Variétés de cerises : des promesses et des confirmations
Plusieurs variétés de cerises ont été étudiées sur le verger expérimental de la chambre d’agriculture à Saint-Laurent-d’Agny (Rhône) dans le cadre du réseau de la station expérimentale fruits Rhône-Alpes (Sefra). Voici les résultats des observations 2022.

Du créneau précoce au créneau tardif, quelles sont les variétés de cerise qui présentent les meilleures qualités (calibre, productivité, résistance à l’éclatement…) ? Au verger expérimental de Saint-Laurent-d’Agny (69), les variétés ancestrales et futures non encore exploitées sont observées à la loupe par les conseillers arboriculture de la chambre d’agriculture du Rhône. Le 23 juin, ils présentaient aux arboriculteurs, metteurs en marché et pépiniéristes les variétés étudiées au verger dans le cadre du réseau expérimental de la station expérimentale fruits Rhône-Alpes (Sefra). Plusieurs variétés sortent du lot, pour autant Christophe Gratadour, responsable de l’équipe arboriculture et maraîchage, met en garde : « Beaucoup de variétés sont dans leurs premières années d’observations. Qu’elles nous paraissent prometteuses ou non, les résultats demandent à être confirmées sur plusieurs campagnes, notamment vis-à-vis de la sensibilité à l’éclatement que le manque de précipitations sur ce printemps n’a pas permis d’évaluer. L’exposition variétale de l’an prochain sera très instructive. »
El capitan à confirmer
Parmi ces nouvelles variétés, El capitan (Star Fruits) dans le créneau burlat + 6 jours, semble tirer son épingle du jeu. « Elle est dans sa première année d’observation », précise d’entrée de jeu Christophe Gratadour. En revanche, elle coche toutes les cases. En effet, pour la récolte 2022, El capitan affiche plus de 76 % de fruits avec un calibre supérieur ou égal à 26 mm. Cette variété a une très belle fermeté (Durofel : 82). Sur le plan gustatif, El capitan ravira les palais les plus exigeants avec notamment un joli taux de sucre de 17,2. En 2022, pour sa première année de récolte, il a été enregistré une production de près de 7 kg par arbre et un rendement de 2,9 tonnes par hectare.
Babelle, une confirmation
Variété connue des arboriculteurs, Babelle (CEP innovation) confirme cette année encore sa place dans les vergers. Bonne alternative à Belge (créneau burlat + 20 jours), cette variété autofertile est facile à ramasser et présente une productivité importante (un peu plus de 42 t/ha en 2022). « C’est le record du verger cette année. Ce qui est intéressant, c’est que cette productivité est régulière. En revanche, il faut être attentif à la taille, notamment en gobelet, pour conserver son potentiel en calibre. En 2022, 83 % des fruits étaient de calibre égal ou supérieur à 26 mm et 50 % de 28 mm », souligne Christophe Gratadour. Très peu sensible à l’éclatement, elle présente de très bonnes qualités gustatives avec un taux de sucre de 13,7. Babelle a toutefois une faiblesse sur le plan de la fermeté (Durofel : 56).
Balrine, sur les pas de sa grande sœur
Dans un créneau plus tardif, la petite sœur de Babelle, Balrine, est également une variété à retenir. « Nous avons huit années d’observation derrière nous. Elle présente une belle fermeté (Durofel 64 en 2022) et un potentiel calibre intéressant. En effet, pour cette récolte, 93 % des fruits ont enregistré un calibre supérieur ou égal à 26 mm », observe le responsable de l’équipe arboriculture et maraîchage. En 2022, la production s’élève à 21,38 kg/arbre, le rendement à 8,9 t/ha. Si elle a de nombreux atouts, Balrine est réellement sensible à l’éclatement. « En 2022, nous avons enregistré un taux d’éclatement de 7 % par rapport au potentiel. En 2021, année pluvieuse, nous avions atteint 31 %. Balrine est une variété qui doit être couverte », poursuit Christophe Gratadour. Sur le plan gustatif, elle remporte tous les suffrages avec un taux de sucre de 18,4. Elle doit être également pollinisée avec deux variétés pour assurer un rendement régulier.
Denfer dans le sillon de summit
Également connue des arboriculteurs, Denfer (CEP innovation), dans le créneau Summit, présente un bon potentiel calibre. En effet, en 2021, 92 % des fruits avaient un calibre égal ou supérieur à 26 mm dont 59 % à 28 mm. Elle semble être peu sensible à l’éclatement. La récolte 2022 a été marquée par une présence accrue de la mouche sur Denfer. « Le rendement a dû être estimé », précise le conseiller de la chambre d’agriculture. Ainsi, en 2022, une production de 21,9 kg par arbre a été présentée pour un rendement de 9,1 t/ha. Denfer présente de belles qualités gustatives et un taux de sucre de 16,5. En revanche, elle pêche sur la fermeté avec un Durofel 55, mais sans doute liée pour 2022 aux conditions de récolte, en pleine canicule.
Marie-Cécile Seigle-Buyat
Gel, grêle, drosophila et oiseaux
Plusieurs facteurs exogènes ont compromis la récolte 2022 sur le verger expérimental de Saint-Laurent-d’Agny. En effet, pendant la floraison, du 2 au 5 avril et le 10 avril, les cerisiers ont subi de petites gelées. La grêle a également frappé le verger le 23 mai.
Par ailleurs, si les humains sont friands des petits joyaux rouges, étourneaux, merles et drosophila suzukii apprécient également les cerises. Autant de facteurs à prendre en compte dans l’interprétation des résultats d’expérimentations.
Verger de démonstration : Protection intégrale

La variété la plus tardive, Staccato, n’était pas encore récoltée le 23 juin. Toujours accrochées à leurs arbres, ces cerises pouvaient compter sur une protection intégrale notamment contre la drosophila suzukii. En effet, sur le verger de démonstration, né sous l’impulsion de la chambre d’agriculture du Rhône, l’Afrel (association fruits Rhône et Loire), Sicoly, Califruit, Fruits Plus et la station d’expérimentation fruits Rhône-Alpes (Sefra), un essai d’un filet insect-proof d’un seul tenant est conduit. En clair, sur la mono-parcelle [pour rappel : une partie du verger est conduit en système mono-parcelle et l’autre partie en système mono-rang], un seul filet a été installé autour et au-dessus des arbres. Alors que sur la partie mono-rang, chaque arbre est protégé. Confort de travail, humidité, conséquences sur les arbres et les fruits et bien évidemment efficacité des systèmes sont observés. Résultats en fin d’été.