que s’est bâtie la réputation de cette ferme expérimentale, qui organise des journées portes ouvertes (JPO) tous les deux ans depuis 1994. Un éleveur venu spécialement de la Drôme témoigne : « On vient ici pour se tenir au courant des nouveautés dans le domaine. C’est concret, avec des chiffres, pas seulement de la théorie. Par exemple, je reviens d’un atelier sur les fourrages où l’on a discuté des espèces les mieux adaptées à nos territoires. »

14 ateliers pour s’adapter au changement climatique

« L’enjeu, aujourd’hui, est de savoir comment produire en s’adaptant au changement climatique, tout en prenant en compte le bien-être animal et en restant productif », rappelle Matthieu Prévost. « Le changement climatique pose de vraies questions sur l’énergie, le fourrage, la chaleur, la gestion de l’eau, la sécheresse et les précipitations », ajoute Laurent Balmelle. « Par exemple, cela passe par l’adaptation des bâtiments, l’utilisation de voiles d’ombrage, etc. Lors des expérimentations, nous divisons le troupeau en plusieurs lots pour observer leurs réactions respectives et les impacts selon différents protocoles », détaille le directeur d’établissement. Ou encore, concernant l’alimentation pour la confection du Picodon, des expérimentations sur des plantes « exotiques » ont été menées comme le « plantain et le sorgho, qui montrent qu’elles prospèrent en période de sécheresse », relève le président de Cap’Pradel.
Dans un objectif de diffusion au plus grand nombre, des fiches techniques relatant des résultats sont relayées sur le site Idele.fr
En fin de journée, de petits groupes se forment pour prolonger les discussions initiées lors des ateliers auxquels ces professionnels de la filière ont participé tout au long de la journée. Face à un tel succès, une version Junior sera bientôt proposée, afin de mieux préparer la nouvelle génération à s’adapter aux défis du changement climatique.

M.M.

1Fnec : Fédération nationale des éleveurs de chèvres.

Un syndicat caprin unique  pour la Drôme et l’Ardèche

Un syndicat caprin unique  pour la Drôme et l’Ardèche
Aujourd’hui, le syndicat caprin de la Drôme intègre également le département de l’Ardèche ! Avec, de gauche à droite : Vincent Vallet, président du comité technique de la Safer de l’Ardèche, Damien Brunet, président du syndicat et éleveur dans le nord de la Drôme, Émilie Brugière, éleveuse à Saint-Bauzile, Sylvain Balmelle, éleveur et vice-président de la chambre d’agriculture de l’Ardèche, et Denis Dumain, vice-trésorier du syndicat, éleveur associé à Sylvain et Laurent Balmelle au Gaec Élevage du Serre. ©Syndicatcaprin

Cette journée a également été l’occasion de présenter la fusion entre la Drôme et l’Ardèche du syndicat caprin, qui compte environ 120 adhérents.
« Les éleveurs ardéchois se tournaient vers les travaux réalisés par le syndicat de la Drôme, il était donc logique de collaborer avec eux pour créer un syndicat bi-départemental », justifie le président, Damien Brunet. Les deux départements partagent de nombreuses similitudes, notamment un paysage vallonné, une forte présence d’élevages de chèvres laitières et fromagères, ainsi que des structures, qu’elles soient petites ou grandes, dédiées à la production de fromages fermiers, comme le picodon. « L’objectif est de développer les formations en Ardèche et d’impliquer davantage les éleveurs ardéchois dans les travaux du syndicat afin d’assurer un équilibre entre les deux départements », ajoute Émilie Brugière, vice-présidente du syndicat et éleveuse à Saint-Bauzile, près de Privas. Par ailleurs, le syndicat suit plusieurs projets du Cap’Pradel. Parmi ses missions, il travaille sur le développement de la viande caprine (chèvres et chevreaux). L’un des enjeux majeurs de la filière étant la raréfaction des engraisseurs, des efforts sont en cours pour relancer l’engraissement des chevreaux sur les fermes, tout en explorant des solutions pour leur commercialisation et en cherchant à améliorer l’aspect technique ainsi que la qualité de production. 

Une balance autonome connectée  pour peser les chevrettes

Laurent Poulet, éleveur caprin à Saint Alban-d’Ay, a inventé une balance autonome et connectée pour peser les chevrettes, avec l’aide d’Adice et de la ferme expérimentale du Pradel. Il a reçu le Sommet d’or pour son invention lors du dernier Sommet de l’élevage à Cournon.
«Lorsque mes enfants sont partis, ma femme et moi avons réalisé que ce qui était autrefois amusant, était devenu une corvée. Il me fallait donc trouver une solution pour que les chèvres se pèsent toutes seules », révèle, sourire en coin, l’éleveur du Nord-Ardèche. Après de nombreux tests, démarré il y a quatre ans, il a réussi à concevoir une balance. « Mais je n’avais pas encore la technologie électronique. Avec Adice (Ardèche Drôme Isère conseil élevage), nous avons consulté Octeo (coopérative qui gère les données d’élevage) qui emploie des informaticiens pour mettre en place la lecture des boucles, des algorithmes et la récupération de données. Grâce à ce travail, nous avons pu obtenir les premiers prototypes de balance après 18 mois d’essais, relate l’éleveur. Mon objectif était de créer un outil facilement transportable, qui puisse rester en permanence avec mon lot de chevrettes, autonome (avec une autonomie d’une semaine), sans fil, et capable de communiquer en wifi avec la base de données. Les chèvres montent seules sur la balance et se pèsent tout au long de la journée. Nous réalisons entre 40 et 50 pesées par chevrette chaque jour. Sur ces 50 pesées, l’algorithme sélectionne les données pertinentes. Le but est d’obtenir un poids quotidien pour suivre la croissance des animaux et optimiser le moment du sevrage, afin d’économiser de la poudre de lait. De plus, l’absence de passage sur la balance est un indicateur du bien-être animal : l’outil fournit une liste des animaux qui ne se sont pas pesés. Une chèvre qui ne monte pas, pourrait avoir des problèmes de santé, comme de l’arthrite », détaille Laurent Poulet.
Désormais, trois prototypes sont actuellement en ferme pour réaliser davantage d’essais et obtenir davantage de données pour perfectionner l’algorithme.