Une serre photovoltaïque pour pérenniser l’activité

Augustin Aguilar et Bernard Vossier se sont associés afin de produire ensemble des kiwis à chair jaune (variété Dori). Ceux-ci sont cultivés sous un serre recouverte de panneaux photovoltaïques. La structure, inaugurée le 15 mai, a par ailleurs été financée par la société Reden Solar (anciennement Fonroche Solaire), à hauteur de 3,7 millions d'euros.
Les travaux ont démarré en août 2016 et se sont terminés en janvier 2017. D'une superficie de 21 112 m², la serre est recouverte de 6 720 modules photovoltaïques. Ces derniers sont munis de cellules en silicum monocristallin. La puissance installée est de 2 049,6 kWc (kilowatt-crête). La production annuelle attendue est de 2 620 000 kWh/an, soit l'équivalent de la consommation électrique annuelle de plus de 3 000 habitants.
« Un calcul sérieux et fiable »
L'équipement est composé de 16 chapelles (9,42 mètres de largeur, 120 mètres de longueur pour la moitié d'entre elles ; 9,42 mètres sur une longueur de 160 mètres pour les autres). Les rampants sud - composés de modules photovoltaïques (à fond blanc) - et nord - composés de verres translucides - sont symétriques et inclinés à 22 degrés. Ces derniers peuvent également être ouverts automatiquement. Il faut dire qu'un ordinateur de contrôle veille continuellement au taux d'hygrométrie ou encore à la température. Rien n'a été laissé au hasard. « Pour chaque projet, nous calculons un bilan prévisionnel économique. Ce projet est notamment envisagé en fonction des données météos fines du site même. Celles-ci, couplées aux données techniques des différents organes de la centrale (modules photovoltaïques, onduleurs, transformateurs, etc.) et aux caractéristiques de la serre (inclinaison, orientation), permettent un calcul sérieux et fiable, qui se vérifie ensuite au cours des trente années d'exploitation de la centrale », précise également Olivier Bousquet, responsable du bureau d'études chez Reden Solar.
La serre, un atout pour produire
A vrai dire, pérenniser la production de kiwis à chair jaune, c'est l'objectif premier des deux exploitants. « Nous suivons ensemble le kiwi depuis une vingtaine d'années (variétés, modes de conduites, etc.). Quand on a appris, il y a trois ans, que la société Fonroche prospectait, en quête de surfaces pour des serres photovoltaïques, on a décidé de se lancer », raconte Augustin Aguilar.
« On a toujours un sérieux problème avec la bactériose PSA. En milieu confiné, on réduit les risques », poursuit Bernard Vossier. L'agriculteur sait de quoi il parle. Il y a quelques années, il a dû arracher plusieurs hectares. « Il faut trouver des opportunités pour se parer des aléas climatiques et sanitaires. C'est le gros problème de l'agriculture d'aujourd'hui. Il faut se remettre en question en permanence, on ne peut pas rester dans son coin en pensant que cela va se régler tout seul. On a là des industriels capables d'amener des fonds. Il ne faut pas se priver de ce type d'opportunités. En plus, la serre produit de l'énergie verte », note aujourd'hui celui qui veut rebondir.
Un choix réfléchi
Si toutes les productions ne se prêtent pas à la culture sous serre, les deux producteurs restent toutefois confiants en ce qui concerne le kiwi à chair jaune. Et ce, même s'ils savent qu'ils doivent encore apprendre à maîtriser le milieu et la technique adéquate. La surveillance restera de mise, même si la structure fait la part belle aux automatismes. Le choix du kiwi jaune est en tout cas réfléchi. « Le vert a peut être plus tendance à avoir des besoins en froid », indique encore Bernard Vossier. Les premières plantations se sont déroulées il y a tout juste un an. Les plants de 60 cm font désormais 4 mètres en linéaire. Les rendements attendus à l'hectare se situent entre 25 et 30 tonnes.
Si le volume est maîtrisé, le canal commercial est quant à lui assuré. Le Dori se positionne comme un produit à haute valeur ajoutée, avec sa belle couleur et ses qualités gustatives. Une fois conditionnés par Lorifruit, les volumes seront par la suite vendus par Primland.
A. T.
Ils ont dit
Anne-Claire VialLa présidente de la chambre d’agriculture de la Drôme s’est dite être « toujours scotchée de voir ce que les agriculteurs sont capables de faire ». Anne-Claire Vial a rappelé que les enjeux planétaires de l’agriculture tournent autour de l’alimentation, la transition énergétique et le respect de l’environnement. Avec la création variétale, la production d’énergie et la réduction des intrants, ce projet s’y inscrit pleinement. Elle a aussi rappelé que la chambre d’agriculture accompagne les projets, notant cependant que la structure se positionnait contre le photovoltaïque au sol, et ce afin de conserver le foncier pour l’agriculture.Claude Aurias
« La Région n’a pas participé. Je me dis que nous aurions dû y être », a indiqué Claurias Aurias. Le conseiller régional délégué à l’économie de proximité a également souligné la vision entrepreneuriale des différentes parties prenantes. « Vous êtes des précurseurs », a-t-il ajouté, notant que les dispositifs d’aide devaient évoluer.