Une production abondante aux fortes disparités

Cette année encore, les stocks de blés mondiaux continuent de s'accroître. Pour la cinquième année consécutive, la production dépasse largement la consommation, a expliqué Nathalie Bigonneau, la directrice région Est d'Arvalis-Institut du végétal lors d'une journée technique à Villefontaine, en Isère. Avec une contraction des stocks des principaux pays exportateurs (Amérique du Nord, UE, Mer Noire, Australie et Argentine), la production mondiale de blé est marquée par les rendements tout à fait exceptionnels de la Russie, soit 82 millions de tonnes, dépassant la moyenne 2014-2016 à 64 millions de tonnes.
La Russie leader à l'export de blé
Les Etats-Unis, de leur côté, doivent faire face à des surfaces historiquement basses impactant les récoltes de blé. 74 millions de tonnes ont été récoltées en 2017 contre 88 l'année dernière. « Nous n'avions pas vu ce niveau de surfaces depuis les années 60 », explique Nathalie Bigonneau. L'Inde se démarque, elle, pour sa production de blé supérieure à la moyenne des trois dernières années avec 98,5 millions de tonnes récoltées. Côté Chine, la récolte s'élève à 130 millions de tonnes, faussée néanmoins par d'énormes stocks cumulés ces trois dernières années dont les chiffres restent opaques. En France, la production est revenue à la normale avec un rendement de 37,9 millions de tonnes pour le blé tendre (+ 4 %) et 2,2 millions de tonnes pour le blé dur (+2 4 %).
À l'export, la Russie confirme sa première place d'exportateur mondial dans un rapport de force historique avec l'Ukraine. « Les deux pays se battent sur les mêmes cibles en termes de coût du fret. Ils ciblent l'Inde, l'Egypte, la Turquie, le Bangladesh et le sud-est asiatique et s'améliorent sur la logistique et le transport des marchandises défiant la concurrence européenne ».
Retour en force de l'Argentine en maïs
Côté maïs, la consommation poursuit sa tendance haussière et devrait surpasser la production mondiale sur l'année 2017. Les Etats-Unis restent leaders malgré une perte de vitesse sur le marché de l'export (31 %). De son côté, l'Argentine revient en force sur la scène internationale avec une production de 42 millions de tonnes contre 33 sur la moyenne 2014-2016, et des ventes de maïs à l'étranger qui se confirment depuis 2015. La Russie s'impose également, ayant bénéficié de conditions climatiques particulièrement favorables cette année. « Les cours, que ce soit en blé ou en maïs, restent bas », ajoute la directrice. Soit 160 euros/t pour le blé où les prix sont drivés essentiellement par la Russie. Les prix du maïs, eux, ont continué leur lente dépréciation la semaine dernière pour arriver à des niveaux proches de 150 euros/t fin novembre. Tout cela explique la difficulté du secteur des grandes cultures qui enchaînent les mauvaises années depuis 2013.
Alison Pelotier