Valence, un port de commerce multimodal

Les berges du Rhône, qui font partie du domaine public, sont concédées par l'Etat à la CNR (Compagnie nationale du Rhône). Producteur d'hydroélectricité, celle-ci a aussi pour vocation le développement de la navigation et de zones portuaires, l'irrigation et d'autres usages agricoles. Le long du fleuve, entre Lyon et la Méditerranée, elle a implanté 18 sites portuaires dont celui de Valence, concédé à la CCI (chambre de commerce et d'industrie) de la Drôme.
Une nouvelle usine va s'installer
Le port de commerce de Valence (situé en fait sur la commune de Portes-lès-Valence) a été créé en 1978 à l'initiative de la CCI de la Drôme, qui le gère depuis. Le contrat de concession arrivera à son terme en 2023. Mais « des discussions sont en cours pour sa prorogation, a expliqué le président de la CCI, Alain Guibert, à des chefs d'entreprises invités à découvrir les installations du port, le 7 juin. L'objectif est de poursuivre le développement de l'activité du port. » Une particularité, c'est l'un des rares sites portuaires à avoir une offre foncière : « il reste encore des surfaces commercialisables ». La dernière tranche d'aménagement se situe dans sa partie nord, où va d'ailleurs s'installer une usine de broyage de ciment, Rhône ciments, a-t-il été annoncé ce jour-là. Elle sera implantée au bord du Rhône, entre le port de commerce et le pont des Lônes, et devrait entrer en activité en juillet 2020.
300 mètres de quai fluvial
Plateforme multimodale, le port de commerce de Valence offre la possibilité de combiner transport fluvial, ferroviaire et routier. La CCI y propose des services et prestations (manutention, stockage, préparation de commandes) destinés aux entreprises. Sept salariés sont employés sur le port, dont deux grutiers. Parmi les installations, un quai fluvial de 300 mètres de long. Dessus, est installée une grue (acquise en 2015) portant jusqu'à 80 tonnes au crochet (17 mètres de haut). Elle peut être équipées d'un palonnier, d'un spreader (pour les conteneurs), d'une pince vrac. Avec, peuvent être déchargés vrac (environ 500 tonnes par heure), bigs bags, conteneurs. A côté, se trouve un appontement couvert avec pont roulant de huit tonnes de levage, historiquement dédié aux céréales. Sur le port, la CCI a aussi des silos, aujourd'hui gérés par la coopérative Drômoise de céréales (voir ci-...).
11 hectares dédiés aux conteneurs
Une plateforme de 11 hectares est dédiée à l'activité conteneurs, avec une zone pour ceux vides et une autre pour les pleins sous IST (douanes). Jusqu'à 350 conteneurs peuvent y être stockés (environ 500 EVP*) sur trois rangs de haut. Le port est équipé de deux stackers (tracteurs) manipulant en moyenne 6 000 à 7 000 conteneurs par an (principalement pour la plateforme logistique de l'enseigne de bricolage Leroy Merlin).
4 kilomètres de voies ferrées
La zone portuaire gérée par la CCI est directement reliée à la gare de triage de Portes-lès-Valence par quatre kilomètres de voies ferrées. Sur son quai, le port peut accueillir 90 wagons. Il propose des prestations de transbordement fleuve-fer-route ainsi que de nettoyage de wagons pour la SNCF (une zone leur est réservée). Il dispose aussi d'entrepôts, d'une zone de stockage pour le vrac (sel de carrière provenant d'Espagne destiné au déneigement, sel de mer des Salins du Midi, argile...). Sur une autre se trouve du ballast... Par ailleurs, des séchoirs à bois (mis en place après la tempête de 1999 pour traitement par étuvage) ont été reconditionnés en cellules de stockage fermées (actuellement occupées à 100 %).
Annie Laurie
* EVP : équivalent vingt pieds, unité de mesure pour calculer un volume de conteneurs.
La CDC gère les silos du port

« Pour nous, ces silos sont primordiaux car on est sur voie d'eau, confie Alain Daussan. En années normales, quand on a des marchés sur la Méditerranée, 100 % de nos céréales entrant en camions au port en ressortent par bateaux. Ce n'est pas le cas en 2018-2019, en raison de la faible récolte et de la concurrence des céréales de la Mer noire sur les marchés méditerranéens. »
Au port de commerce de Valence, la CDC peut embarquer ses céréales sur des barges fluviales qui descendent jusqu'aux ports de la Méditerranée pour charger des bateaux de mer. Mais aussi sur des coasters (petits bateaux fluviaux-maritimes de 1 500 t de capacité) qui remontent le Rhône jusqu'à Lyon et peuvent prendre la mer. Le transport fluvial à un intérêt en termes d'impact carbone, que souligne Alain Daussan : « Une barge transportant 1 200 t de tourteaux, c'est 40 camions de moins sur la route. Pour un convoi de barges, cela peut être le double ».A. L.