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Santé

Une volonté d'offre de soins modernisée en milieu rural

Dans les Baronnies drômoises, zone rurale de moyenne montagne éloignée des services de soins spécialisés, tout est mis en œuvre pour maintenir une offre de soins de santé de qualité. Rencontre avec Hélène Sicard, directrice des hôpitaux de Nyons et Buis.
Une volonté d'offre de soins modernisée en milieu rural

En zone rurale, le bassin de vie du Nyonsais et des Baronnies qui regroupe les quatre anciens cantons de Nyons, Buis, Rémuzat et Séderon se caractérise par une population de faible densité et un habitat très dispersé (en dehors de Nyons et Buis) constitué de nombreux petits villages et hameaux. La démographie sur ces cantons, assez atypique par rapport au reste du département, se caractérise par une proportion importante de personnes âgées. 30 % de la population a plus de 60 ans. Et les plus de 75 ans représentent environ un sixième de la population. La grande majorité de ces personnes vivent encore à domicile et la politique de santé publique vise à les y maintenir le plus longtemps possible, répondant ainsi à une forte demande de celles-ci et de leurs familles.

Maintenir l'offre généraliste

Dans cette zone de moyenne montagne, les voies de circulation sont plus faciles à emprunter en été qu'en hiver et, en dehors de Nyons (bien desservie à l'intérieur par des navettes de car et à l'extérieur par des liaisons TER vers les principales gares des environs), les moyens de transport public ou collectif sont rares. Or l'offre de soins sur le territoire est essentiellement généraliste, les soins spécialisés sont, pour la plupart, situés dans la vallée du Rhône à l'Ouest (Avignon, Carpentras, Montélimar, Valence) ou sur la route Napoléon (Gap, Sisteron) à l'Est. L'éloignement des soins spécialisés et les difficultés de transport, aggravées par la faiblesse des revenus et des retraites d'une population essentiellement rurale, provoquent un inquiétant phénomène de renoncement à se faire soigner très supérieur à ce que l'on peut constater en milieu urbain.
Pour Hélène Sicard, à la tête du pôle de direction des hôpitaux de Nyons, Buis et du centre sanitaire et médico-social du pays Nyonsais-Baronnies, le renoncement aux soins constitue en matière de santé la problématique majeure à laquelle est confronté le territoire. « D'où l'importance du maintien de l'offre généraliste, à la fois des médecins généralistes libéraux qui sont essentiels pour assurer les parcours de soins, mais également des établissements de santé, de retraite et d'accompagnement, aussi petits soient-ils, qui organisent les filières. »

Les structures en place

Les deux hôpitaux publics de Nyons et Buis sont des établissements non spécialisés de proximité, offrant des soins ne nécessitant pas de plateau technique important. L'hôpital de Nyons, actuellement en cours de rénovation complète comporte un service de médecine de 10 lits, un service de soins de suite et de réadaptation de 25 lits et une maison de retraite (Ehpad « l'Ensouleïdo ») de 104 lits. Il dispose également d'un équipement de balnéothérapie avec un encadrement en kinésithérapie et orthopédie, ainsi qu'une salle de radiologie fonctionnant en télé-imagerie. Y est rattaché un foyer logement à Mirabel-aux-Baronnies (« Les Oliviers ») de 11 pavillons pour personnes âgées disposant d'un niveau d'autonomie élevé. L'hôpital de Nyons emploie environ 135 équivalents temps plein.
L'hôpital de Buis, dont la rénovation complète est également prévue à terme comporte un service de médecine, de soins de suite et de réadaptation de 17 lits, une maison de retraite (Ehpad) de 104 lits et une salle de radiologie fonctionnant en télé-imagerie. Y est rattaché un foyer logement (« Les Bleuets ») à Séderon de 11 pavillons pour personnes âgées disposant d'un niveau d'autonomie élevé. L'hôpital de Buis emploie quelque 140 équivalents temps plein.
Le centre sanitaire et médico-social du pays Nyonsais-Baronnies, qui emploie environ 75 équivalents temps plein, a trois services complémentaires : le CSI (centre de soins infirmiers) à Curnier, le SSIAD (service de soins infirmiers à domicile) et le SAAD (service d'aide et d'accompagnement à domicile) dans le Nyonsais.
L'offre de soins de ce territoire, outre médecins généralistes et professionnels paramédicaux libéraux, c'est aussi l'ATRIR de Nyons (établissement de santé privé associatif spécialisé dans les affections pulmonaires), les Ehpad « La Pousterle » (76 résidents et un foyer logement de 77 places) et « Moun Oustaou » (64 places), maisons de retraite privées associatives, non lucratives. C'est encore la Marpa (maison d'accueil rurale pour personnes âgées) de Rémuzat, foyer logement de 24 places géré par le MSA. Mais également le SSIAD (service de soins infirmiers à domicile) de Buis-les-Baronnies et Séderon, rattaché à l'hôpital de Buis. Le Resage 26 (réseau gérontologique Nyonsais-Baronnies), lui, vise à maintenir le plus longtemps possible dans leur domicile des personnes âgées dépendantes par l'intermédiaire d'une équipe pluridisciplinaire. A Nyons, il y a aussi le centre d'information et de coordination pour personnes âgées (Clic) du Nyonsais et des Baronnies. A noter encore, la maison de retraite de l'hôpital de Nyons et celle de Buis ont chacune un PASA (pôle d'activités et de soins adaptés) réservé aux personnes âgées désorientées (Alzheimer) résidentes. 

Alain Bosmans

 

Nyons et Buis : la rénovation des hôpitaux
A Nyons, la reconstruction complète de l'hôpital sur le site existant (périmètre classé monument historique) a débuté fin 2013. Une première tranche a été livrée début 2015. Elle concerne la partie nord de l’hôpital, où sont notamment regroupés des lits de soins de suite et de réadaptation (SSR) et le bureau des entrées. Les travaux ont duré une année, pendant laquelle des structures modulaires ont été installées pour pallier au manque de place. La deuxième tranche (prévue sur 18 mois) sera le désamiantage et la remise à neuf du bâtiment sud (datant de 1960). La troisième tranche (jusqu'en 2018) portera sur la partie centrale (bâtiment étant conservé mais complètement réaménagé). Le coût total de l’opération est de 21 millions d’euros, subventionné par l’Etat, la Région, le Département et une participation communale de 800 000 euros. 150 chambres se répartiront alors entre l’hôpital, la maison de retraite et les services rattachés.
Au Buis, les choses sont moins avancées. Le programme de reconstruction est en cours d’élaboration et le plan pluriannuel de financement (plus de 20 millions d’euros) est encore à établir. Hélène Sicard et son équipe de direction, qui y travaillent d’arrache-pied, sont pourtant optimistes : « L’hôpital de Buis se construira, je n’ai pas de doute ; le Département comme l’ARS sont convaincus de l’importance de son existence et de son utilité. Reste à savoir quand ? Nous espérons pouvoir boucler son financement courant 2018 et entamer alors des travaux, qui dureront six ans, sans jamais avoir à fermer les services de l’établissement. »

 

 

Les hôpitaux de Nyons et Buis ont mis en place un service de téléradiologie en partenariat avec le centre hospitalier de Valence.

Un service de téléradiologie

Hélène Sicard dans la salle de radiologie de l’hôpital de Nyons.

Afin d’offrir à la population des soins de qualité et de proximité, les hôpitaux de Nyons et de Buis généralisent l'utilisation de nouvelles technologies de l'information et de la communication. En matière de radiologie, depuis juin 2012 un service de téléradiologie a été mis en place en partenariat avec le centre hospitalier de Valence. Des clichés classiques de radiologie sont réalisés par une opératrice intervenant alternativement un jour sur deux dans les hôpitaux de Nyons et Buis. Ils sont immédiatement téléchargés à Valence où un radiologue les consulte, les analyse et communique les résultats au médecin traitant avec lequel il peut dialoguer. Depuis son ouverture, précise Hélène Sicard, ce service de télé-imagerie a permis un développement de l'ordre de 30 à 40 % de cette activité. Un investissement réalisé par l'ARS mais non remboursé par la sécurité sociale.
De façon plus classique, les nouvelles technologies de l’informatique sont utilisées dans les centres de santé publique des Baronnies. A l’hôpital de Buis toutes les chambres ont désormais un accès à internet par wifi et l’administration utilise un réseau professionnel très protégé. Il en sera de même à Nyons dans les nouveaux bâtiments. A Curnier, le pôle sanitaire et médico-social développe la télégestion des soins à domicile avec l’utilisation de téléphone « intelligent » et de logiciel d’accès distant. Un service en voie de généralisation pour les SSIAD de Nyons, Buis et Séderon. 
A. B.