Accès au contenu
Production de semences

Valgrain s'apprête à vivre une année 2017 difficile

L'annonce de la forte baisse, en 2017, des surfaces contractualisées en maïs semence a occupé une bonne partie des débats de l'assemblée générale de Valgrain.
Valgrain s'apprête à vivre une année 2017 difficile

Pour les producteurs de maïs semence, l'annonce par Limagrain du prochain plan de production de Valgrain est un coup dur. En 2017, les surfaces contractualisées vont baisser de 30 % par rapport à 2016. Soit 700 hectares (ha) prévus contre 1 020 cette année. En tournesol semence, les surfaces en contrat vont augmenter de 20 % (900 ha en 2017 contre 730 en 2016). Toutefois, cela se traduira par une baisse de 5 % en rapport aux surfaces de référence. « Nous devons tenir compte du marché, a expliqué Jean-Yves Marrec, directeur de Valgrain, lors de l'assemblée générale de la coopérative, le 15 décembre à Valaurie. Et nous devons aussi prendre en compte la répartition du plan de production sur les différentes zones, de l'est et de l'ouest. » Au global, Limagrain diminuera de 20 % sa production de maïs semence et augmentera de 35 % celle de tournesol semence. « Nous avons essayé d'avoir un plan de production équilibré », a ajouté Jean-Yves Marrec, sans vraiment convaincre l'auditoire.

« Remonter à 1 000 hectares »

A la tribune de l'assemblée générale de Valgrain : Anne-Claire Vial (secrétaire générale de l'AGPM et présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme), Laurent Bourdil (président de l'Anamso), Pascal Viguier (vice-président de Limagrain Europe), Philippe Almoric (président de Valgrain), Jean-Yves Marrec (directeur de Valgrain), Michel Prévost (responsable de production à Valgrain).
© Journal L'Agriculture Drômoise

« Lorsque nous avons appris la nouvelle, cela a été une douche froide pour le conseil d'administration, a confié Philippe Almoric, président de Valgrain. On ne s'attendait pas à une baisse aussi forte en maïs semence. » Des rencontres ont eu lieu avec les responsables de Limagrain Europe pour tenter de comprendre cette décision. Ces derniers ont notamment pointé le coût de production, plus élevé chez Valgrain. Les responsables de la coopérative drômoise ont fait valoir leur spécificité. « En termes de coût de production, nous n'avons pas à rougir, a rétorqué Stéphane Desrieux, président de la fédération régionale des producteurs de semences de maïs et sorgho. Nous sommes similaires à d'autres régions, sauf sur le critère de l'irrigation. Mais c'est une garantie de production. » Par ailleurs, il a dénoncé les évolutions de surfaces à la baisse depuis quatre à cinq ans. « Mais qu'est-ce qu'on vous a fait ? », a-t-il lâché à l'adresse des responsables de Limagrain. Considérant la pérennité des exploitations, des emplois et des investissements d'irrigation, il a demandé à Limagrain de « remonter à 1 000 ha en maïs semence ». Un souhait bien évidemment porté par le président de Valgrain, « sans pour autant brader nos prix, a-t-il mis en garde. Des prix qui doivent être équitables entre producteurs et obtenteurs. »

Un critère de performance

Quoi qu'il en soit, et sans attendre les résultats d'une possible renégociation, les administrateurs de Valgrain ont d'ores et déjà validé les calculs de surfaces. A été pris en compte un critère de performance. L'objectif est de responsabiliser l'ensemble des multiplicateurs afin de pouvoir réduire les coûts de production. « Ce n'est pas pour pénaliser des producteurs mais bien pour améliorer les performances au bénéfice de tous les coopérateurs de Valgrain », a justifié Philippe Almoric. Est désormais appliqué un coefficient de productivité. Ainsi, par exemple, si la performance des trois dernières années est inférieure à 90 % des cibles (hors aléas exceptionnels), une réfaction de 20 % est appliquée à la surface de référence du producteur concerné (30 % pour une performance inférieure à 80 %).
Lors de cette assemblée générale, un point a également été fait sur le déroulement de la saison 2016. Avec des conditions climatiques marquées notamment par la sécheresse, « nous avons vécu une campagne atypique, a fait remarquer Michel Prévost, responsable de production à Valgrain. Mais les "doses" ont été au rendez-vous malgré la grande hétérogénéité des productions et une gestion compliquée de l'irrigation. » En maïs semence, Valgrain a produit 1 144 ha (dont 1 021 d'hybrides commerciaux). Les résultats techniques (105 %) et économiques (106 %) ont été bons. En tournesol semence, plus de 797 ha ont été cultivés (dont 731 d'hybrides commerciaux), là encore avec de bons résultats. « 2016 a été une bonne année », a déclaré Philippe Almoric. Le bilan économique de la coopérative est dans la suite des précédentes années. Espérons que les chiffres ne varieront pas trop en 2017. »

Christophe Ledoux

Analyse / A l'assemblée générale de Valgrain, Anne-Claire Vial, secrétaire générale de l'AGPM*, a présenté la conjoncture et les perspectives de la filière maïs semence.

« Ne pas détricoter la filière maïs semence »

Les stocks de maïs semences restent élevés au sein de l'Union européenne (UE), « et même très élevés depuis 2014-2015 », a indiqué Anne-Claire Vial, secrétaire générale de l'AGPM. Ils atteignent 80 % des utilisations. D'où la décision en 2017 de baisser les plans de production en réajustant de 25 % les surfaces de multiplication. « Un chiffre que l'AGPM juge excessif », a-t-elle indiqué. La France a perdu 29 000 ha en deux ans. « On paie un lourd tribu à la gestion européenne des stocks », a-t-elle considéré.
« Continuer dans la voie de la grande technicité »
D'après une étude sur l'évolution du réseau de producteurs, l'âge moyen d'un multiplicateur de maïs semence est de 49 ans (contre 57 ans pour l'ensemble des agriculteurs). La surface moyenne, elle, est de 19 ha. Et dans plus d'un quart des exploitations, la part du maïs semence atteint 50 % du chiffre d'affaires. « Cette production permet à des exploitations de petite taille de se maintenir », a fait remarquer Anne-Claire Vial. Avec pour principaux concurrents la Hongrie et la Roumanie, « la meilleure façon pour les producteurs français de se distinguer est de continuer dans la voie de la grande technicité », a-t-elle considéré. Estimant que les besoins en céréales dans le monde vont croître fortement, « notre vocation est le marché de l'UE, a-t-elle indiqué. Notre climat tempéré, nos équipements d'irrigation et nos savoir-faire sont des atouts. »
Annonçant une année 2017 difficile, « il ne faut pas détricoter la filière afin d'éviter ce qui s'est passé en lait de vache, a-t-elle prévenu. Il faut bien négocier avec les obtenteurs. »
C. L.
* AGPM : association générale des producteurs de maïs.

 

Semences /

Un marché mondial sous pression

« En valeur du marché mondial global des semences, c'est la première année de baisse en douze ans, a fait observer Pascal Viguier, vice-président de Limagrain. Un marché qui n'est plus en phase de croissance. » D'où la modification du paysage des entreprises (rachat de Monsanto par Bayer, de Syngenta par ChemChina...).Au sein de l'Union européenne, le nombre de doses produites a baissé de deux millions en quatre ans, principalement à l'ouest. Malgré ce contexte, « Limagrain a maintenu ses positions en 2016 en Europe. »