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Elevage laitier

Une petite exploitation qui transforme tout son lait

Dans le Bugey, le Gaec de la Plantaz s'est réorganisé en 2012 passant de 45 vaches laitières à seulement 12, auxquelles s'ajoutent deux troupeaux de 34 chèvres et 25 brebis. Les laits sont totalement transformés en fromages et commercialisés localement.

Une petite exploitation qui transforme tout son lait

A Vieu, les années 2010 et 2011 ont sonné le moment d'un choix décisif pour André Petrou en raison de la reconfiguration de l'économie laitière locale dans le Valromey (Ain). La Fromagerie Leyment, à laquelle André et son frère, associés en Gaec, livrent le lait de leurs 45 montbéliardes, est contrainte de reprendre les producteurs de l'ex-URCVL (Union régionale des coopératives de vente de lait) qui a été démantelée. Le système est fragilisé. « Au plus bas, le lait était payé seulement 220 € la tonne, ce n'était plus tenable », commente l'éleveur. Katharina, son épouse, était installée depuis 2007 en élevage bio caprin et ovin (30 chèvres et 30 brebis) avec transformation fromagère sur la commune de Virieu-le-Petit, à trois kilomètres de Vieu. Le bâtiment neuf dans lequel elle a investi est une belle installation qui comprend l'étable, la fromagerie et un magasin pour la vente directe. « Notre décision a été de nous rassembler professionnellement dans l'objectif de transformer la totalité du lait issu de nos trois troupeaux et d'assurer la vente en direct de nos fromages », résume Katharina. En janvier 2012, au moment du départ à la retraite du frère d'André, Katharina devient associée de son mari au sein du Gaec de la Plantaz. La conversion en AB pour le troupeau bovin s'est déroulée de mai 2012 à mai 2014. Toute l'exploitation est désormais bio. L'étable de Vieu continue d'accueillir les vaches et à Virieu-le-Petit, un atelier spécifique pour la transformation de ce lait a été ajouté.

Un petit troupeau de 12 vaches

Pour reconfigurer le fonctionnement de l'exploitation il y a quatre ans, la taille du troupeau de bovin lait a été réduite, passant de 45 à une douzaine de vaches laitières actuellement avec une trentaine de génisses. Le cheptel caprin, de race chamoisée, compte 34 chèvres avec 7 chevrettes d'un an et demi et 9 chevrettes de l'année ; le cheptel ovin compte 25 brebis de race frisonne. Au moment où la tendance globale est plutôt à l'accroissement des troupeaux pour réduire les coûts de production, le Gaec de la Plantaz a fait un autre choix, celui de réduire la production mais d'augmenter la création de valeur ajoutée par la transformation. En 2014, les chiffres d'affaires de la vente des fromages, ont été respectivement de
35 593 € pour l'atelier lait de vache,
30 871 € en chèvre et 22 175 € en brebis. Le lait de vache permet d'assurer la fabrication fromagère mais aussi de nourrir les veaux, génisses, cabris et agneaux. Le Gaec compte deux associés et emploie un salarié équivalent temps plein. La rémunération du couple se situe à
1 070 € mensuel chacun et le coût annuel pour le poste salarié est de 24 000 €. La cinquantaine passée, le couple n'a plus d'investissements majeurs à réaliser. La clé de l'équilibre économique résulte aussi du fonctionnement en bio : les troupeaux, à l'exception d'un peu d'aliment minéral pour les chèvres, sont nourris totalement avec les ressources de l'exploitation (SAU de 100 hectares dont 20 ha labourables) en herbe, luzerne et céréales (orge, blé, maïs, avoine, soja). « L'objectif à la fin de l'année 2015 est de ne conserver que les vaches et les chèvres, explique Katharina. Nous allons en conséquence remonter l'effectif caprin pour avoir 40 à 45 chèvres à traire. »

La vente sur les marchés est un atout

La palette des fromages proposés par l'exploitation est très étoffée. « Nous sommes présents sur deux marchés, à Champagne-en-Valromey et à Belley, et ceux-ci fonctionnent très bien, souligne Katharina. C'est là que nous assurons majoritairement nos ventes. Nous livrons aussi à l'Amap Terre Ain d'Entente à Champagne-en-Valromey et quelques clients viennent aussi au magasin de la ferme ». Le couple s'est doté, pour la vente directe sur les marchés, d'une remorque-magasin, un investissement indispensable de 22 000 €. Concernant la vente des fromages, la fourchette va de
11,90 € à 13,50 € le kilo. Des prix qui distinguent la production bio mais sans être excessivement élevés. « Tout ceci n'aurait pas pu se faire si nous n'avions pas eu les compétences de la fabrication fromagère, explique André. Mon épouse a une expérience de trente ans dans ce domaine ». 

Armelle Lacôte