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APICULTURE

Varroa, la pression monte !

La situation sanitaire des ruches vis-à-vis de l’infestation en varroa est très préoccupante. C’est face à ce constat que les acteurs sanitaires apicoles de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont organisé, le 10 mars, une journée d’informations à destination de tous les apiculteurs. Pour les 300 participants, l’objectif était d’apporter un maximum d’informations et un appui pour tous.
Varroa, la pression monte !

«Il n'y a pas une solution unique, mais un panel d'actions à mettre en place dans le rucher, selon ses caractéristiques, sa situation, son niveau d'infestation, son parcours technique, les pratiques de l'apiculteur... ». C'est le message qu'ont transmis l'ensemble des intervenants. Et c'est là que réside toute la difficulté. Contre varroa, c'est sûr, il faut agir. Mais ce qui marche à un endroit ne marche pas forcément ailleurs. Chacun doit s'adapter et trouver des solutions individuelles en utilisant les outils qui existent. L'objectif aujourd'hui est bien de faire baisser la pression et non plus d'éradiquer. « Ce parasite est là depuis vingt ans maintenant, et il faut vivre avec et trouver un équilibre acceptable dans son rucher », a indiqué au préalable Fanny Mondet, chercheur à l'Inrae d'Avignon.
Varroa et virus, les indissociables
La présence du parasite et son évolution dans le rucher vont de pair avec la présence des virus. « C'est aujourd'hui une évidence, rappelle Fanny Mondet. Plus le niveau d'infestation est élevé, plus les charges virales de la colonie sont importantes. On passe ainsi d'une relation bilatérale entre hôte et parasite à une relation triangulaire : hôte, parasite et virus. »
Mais la courbe ne s'inverse malheureusement pas lorsque la pression de varroa chute. La maladie, une fois installée, reste bien présente dans le rucher, conséquence de la mise en place d'un traitement tardif au cours de la saison. Il faut donc maîtriser la population parasitaire, tout au long de l'année.
La sélection comme perspective
La recherche avance dans la lutte contre l'acarien ! Des pistes sont étudiées par la chercheuse et son équipe, en particulier du côté de la sélection d'abeilles sur leur capacité de survie au varroa : réponses comportementales VSH (varroa sensitive hygiène) ou SMR (suppressed mite reproduction) notamment. Les premières se traduisant par la détection et la désoperculassion des alvéoles infestées par les abeilles adultes et les secondes par des capacités que possède la colonie à empêcher la reproduction du parasite. Ces caractères restent néanmoins très difficiles à mesurer et de nouveaux outils d'évaluation de la résistance, utilisables par la filière, sont actuellement à l'étude.
Les objectifs de la lutte
Prémila Constantin, vétérinaire à la fédération régionale des groupements de défense sanitaire (FRGDS) Auvergne- Rhône-Alpes, rappelle les mesures qui font consensus dans la lutte contre ce parasite : « un traitement estival, au plus tôt après la dernière miellée, afin de faire baisser vite et fort la quantité de varroa dans les colonies avant la ponte du couvain d'abeilles d'hiver ». Malheureusement, à ce jour, un seul traitement systématique ne suffit plus et doit être associé à un traitement complémentaire hivernal. La mise en place de mesures permettant de freiner le développement de la population parasitaire, tout au long de l'année, présente un réel intérêt. « La lutte contre varroa doit s'adapter, se raisonner », conclut-elle.
Le suivi d'infestation
Chacun s'accorde à dire aussi qu'il est indispensable de suivre le niveau d'infestation dans son rucher. Plusieurs techniques existent, comme le comptage de chute naturelle, le comptage au détergent, au sucre glace ou au CO2, chacun ayant leurs avantages et inconvénients. A l'apiculteur de choisir donc, sachant que toutes sont facilement accessibles. Elles ont été décrites par Prémila Constantin et Théo Pouderoux, technicien à l'association départementale pour l'apiculture (ADA), qui mènent chacun des suivis d'infestation dans leurs structures respectives et incitent les apiculteurs à compter, à certaines périodes clés de la saison apicole. L'intérêt est aussi de compter collectivement afin d'alimenter les bases de données et permettre la détermination d'indicateurs.
Acaricides et résistances potentielles
L'automne 2019 a été marqué par des difficultés dans la gestion du parasite, sur le territoire régional. Théo Pouderoux et Philippe Noireterre, vétérinaire membre du groupement technique vétérinaire (GTV ) Auvergne-Rhône-Alpes, ont ainsi illustré un cas de suspicion de défaut d'efficacité de traitement constaté fin septembre. « Des mesures de rattrapage ont alors été mises en place, en concertation avec l'apiculteur, ce qui a permis de limiter les pertes et souligné l'intérêt des suivis d'infestation pour détecter précocement une anomalie et réagir à temps », témoigne Philippe Noireterre. Des tests de sensibilité des varroas à l'amitraz et au tau-fluvalinate ont été entrepris. Ils ont permis de montrer que la population de varroas prélevée était résistante à l'amitraz. Une déclaration en pharmacovigilance étayée sur des données concrètes a ainsi été réalisée. Gabrielle Almecija, doctorante chez Apinov, a également souligné que les résultats des tests conduits sur la région cet automne ont confirmé la présence de populations de varroas sensibles et résistantes. Elle a également alerté l'auditoire sur le fait que les données présentées concernaient majoritairement des apiculteurs ayant des difficultés de traitement avec l'amitraz, ce qui a pour effet de surestimer, dans une certaine mesure, l'importance de ces populations résistantes. 
Prémila Constantin, vétérinaire FRGDS Aura