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Archéologie

Une villa agricole découverte à Montélimar

L'institut national de recherche archéologiques préventives (Inrap) a mené il y a quelques semaines un chantier à Montélimar. L'opération a permis de mettre au jour un domaine agricole gallo-romain.
Une villa agricole découverte  à Montélimar

Du 27 mars au 12 août derniers, et en amont de la construction du lotissement « Les terrasses de Maubec » portée par la société Prodevar, des archéologues de l'institut national de recherche archéologiques préventives (Inrap) ont mené un chantier de fouilles sur une emprise de
5 000 m2. Cette zone foncière, sondée en 1990 pour des recherches archéologiques, avait révélé l'existence de vestiges. C'est dans ce contexte que l'Etat a prescrit en 2015 un diagnostic complémentaire avant toute construction, puis une fouille en 2016 pour en savoir davantage. Ces travaux de recherche, qui ont mobilisé une dizaine de personnes, ont conduit à mettre au jour et à étudier une villa agricole, datant du milieu du Ier au IIIe siècle après J-C.

Les murs de cette villa présentent une belle qualité de construction.©Inrap

Une activité vitivinicole

Un établissement relativement bien conservé. « C'est une découverte intéressante, la totalité de la villa a été retrouvée sur le terrain. C'est une chance. Il y a peu de sites comme cela sur Montélimar... », souligne Jean-Marc Lurol, responsable scientifique. « Cette villa correspond à une grosse ferme de forme rectangulaire d'environ 3 750 m2. Elle est composée de plusieurs corps de bâtiments et d'une cour centrale. Certains bâtiments sont destinés aux activités agricoles, d'autres à l'habitat. On connaît d'autres exemples de ce type de villa à Alba-la-Romaine ou encore à Donzère. À l'époque gallo-romaine, le territoire de Montélimar devait être parsemé d'établissements du même type. Ce qui n'est pas surprenant, ces lieux de production agricole étaient à proximité d'axes de circulation importants », précise encore l'archéologue.
L'activité vitivinicole sur ce site est quasi certaine. Les archéologues ont en effet mis au jour des infrastructures liées à la vinification : un fond de bassin de fouloir et de pressoir, des cuves de décantation dont les sols sont recouverts de mortier de tuileau (revêtement hydrofuge). Il existe également dans cette villa un vaste espace (400 m2), interprété comme un cellier qui aurait pu accueillir des tonneaux. Des sédiments ont été prélevés dans les structures archéologiques de ce secteur et leur tamisage permettra peut-être d'obtenir des informations précieuses : des pépins de raisins par exemple qui pourraient permettre l'identification de cépages. D'autres questions sont soulevées comme les volumes de production par exemple. Mais le scientifique indique toutefois que ces sujets restent difficiles à appréhender.

De nouvelles connaissances pour le territoire

Les archéologues se sont également concentrés sur la partie habitat de la villa (la pars urbana) où devait résider le propriétaire et sa famille. Des espaces avec davantage de confort et une architecture plus soignée. Si aucune mosaïque n'a été retrouvée ici, on note toutefois la présence de sols maçonnés, de murs recouverts d'enduits peints et d'un espace thermal. La partie d'habitat est par ailleurs séparée de la cour par une galerie couverte soutenue par des colonnes ; une colonne et un chapiteau ont d'ailleurs été retrouvés sur le site. La cour accueillait aussi un bassin d'agrément.

C'est ici que le dolium 
a été retrouvé. ©Inrap
Ces découvertes ont en tout cas permis d'apporter des connaissances supplémentaires quant à l'occupation du territoire autour de Montélimar à l'époque gallo-romaine et aux pratiques agricoles. « Cela nous permet par exemple de voir qu'on utilisait visiblement sur ce site des tonneaux pour le stockage du vin, et non pas des dolia (grosses jarres de stockage) comme dans les villas du sud de la Gaule », précise Jean-Marc Lurol.
Actuellement, un rapport est en cours de rédaction. Des spécialistes seront sollicités afin d'étudier toutes les données ainsi que tout le mobilier extrait de la fouille, tels les tessons de céramiques, les pièces de monnaie, les objets en métal, en os ou en verre. Autant d'éléments qui devraient permettent d'apporter des précisions sur la datation des découvertes et confirmer - ou abandonner - certaines hypothèses.

Aurélien Tournier

 

D'autres découvertes dans la Drôme

Ce n'est pas la première fois que l'Inrap mène des chantiers dans le département. Retour sur quelques découvertes, à Montélimar, Die, Valence et Sainte-Jalle.
Un site archéologique de l’âge du Bronze
Une fouille préventive avait été menée par l’Inrap rue du Bouquet à Montélimar. Le site avait mis au jour sur 8 000 m² un habitat occupé de l’âge du Bronze ancien à l’âge du Bronze final, soit environ huit siècles compris entre 2000 et 1200 avant notre ère. L’habitat était notamment composé d’au moins sept bâtiments, de palissades et de fossés d’enclos. Beaucoup d’éléments de la vie quotidienne de cette époque étaient aussi conservés. La fouille a permis de récolter plus de 15 000 objets : céramique, faune, outils lithiques et bronze.
Les Chasséens du Gournier
En 2012, l’Inrap mettait au jour des vestiges d’une occupation du Néolithique moyen chasséen, préalablement à l'agrandissement d'un bâtiment de l'entreprise Autajon, à Montélimar. Cette fouille s’est déroulée au sein du vaste site de plein air dit du Gournier. Entre 3950 et 3700 avant notre ère, une population de pasteurs-agriculteurs, les Chasséens, s’y installait régulièrement. Des lambeaux de sols de circulation, de nombreuses fosses, des foyers à pierres chauffées et de multiples vestiges d’activités rituelles avaient notamment été retrouvés.
A Die, une partie du cloître du XIIe siècle
Dans le cadre du réaménagement des abords de la cathédrale, une première tranche d’une fouille avait été menée durant l'hiver 2012-2013, place de la République. Ces investigations ont permis l’étude d’un îlot de maisons du XVIIe siècle ainsi qu’une petite partie du cloître du XIIe siècle.
Trente-quatre sépultures à Sainte-Jalle
Les abords de l’église Notre-Dame-de-Beauvert ont fait l’objet de plusieurs opérations archéologiques. Un suivi de travaux, réalisé en 1999 au nord de l’édifice, a permis la découverte de sept autels votifs antiques. Au début de l’année 2008, une fouille a mis au jour 34 sépultures des Xe-XIe siècles.
Un cimetière médiéval  à Valence
En février-mars 2015, dans le cadre du projet de construction d’un immeuble de logements entre le boulevard Félix Faure et la rue des Alpes, l’Inrap a réalisé la fouille d’une partie d’un cimetière du Moyen Âge central (XIe -XIIe siècles). Seule la limite nord-est du cimetière est connue, le site se prolongeant vers l’ouest et le sud sous les immeubles et la rue des Alpes.