Une offre de prêt pour relancer l'arboriculture

Ces dernières décennies, la filière fruits d'été a particulièrement souffert des aléas climatiques, économiques et sanitaires. Concurrencée par d'autres pays (notamment l'Espagne), elle s'est étiolée petit à petit, perdant des volumes et des marchés. Aujourd'hui, le secteur renoue avec un certain dynamisme. Pour l'accompagner, la caisse du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes a souhaité s'investir. Avec quatre organisations de producteurs (GIE Hermitage-Basse Isère, Lorifruit, Rhodacoop et Valsoleil), elle a signé une convention, le 8 décembre. L'objectif principal consiste à dynamiser la filière arboricole de Drôme et Ardèche, en soutenant la plantation de nouveaux vergers. Il s'agit d'améliorer le « sourcing », autrement dit les volumes produits, tant en quantité qu'en qualité.
« Donner une impulsion »
Concrètement, une offre spécifique de prêt a été construite. Selon des critères fixés au sein de chaque organisation de producteurs (espèces et variétés éligibles), les adhérents peuvent bénéficier d'une possibilité d'emprunt sur dix ans au taux de 1 %, avec un différé de remboursement du capital de 48 mois. De plus, les coopératives, qui valident le projet et le montant de l'investissement, prennent en charge des intérêts pendant la phase du différé.
Pourront être financées les plantations et fournitures, l'irrigation et la pose de filets de protection. « Notre rôle de banquier est d'accompagner les investissements, a déclaré Jean-Pierre Gaillard, président du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes. Cette convention, qui réaffirme notre proximité et notre solidarité avec le monde agricole, est là pour relancer les plantations et donc l'accroissement des volumes, assurer aussi le renouvellement des générations. » Mettant l'accent sur les difficultés de l'agriculture à investir, « l'objectif est de donner une impulsion pour prendre et reprendre des marchés », a ajouté Didier Reboul, directeur général adjoint de la caisse.
« Un joli challenge »
« Dans la mesure où nous finançons déjà des projets, ce dispositif allègera la charge de notre coopérative, a fait remarquer Christian Veyrier, président de Valsoleil. « C'est un joli challenge pour relancer l'arboriculture dans notre région, a estimé Katia Sabatier-Jeune, présidente de Lorifruit. Car le nerf de la guerre, c'est le renouvellement et la protection des vergers. Avec le différé, le producteur commence à rembourser quand les arbres entrent en production. » De son côté, Philippe Pouenard, président de Rhodacoop, a mis en avant « la cohérence des plantations avec la stratégie de chaque coopérative. Moderniser un verger n'est pas simple », a-t-il ajouté. Enfin, Bernard Vossier, président du GIE Hermitage-Basse Isère, a mis l'accent sur le besoin d'installer des jeunes dans la filière arboricole. « Cette convention donnera une impulsion pour se lancer, a-t-il estimé. Elle permettra aussi de renouveler le verger avec des variétés plus en adéquation avec les attentes du marché. C'est un moteur pour résister aux concurrences. »
Banque et coopératives ont convenu qu'il y a de la valeur ajoutée à chercher en arboriculture. Jean-Pierre Gaillard a évoqué le marché de la transformation. « Selon nos experts, il y a un potentiel. Peut-on imaginer de travailler cet enjeu ? », a-t-il suggéré, ouvrant par là-même un autre projet de collaboration future. Audace, innovation et réactivité ont également été citées à l'heure où les marchés évoluent à grande vitesse. Il n'en demeure pas moins, comme l'a souligné Vincent Faugier, directeur de Lorifuit et du GIE, que « la création d'une variété nécessite une dizaine d'années. » Le temps presse, donc, et les moyens mis à la disposition de la filière, notamment dans l'expérimentation, s'avèrent essentiels pour assurer son avenir.