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Tour de plaine

Une mauvaise campagne en colza, plutôt bonne en céréales

Les rendements en céréales sont élevés dans la moitié Nord de Rhône-Alpes, plus faibles dans l’extrême Sud de la région. En colza, la récolte est, sans surprise, bien en deçà de la moyenne habituelle.
Une mauvaise campagne en colza,  plutôt bonne en céréales

Les récoltes de céréales sont quasiment terminées sur la zone Rhône-Alpes. Les chiffres collectés auprès des différentes coopératives de céréales montrent que la qualité est bonne quasiment partout, et que les rendements sont très bons du Rhône à l'Isère, jusqu'aux deux Savoie en passant par l'Ain, alors qu'ils sont beaucoup plus hétérogènes en Ardèche et dans la Drôme. La campagne 2018-2019 touche à sa fin après différents événements marquants. « Il y a d'abord eu des conditions sèches en août et septembre qui ont perturbé les semis et la levée des colzas, rappelle Jérôme Laborde, directeur du pôle végétal à la coopérative Terre d'Alliances. Dans notre secteur, cela a entraîné la destruction de 25 à 30 % des surfaces pour semer autre chose. Les semis des céréales ont bénéficié de leur côté de bien meilleures conditions d'implantation. » Autre événement notable, les orages de grêle dévastateurs du 15 juin qui ont touché la Loire, le Rhône, l'Ardèche, la Drôme et les deux Savoie ont provoqué des dégâts sévères allant jusqu'à 100 % de destruction sur certaines parcelles de céréales, la Drôme étant probablement le département le plus concerné. « Ce sont des dégâts jamais vu dans la zone sur des céréales, souligne Prune Farque, responsable du service agronomique grandes cultures de la coopérative Drômoise de céréales. Un nouvel épisode orageux, le 6 juillet, a détruit d'autres parcelles de céréales dans la Drôme. » Enfin, la période de canicule précoce de la fin juin n'a pas eu de grosses conséquences sur les céréales d'été. « Cette période chaude a peut-être eu un effet qualité sur les blés, souligne Jérôme Laborde. L'ensoleillement pourrait avoir amélioré le taux de protéines. »

Des records et une qualité remarquable

Sur la zone de Terre d'Alliances (Ain, Nord-Isère, Nord-Rhône, Saône-et-Loire), les récoltes d'orge et de blé sont bientôt terminées et les rendements sont excellents avec des records parfois. « Cette année, on tourne autour de 75 q/ha
en moyenne et parfois jusqu'à plus de 100 q/ha contre 65 q/ha généralement, explique Jérôme Laborde. Du côté de la qualité, le poids spécifique atteint 66, soit un très bon résultat et cela répond bien à nos débouchés. Pour les blés, les rendements sont très bons également, au-dessus de 80 q/ha en moyenne contre des rendements plus proches des 75 q/ha habituellement, précise-t-il. Là encore, la qualité est très bonne avec un taux de protéines moyen de 12 % et un PS à 80. Ce qui est remarquable, c'est qu'il y a le rendement et la qualité protéines, alors que souvent on dit qu'il n'est pas possible d'avoir les deux ! » En Ardèche, « les récoltes sont plutôt faibles dans le sud du département. Mais plus on remonte vers Montélimar, plus les rendements sont corrects, détaille Michel Olive, directeur des opérations et des marchés agricoles chez Natura'Pro. Il y a eu trop d'humidité à l'automne, puis une période sèche en avril. Tout cela a réduit le potentiel.
On a ainsi des parcelles qui ont affiché des rendements catastrophiques de 25 q/ha, notamment sur des semis tardifs. Les meilleures parcelles affichent
70 q/ha. Si les rendements en Ardèche ne sont pas exceptionnels, les taux de protéines sur les blés tendres sont bons, supérieurs à 11,5 % et les PS corrects. C'est un peu plus hétérogène pour les orges. » En Drôme, Prune Farque indique que les rendements sont plutôt bons, et supérieurs à l'an dernier, avec une belle qualité. Les taux de protéines sont supérieurs à 11, les PS sont également bons. « On peut parler de bonnes récoltes », souligne la responsable du service agronomique.

La sécheresse réduit le potentiel à l'Ouest

Pour la partie Haute-Loire, Loire et Ouest du Rhône, la coopérative Eurea est également en train de finaliser la récolte de céréales. « Nous avons eu une bonne surprise sur les orges et les blés car nous craignions vraiment une récolte catastrophique, indique Olivier Muslant, directeur de l'agriculture à Eurea. Ce n'est finalement pas si mal que ça, avec en orge des rendements autour de 65 q/ha, un peu au-dessus de l'an dernier avec de bons PS (64). En blé, les rendements affichent 60 à 65 q/ha, ce qui est en dessous de l'an passé mais meilleur que la moyenne longue. En termes de qualité, c'est excellent avec 12,9 de protéines, un PS de 80 et très peu de mycotoxines, ce qui nous permet de profiter des filières de blé CRC à plein. » Pour le directeur de l'agriculture, ces rendements inférieurs aux départements voisins s'expliquent par la sécheresse qui a particulièrement touché la Haute-Loire et la Loire cette année. « On constate des collectes très hétérogènes. Autour de Feurs et près du Puy-de-Dôme par exemple, les rendements sont mauvais du fait de terrains séchants dans un contexte de manque d'eau. En revanche, dès que l'on s'élève un peu sur des piémonts, les rendements sont meilleurs car il y a eu un peu plus d'eau. N'oublions pas également les épisodes de grêle qui ont provoqué des dégâts. »

Une année difficile pour le colza

En colza, c'est une année difficile sur toute la zone Centre-Est du fait des mauvaises conditions météorologiques lors des semis avec de mauvaises levées, de mauvais rendements et de faibles surfaces. Environ 25 à 30 % des parcelles semées en colza ont été retournées suite à des levées non satisfaisantes. « Sur certaines parcelles, la récolte n'a vraiment pas été satisfaisante, souligne Jérôme Laborde. Les rendements sont très hétérogènes avec des chiffres compris entre 10 et 50 q/ha. En moyenne, nous atteignons cette année 32 à 33 q/ha contre 40 q/ha habituellement. » Chez Eurea, le colza est peu cultivé mais, par rapport à l'an dernier, la coopérative avait rentré 1 300 tonnes contre 700 tonnes seulement en 2019. « Tout s'est mal passé sur le colza, explique Olivier Muslant. Le semis a été difficile, les levées également, puis il y a eu de grosses attaques de méligèthes et de charançons. En plus, les implantations de colza ont eu lieu sur la zone la plus touchée par la sécheresse autour de Brioude. »

Les maïs attendent la pluie

Enfin, pour les maïs, « la levée a été difficile avec du froid et un temps sec sur la zone de Terre d'Alliances, décrit Jérôme Laborde. Puis, le froid a ralenti le démarrage des maïs après les semis. Entre le moment du semis et la pousse, il y a eu un mois à un mois et demi avec beaucoup de dégâts de sangliers sur certaines parcelles. Le rendement va se jouer dans les prochains jours pour les maïs en sec. Ils ont besoin d'un peu d'eau, il faudrait 30 mm et pour l'instant, il n'est pas annoncé de pluies importantes dans les jours à venir. » Même constat sur la zone d'Eurea (Loire, Haute-Loire, Ouest du Rhône), les maïs ont mis du temps à démarrer, cependant, ils étaient plus jolis début juillet. « On voit qu'il souffre actuellement de la chaleur et du manque d'eau », confirme Olivier Muslant. La météo des prochaines semaines va être très importante pour construire le potentiel de la récolte de maïs. 

Camille Peyrache

 

Forte progression du blé et de l’orge, chute du blé dur et du colza

Blé tendre : 37 Mt attendus
Selon les premières estimations du ministère de l’Agriculture, la récolte française de blé tendre 2019 atteindrait 36,95 millions de tonnes (Mt), soit une progression de 8,5 % sur la précédente et de 3,6 % sur la moyenne 2014-2018. Ce bon résultat est à mettre au compte d’une augmentation des surfaces de 2,7 % et d’un bon
rendement moyen national de 73,7 t/ha, contre 69,8 en 2018.
Blé dur : après la relance, la rechute
Après avoir opéré une belle remontée en 2016-2017 pour atteindre 400 000 ha, les surfaces de blé dur ont régressé sous l’effet de récoltes décevantes (conditions climatiques) pour retomber à 350 000 ha l’an dernier. La perte de surface entre les semis de 2017 et 2018 atteint 83 000 ha, soit - 24,3 % et le plus bas chiffre depuis 1997. Malgré le bon rendement annoncé cette année, 54,5 q/ha, la production prévue serait de 1,48 Mt, en retrait de 18,6 % sur 2018 et de 19,2 % sur la moyenne quinquennale.
Orge : une récolte copieuse
Les surfaces consacrées à l’orge pour la récolte 2019, représentent 1,9 M ha contre 1,77 l’an dernier ; la progression est surtout le fait de l’orge de printemps, passant de 484 000 à 606 000 ha. Avec un rendement de 65,9 q/ha, en hausse de 4,2 %, le ministère de l’Agriculture envisage une récolte de 12,56 Mt, en hausse de 12,3 % sur 2018 et de 10,3 % sur la dernière moyenne quinquennale.
Colza : la plus faible production depuis 2003
Les retournements de champs de colza ont été exceptionnellement élevés pour des raisons climatiques et sanitaires, réduisant la superficie semée à 1,2 M ha, soit un recul de 25,7 % sur 2018. Dans le même temps, le rendement national moyen fléchirait de 1,6 % à 30,3 q/ha. La récolte est prévue à 3,6 Mt, en baisse de 26,9 % sur un an et de 28,4 % sur la moyenne 2014-2018. Ce serait la plus basse récolte depuis 2003.