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COOPÉRATIVE

Valsud choisit d'unir son destin à Agrial

Lors d'une assemblée générale extraordinaire, les adhérents de Valsud ont choisi de rejoindre à une large majorité le groupe coopératif Agrial, dont le siège est implanté à Caen.
Valsud choisit d'unir son destin à Agrial

De nombreux adhérents de la coopérative laitière Valsud étaient réunis en assemblée générale, le 17 mai à Vaunaveys-la-Rochette. Figuraient également dans les rangs des représentants de différents organismes, Eurial et Agrial bien sûr, mais aussi de la Chambre d'agriculture de la Drôme ou encore du Crédit Agricole. Il faut dire que ce rendez-vous revêtait un caractère particulier. Lors de l'assemblée générale ordinaire, les traditionnels rapports d'activité et financier ont été évoqués. Puis, les producteurs ont été amenés à se prononcer sur le devenir de leur coopérative laitière. Un moment historique. Lors d'une assemblée générale extraordinaire, ils ont alors choisi de rejoindre à une large majorité le groupe coopératif Agrial, dont le siège est implanté à Caen (Calvados).

Le 18 mai à Vaunaveys-la-Rochette, Xavier Goy (président de Valsud) et les représentants d'Eurial et Agrial se sont félicités de la décision de fusion adoptée en assemblée générale extraordinaire.

Un prix du lait de chèvre en hausse

Xavier Goy, président de la coopérative Valsud, a balayé en premier lieu les chiffres « encourageants » concernant le prix du lait de chèvre. Le prix de base en 2015 a augmenté de 7 euros pour 1 000 litres. Sur la même période, une prime de 12 euros a été créée pour les producteurs AOP respectant le cahier des charges lait cru d'Eurial. Une prime qui passera à 15 euros au 1er juillet. Des données qui selon lui montrent que le « rapprochement avec Eurial a été positif et que les exploitations peuvent avoir confiance dans l'avenir ». Toutefois, Eurial manque de lait de chèvre, notamment pour sa marque Soignon, dont les fromages sont exclusivement élaborés avec du lait français. Certains clients en font aussi spécifiquement la demande, dont la chaîne de restauration rapide McDonald's par exemple.

Installation et agrandissement

Un plan de relance de la production a donc été finalisé par la commission caprine d'Eurial. Pour y parvenir, des aides au développement sont mises en place. Quatre projets d'installation sont en cours et six agrandissements pour des demandes de références supplémentaires de 100 000 à 250 000 litres chacune. Des chiffres intéressants là encore mais à peine suffisant pour compenser les arrêts : depuis le début de l'année 2016, seul 1 % de hausse de collecte a été constaté. La coopérative recherche également de nouveaux producteurs pour le picodon AOP. Ce fromage régional ne cesse de progresser, bien que la filière soit en pleine mutation avec le passage au lait cru et l'application du nouveau cahier des charges de l'appellation en 2017. D'autres projets sont en cours, telle une pépinière d'élevage de chevrettes. Celle-ci a vu le jour à Châtuzange-le-Goubet avec l'aide de la société Chevrettes de France. Les premières sont arrivées. Il devrait y en avoir près de 400, déssaisonnées.
Dernier chiffre, et non des moindres, le résultat 2015 : 4 702 euros. De quoi verser une ristourne chevreaux de 0,50 euro par animal livré en 2015. Le capital social des éleveurs a également été revalorisé pour 40 462 euros. L'opération a consisté à réévaluer le capital de chaque sociétaire en lui appliquant le barème des rentes viagères. Une revalorisation qui utilise les réserves libres de la coopérative et qui peut permettre aux adhérents de rejoindre plus rapidement les critères de souscription de la coopérative Agrial, estimée à 7 % du chiffre d'affaires de l'exploitation.

Nouvelle gouvernance à venir

En assemblée générale extraordinaire, c'est à une large majorité que le souhait de rejoindre Agrial a été prononcé par les adhérents de Valsud. « La grande incertitude, c'était le quorum. Nous avons 98 adhérents, il fallait que les deux tiers soient représentés », témoigne Xavier Goy. Après avoir fusionné les activités industrielles d'Eurial et d'Agrial en novembre dernier, la fusion « amont » est ainsi en passe d'être achevée. L'ensemble des coopératives d'Eurial sont amenées à se prononcer sur cette fusion d'ici le 26 mai. Au sein du groupe Agrial, une nouvelle région - baptisée « Alpes Sud-Est » - sera ainsi créée pour gérer les activités de la coopérative. Au total, 138 producteurs - répartis dans les départements rhônalpins, ainsi qu'en Saône-et-Loire - travailleront pour la branche lait du groupe normand. L'antenne régionale sera basée à Givors (Rhône). Concrètement, différentes instances - territoire et métiers - vont être mises en place afin que les sociétaires puissent faire entendre leurs voix. Xavier Goy prendra d'ailleurs la vice-présidence de la région Alpes Sud-Est.
Ce rapprochement, fruit d'un travail entrepris depuis plus d'un an, vise notamment à sécuriser les débouchés des producteurs et renforcer la compétitivité tant à l'amont qu'à l'aval. « Nous voulons être un groupe laitier puissant et un acteur de la transformation, pour mieux valoriser notre territoire », a précisé Arnaud Degoulet, président de la coopérative Agrial depuis 2012.

De multiples questions

Dans la salle, les coopérateurs n'ont pas hésité à poser des questions. « Que va devenir la prime contrôle laitier ? », a demandé l'un. « Que vont devenir les techniciens ? », a questionné un autre. La prime au contrôle laitier fera l'objet de discussions. L'ensemble du personnel sera par ailleurs repris. « Si nous nous investissons dans ces groupes, serons-nous indemnisés ? Nous sommes seuls à l'exploitation », soulignait-on encore. Il est vrai que Crest et Nantes (siège d'Eurial) voire Caen ne sont pas proches. Des interrogations légitimes pour Arnaud Degoulet, président du groupe Agrial depuis 2012. Tout au long de la réunion, lui et ses équipes n'ont eu de cesse de rassurer les exploitants.
La fusion sera effective au 1er octobre prochain. Si l'autorité de la concurrence a d'ores et déjà donné son feu vert le 19 avril dernier, les coopérateurs d'Agrial seront aussi amenés à se pencher sur ce traité de fusion. Leur assemblée générale est fixée le 27 mai prochain, à Rennes. 
Aurélien Tournier

 

Agrial  en quelques chiffres
Chiffre d'affaires 2015 : 4,8 milliards d'euros, + 13 % par rapport à 2014.
Près de 37 % de ce dernier concerne le lait.
12 000 adhérents.
21 000 collaborateurs.  

 

Le point de vue de Xavier Goy

Au terme des deux assemblées, ordinaire et extraordinaire, le président de Valsud s'est dit « fier » du vote de ses adhérents. « Cette fusion va bien sûr remettre en cause le fonctionnement. La coopérative Agrial voit quant à elle son champ d'activités s'élargir. Elle va se positionner sur le lait de chèvre. Avec l'arrivée de la fromagerie Guilloteau, nous n'avons pas à rougir des autres régions. C'est un vrai challenge, nous allons pouvoir fournir une meilleure valorisation pour l'éleveur et leur apporter un savoir-faire, sur les intrants par exemple... »